Et si on reparlait encore d'école à la maison / d'IEF ce soir ?

Aujourd'hui, j'ai envie de parler de toutes les critiques qu'on nous adresse personnellement quand on fait l'école à la maison, alors qu'on a rien demandé à personne.

Thread.

Déjà, faut savoir un truc.
Que ce soit quand on songe à faire l'école à la maison, au moment où on annonce la décision, qu'on fasse déjà l'école à la maison ou qu'on ait fait l'école à la maison : partout, tout le temps, on va chercher à t'expliquer que ton choix est mauvais.

On va te dire que faire l'école à la maison, c'est isoler son enfant, l'empêcher d'avoir des d'ami·es ( #SocIAliSaTiOn), le surprotéger, sans oublier que "l'école à la maison, ce n'est pas la « vraie vie »".
On te fait douter : supporter son enfant H24 enfin, t'es pas bien?!

(exemple véridique)

Ça, c'est ce qu'on te dit dans la face.
Dans le dos, et partout où tu liras sur l'école à la maison, tu auras le droit à : l'école à la maison, c'est la porte ouverte aux dérives sectaires, aux enfants qui ne voient pas l'extérieur, ça donne des enfants inadaptés et désocialisés.

(liste non exhaustive)

Sans compter que, tu comprends, l'école à la maison, c'est bien utile pour les parents qui veulent cacher aux enfants les cours sur la reproduction et les organes génitaux

(vous savez pour éviter les fameux cours d'éducation sexuelle que vous avez à l'école #ahah)

(ironie)

Et les embobiner dans des pratiques religieuses cheloues.

(parce que c'est connu, des enfants élevés par des familles hyper religieuses, à l'école, il n'y a en a pas, car l'école les sauve tous)

Bref, quand tu fais l'école à la maison, c'est toujours la même ritournelle qui revient.
Tou-jours.

Et pourquoi ce sont des mauvaises critiques ?
Je t'explique.

TL;TR : les critiques formulées à l'encontre de l'école à la maison se basent sur des stéréotypes qui sont souvent très éloignés de la réalité des pratiques et montrent une réelle méconnaissance de la réalité de l'instruction en famille.

Je vais surtout m'attarder sur le terrible sujet qui est sans cesse brandit comme s'il allait réduire instantanément en poussière les familles instruisant à domicile : la sacro sainte question de la SOCIALISATION

(oui JE CRIE, et VOUS ALLEZ FAIRE QUOI)

Mais avant toute chose soyons clairs : la plupart des critiques émises contre l'IEF n'ont AUCUNE vocation à être constructives.

Car les gens, surtout les - bien informés, ont un besoin irrépressible de donner leur avis sur tout et surtout sur ce qu'ils ne connaissent pas.

Du coup, tomber dans une discussion où on débat de l'école à la maison avec des personnes qui sont contre (même si tu sais pas bien pourquoi), je déconseille : ça ne sert à rien, à part perdre de l'énergie pour rien. Personne n'évoluera.
Conseil d'ami·e.

Bref, la socialisation !!!

C'est tellement une préoccupation, style grande cause nationale de l'IEF limite, que c'est aussi souvent la première question que se posent les parents qui veulent non-scolariser leur enfant .

Mais comment je vais m'assurer que mon enfant en voit d'autres ? Comment vous (autres familles) faites pour que votre/vos (j'utilise le singulier par praticité mais ça peut être plusieurs enfants) enfants ne s'ennuient pas des autres de leur âge ? Quel genre d'activités pour ça ?

Du coup, y'a toute une panoplie d'options.

Activités sportives, culturelles, associations, rencontres organisées avec des ami·es, vie quotidienne (ben oui, sortir, tout ça)... ça ne manque pas

(Note : liste extrêmement non exhaustive. Et surtout j'ai la flemme en fait)

Mais avant toute chose, je voudrais que vous vous interrogiez sur une chose : quelle est pour vous la socialisation idéale ?

(vous avez 4 h)

Bon, moi j'ai ma réponse, mais essayez voir.

Non parce que franchement, on brandit l'école comme la panacée de la socialisation mais bon.
Réfléchissons-y.

Une école, c'est quoi ?
Dans les grandes lignes : des enfants (par dizaines), quelques adultes (avec un ratio très déséquilibré), six à huit heures par jour.

Je sais pas vous, mais moi ça me questionne.

Est-ce que ce format est à même de socialiser au mieux ou correctement des enfants ? Et puis d'abord, c'est quoi le but de la socialisation ?

Peut-on s'interroger sur la différence entre socialisation et sociabilité, peut-être ? entre quantité et qualité des relations sociales ?

Bref, non, l'école n'a pas le monopole de la socialisation et de l'acquisition des bonnes pratiques de relations sociales, ni du fait même d'établir même ses propres relations sociales en tant que jeune ou enfant.
Tout ceci peut totalement avoir lieu en dehors de l'école aussi.

(j'aime aussi beaucoup répondre aux gens qui disent que l'école est indispensable pour la socialisation, que c'est sûr, avant que l'école ne devienne courante, les gens étaient tous connus pour être asociables/asociaux)

Une des conséquences aussi pour les nouvelles familles qui font l'école à la maison, c'est de vouloir trop en faire côté socialisation du coup. On prévoit donc des horaires de ministre pour s'assurer que l'enfant « socialise » et au final : ça l'épuise.

Du coup, il faut revoir le planning, abandonner certaines activités pour retrouver un planning plus sage et adapté aux vrais besoins de l'enfant.

Et en pratique, je n'ai jamais côtoyé d'enfants ayant fait l'école à la maison et s'étant plaint plus tard d'avoir manqué d'opportunités niveau socialisation.

Même dans ces domaines, il faut aussi écouter la paroles des personnes concernées.

C'est d'ailleurs souvent l'inverse : l'école à la maison leur a permis de mieux respecter leurs besoins sociaux.
En résumé, moins de quantité, + de qualité.
Évidemment réévaluable tout au long du parcours.

Souvent, l'argument qui revient avec la socialisation et l'école à la maison, c'est « mais ça prépare pas à la vie d'adulte ».
Sous-entendu : ton gamin va jamais apprendre la contrainte.

(ça semble très français aussi cette manière de penser)

Du coup, je savais pas que l'école avait aussi le monopole de l'apprentissage de la gestion de la frustration et des contraintes .
Plus sérieusement, on est dans une grande confusion avec le concept de l'enfant-roi, qui n'a rien à voir avec l'école à la maison.

Gérer les contraintes, apprendre à digérer la frustration, c'est un apprentissage du quotidien tout au long de son enfance et de sa vie, pas un truc spécifique à la structure « école ».

Bon, ce thread est assez long comme ça donc j'abrège.

En résumé : quand on fait l'école à la maison, on s'expose à plein de critiques souvent pas constructives, mais qui sont tellement récurrentes qu'elles influencent quand même nos pratiques pour le meilleur comme pour le pire.