Les Pays de la Loire deviennent un lieu de combat écologique et climatique majeur en France : les projets absurdes s’y multiplient et les ZAD aussi. Notre-Dame des Landes fut une victoire fondatrice contre l’aéroport, montrant que la mobilisation sur la durée paie.
Mais les politiques locales d’industrialisation au mépris même des lois déjà votées se multiplient :
1/ le port de Brétignolles
2/ le Surf Park de Saint-André de Retz
3/ la zone du Carnet, en bordure de Loire près de Paimboeuf
4/ La création d’une 3e zone industrielle nazairienne
Le Surf Park pose la question de la rationalité d’utiliser autant d’énergie mais aussi d’eau dans une zone marquée par les sécheresses.
Mais les 3 autres montrent le refus de voir la réalité environnementale en face, même à court terme : les pluies deviennent plus brutales …
- forte pluviométrie sur une courte durée de temps et absence de précipitations sur des périodes bien plus longues qu’avant
- multiplication de fortes tempêtes atlantiques
- rappel : une crue majeure de la Loire est le 1er risque naturel en France pour lee impacts
Une évidence : en cas de crue majeure de la Loire, d’une tempête avec des pluies fortes et un fort coefficient de marée (la marée remonte la Loire sur 60 km... jusque Nantes)... tout l’estuaire est inondé.
Or ces inondations sont devenues maintenant annuelles... comme prévu. Et les travaux du GIEC indiquent qu’elles seront progressivement plus hautes et plus fréquentes. Or la Loire est bordée d’une zone industrielle de 30 km de long à son estuaire.
Une partie importante du centre ville de Nantes est inondable, comme les autres villes et villages le long de la Loire. Mais aussi les usines d’engrais, de transformation de soja, les ports méthanier et pétrolier, la raffinerie de Donges, le port céréalier, le port automobile,…
Les usines Airbus, les Chantiers Navals de l’Atlanrique, le port de containers… et les centaines d’entreprises sous-traitantes. En bord de Loire. Avec des digues pour se protéger bien sûr. Mais donc l’eau rentre plus loin dans les terres, vers les zones habitées, vers la Brière
Brière qui est un par naturel protégé, tout comme le sont la plupart des zones humides de cette bordure de Loire, lieu de reproduction privilégiée des oiseaux sur leur route migratoire. 116 espèces repérées sur les 110 ha de la zone du Carnet.
Et pourtant, les autorisations préfectorales sont accordées, à titre dérogatoire ou par un tour de passe-passe redessinant lez zones protégées selon les desiderata des industriels et des élus locaux.
Mais l’eau monte. Les 4 usines classées Seveso dont 2 à haut risque pour la population sont toujours là. Et on veut encore bétonner, ie réduire l’espace dans lequel l’eau s’étend lors des crues. Donc l’eau monte plus haut ailleurs. Sur des zones habitées, sur des champs cultivés.
Et dans 20 ou 30 ans, une malheureuse coïncidence de fortes pluies en amont de la Loire, d’une tempête en mer et de forts coefficients de marée et ... certaines digues sauteront. Des usines connaîtront leur Fukushima. Toutes les prédictions du GIEC montrent que cela arrivera.
Ah puis j’ai oublié l’usine électrique à charbon de Cordemais, en bord de Loire aussi. Tellement proche qu’ils ont le projet de la déplacer d’1 km dans les terres (humides et protégées) en la transformant en usine à gaz.
Pour finir, j’ai entendu la Maire de Nantes reconnaître que le coin était en retard dans le traitement des déchets ; vérification faite, les Pays de La Loire sont la pire région de France en la matière.
Bref, le tableau est hallucinant. Il est du reste largement ignoré, notamment des Nantais comme des autres, les nationales contournant largement ces zones où personne ne va sans raison professionnelle.
Le taux de cancer à St-Nazaire est 5 fois plus élevé que la moyenne nationale. La cause est multifactorielle : tabagie, consommation d’alcool et pollution. Ville ouvrière, St-Nazaire progresse lentement dans les changements de comportements : une réalité sociologique.
Mais du coup, les industriels se lavent les mains de toute responsabilité. Et les gens ont besoin de boulot. Une usine d’engrais émet depuis des années des fumées dépassant largement les normes. Aucune réaction des pouvoirs publics. Les manifs ne suscitent aucune réaction.
L’omerta règne. Les élus de droite sont pro-business ; les élus de gauche proches des syndicats ouvriers. Et tout ça se passe entre la Loire et la nationale reliant Nantes à La Baule, par un grand arc de cercle ne montrant que la nature de part et d’autre.
Notre-Dame des Landes est à quelques kms au nord de cette nationale : toujours la même logique. On déplace hors de vue des gens biens, dans des zones humides protégées mais peu habitées, tout ce soubassement économique polluant et dangereux où travaillent les ouvriers cgtistes.
Mais ça change. Aujourd’hui, j’ai vu à la ZAD de Donges, dite le Village du Peuple, 3 retraités paisibles, en chandail, venus chacun indépendamment des environs saluer les zadistes et sympathisants, plutôt tendance dreadlocks et alternatifs de tout poil… ça discutait gentiment.
L’un a prêté une pioche pour aider à monter les barricades. Les autres sont juste venus voir, partageant la même conviction de l’impasse où nous mène cette logique ignorant la Nature. Ils constatent la hausse des crues. Ils sont inquiets pour leurs petits-enfants.
Des mères de famille sont venues apporter du ravitaillement. Ils sont tous à des années-lumière de la majorité très à gauche des zadistes ou sympathisants. Mais ils sont désormais convaincus qu’il faut maintenant résister, y compris en s’opposant par la force aux pelleteuses.
Et aussi à la police ou gendarmerie venue exécuter des décisions de justice validant le respect formel des procédures d’exception signées par le Préfet. Décisions attaquables en justice mais qui requièrent du temps. D’où les expulsions violentes pour agir vite, bétonner …
… et faire disparaître dans les faits le caractère de haute valeur écologique précédemment accordé par la Région elle-même.
D’où la nécessité de ces ZAD. Pour ralentir au moins et parfois empêcher les destructions irréparables. Pour faire respecter les lois existantes la plupart du temps ! Les gauchistes révolutionnaires agissent en conservateurs de la nature qui reste, en défenseurs de lois votées !
Bien sûr, ils rêvent de mettre à bas le capitalisme. Mais dans ces combats des Pays de Loire, ils s’opposent aux forces du désordre, ces forces puissante de l’affairisme et des intérêts partagés bien compris d’une petite élite économique et politique.
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