#cequejefaismal Exiger le paiement à la fin de chaque séance.
A la fac, on m’a appris que la question du paiement des rdv est très importante, que le patient.e doit régler systématiquement à la fin de chaque rdv et que si on veut que le travail thérapeutique avance le coût

doit représenter un sacrifice financier parce que cela serait “motivant”. Sauf que mes 1ers postes étaient en asso avec des personnes en très grande précarité, sans papier, etc. La question du paiement ne se posait pas et je me suis rendu compte que ça n’entravait pas du tout

la progression de la thérapie. Quand je me suis installée, certain.e.s libéraux m’ont prévenue que “les gens allaient partir sans payer”, etc. Mais j’ai voulu faire le pari de la confiance. Comment demander à quelqu’un de nous faire confiance en nous racontant ce qu’il a de

plus intime si je ne suis pas prête à lui faire confiance moi-même ? Mes patient.e.s oublient régulièrement de quoi régler et ça ne me pose aucun problème. Et pour l’instant, en presque 10 ans, personne n’a jamais oublié de régulariser une séance non réglée. Certain.e.s ne me

payent qu’une fois par mois tous les rdv d’un coup. J’encourage les patient.e.s à me parler de leurs difficultés financières, je décale l’encaissement des chèques ou je réduis mes tarifs s’ils ont une baisse de revenus et iels jouent tous le jeu. Je peux voir quelqu’un à 20-30€

dans une période très difficile et quand la personne a de nouveau les moyens, elle vient elle-même me dire qu’on repasse au tarif normal. Parfois, je commence à suivre quelqu’un alors qu’iel est étudiant.e et une fois diplômé.e iel me dit qu’on va passer au tarif normal, etc.

D’un autre côté, quand quelqu’un oublie de me payer et que ça me met en difficulté, je lui dis simplement et lui demande s’il faut qu’on aborde le sujet à cause de difficultés que j’ignorerais. Si ce n’est pas le cas, j’explique que par rapport à ma compta ou autre je préférerais

être payée maintenant. L’argent ne doit pas être un tabou. Et le montant que vous payez n’entrave en rien la thérapie. Pourtant une étude disait que si un pro de santé était cher les patient partaient du principe qu’il était meilleur (comme les prix en supermarché) et pour

certain.e.s patient.e.s c’est vrai mais ce sont souvent celleux qui peuvent se le permettre. Ce n’est pas un secret, je voudrais que les psychologues soient remboursés à 100% par la sécu. En attendant, lors du début de la thérapie, je travaille avec la personne sur le budget

mensuel qu’elle peut allouer et le rythme des rdv. Si à un moment, elle a besoin de venir plus, je baisse un peu le prix de la séance, etc. Alors évidemment, avec ce système je ne gagne pas 3000€/mois mais j’essaye de trouver le juste milieu entre le fait que mon travail

mérite salaire, que cela doit être suffisant pour que je ne sois pas contrainte de “faire l’usine” et le fait que les gens ont des budgets serrés. Bien loin du cadre qui m’avait été enseigné. Ce que j’ai appris c’est que je dois me respecter et respecter la valeur de mon

travail, parler ouvertement de ces questions, faire confiance aux gens, proposer des solutions adaptées à chacun en fonction de ses moyens parce que le plus important reste l’accès au soin.