Thread sur le parti espagnol de gauche Podemos.
Podemos est crée en 2014 par Pablo Iglesias, un professeur de sciences politiques de l'université de Madrid qui se revendique communiste.
Pour comprendre le parti il faut replacer la chose dans son contexte. Le parti est crée en 2014 mais Pablo Iglesias apparaît à la TV depuis 2013 ou il critique "La caste" c'est à dire l'alternance des 2 gros partis au pouvoir depuis 40ans (la droite et les socialistes.)
En effet, en 2013, l'Espagne subit de plein fouet la crise économique, le chômage atteint des records historiques et la pauvreté ne cesse d'augmenter. Le gouvernement de droite au pouvoir applique une politique sévère d'austérité.
Le pays est en ébullition sociale et un immense mouvement de contestation populaire est en cours depuis des mois. Le mouvement des indignés, le "15m". Les manifestations et les occupations de places sont quotidiennes, la contestation ne cesse d'augmenter.
Le mot d'ordre de ce mouvement social sera "Démocratie réelle maintenant". Le mouvement rejette le bipartisme et ne cesse de répeter "PSOE, PP, la misma mierda es" ("Le PP (principal parti de droite) et le PSOE ( parti socialiste) sont de la merde").
Les affaires de corruption de ces deux principaux parti qui ne font que s'alterner au pouvoir depuis 40 ans ne font que rajouter de la colère et du rejet du peuple contre la classe politique en place depuis des années.
S'ajoute à ça d'immenses manifestations de travailleurs (santé, éducation, mineurs) contre les plans d'austérité du gouvernement. Les 2 principaux syndicats du pays CCOO et UGT collaborent avec l'austérité et n'appellent pas à la grève.Ils sont rejetés en masse par les espagnols.
C'est alors que naissent "les marées populaires" chaque corp de métier s'attribue une couleur (blanc pour la santé, vert pour les profs) et des grandes manifestations et grèves s'organisent en marge des 2 syndicats officiels considérés comme " les syndicats du régime".
Les seuls syndicats qui participent activement au mouvement social sont les syndicats anarchosyndicalistes et le syndicat indépendentiste andalou. Les affrontements avec la police sont récurents, le climat social est brûlant.
Ce grand mouvement social fait le tour des TV du monde, des mairies sont prises d'assaut et occupées, des banques, des supermarchés sont dévalisés pour les répartir entre les populations les plus précaires, des locaux des 2 principaux partis sont vandalisés.
Ce mouvement ne possède ni leadeur, ni hiérarchie, refuse la représentation, fonctionne en assemblées générales et réclame une démocratie réelle et la fin de l'austérité. Dans sa manière de fonctionner il s'inscrit dans la tradition anarchiste très populaire en Espagne.
Evidemment, le mouvement ne se revendique pas de l'anarchisme et la pluspart de ces participants non plus. Mais dans la pratique, son fonctionnement est totalement inspiré du fonctionnement libertaire qui est une tradition historique du mouvement social en Espagne.
Bref c'est dans ce contexte bouillonnant que Pablo Iglesias, le prof d'extreme gauche aux cheveux long de hippie qui passe à la TV chaque semaine pour dénoncer les élites, le bipartisme, les syndicats corrompus et vendus, l'austérité et l'europe de Merkel devient très populaire.
Ce qu'il faut savoir c'est que Pablo Iglesias était un jeune de l'extreme gauche active quand il était étudiant, qu'il vient d'une famille de militants anti-franquistes et qu'il a soutenu Hugo Chavez lors de voyages au Venezuela.
A ce moment là, son discours est vraiment anti-système, il parle de refuser de payer la dette, de sortir de l'UE, il condamne l'austérité venue des ordres de Merkel, il réclame la nationalisation de la banque etc.. etc..
Il va alors surffer sur sa popularité grimpantte pour créer Podemos. Les 3 principales têtes du parti et fondateurs sont Pablo Iglesias, Inigo Errejon et Juan Carlos Monedero.
Juan Carlos Monedero est l'ancien conseiller de communication de Hugo Chavez.
Inigo Errejon est un jeune homme qui présente très bien, très intelligent, c'est le meilleur ami de Pablo Iglesias, c'est un ancien anarchiste des Jeunesses Libertaires de Madrid, il est fan de Durruti et il avait de la famille dans la CNT-FAI pendant la guerre civile.
Leur idée est de créer un parti moderne avec une communication à la pointe, qui plaît au jeunes et qui propose aux peuple des solutions sociales et anti-austérité pour sortir de la crise et réduire les inégalités. Ils veulent aussi une forme d'orga démocratique d'assemblées.
Il veulent réussir à réunir l'ensemble de la gauche espagnole, les socialistes déçus, les communistes, les républicains, les anarchistes et anarchosyndicalistes et surtout les abstentionnistes et les masses qui participent au mouvement des indignés.
Pour plaire à tout ce public, ils vont s'adapter. Ils vont choisir une structure de base ou les assemblées générales décident et ou les élus mandatés sont révocables à tout moment. Ils vont défendre un régime républicain et transparent. Ils ne porteront pas de cravattes..
Ils citeront des figures historiques de la CNT dans leurs discours et dans leurs tweets régulièrement pour draguer les anarchistes, ils s'incrusteront dans des manifs anarchosyndicalistes pour récupérer cet électorat.
Puis pour draguer les communistes ils sortiront les drapeaux républicains, ils feront des conférences sur la révolution russe, il parleront positivement de la révolution bolivarienne du Venezuela et citeront du Lénine.
Toute cette stratégie sera réalisée juste avant de la création du parti. Comme sur cette photo, une conférence de Juan Carlos Monedero dans un local de la CNT (personne ne se doutait qu'il allait rentrer en politique à ce moment).
Bref, une fois leur opération de séduction réalisée, le parti est monté. Il s'appellera "Podemos" ("nous le pouvons", une reprise du "Yes we can" de Obama). Le parti devient très populaire et grimpe dans les sondages, les meetings sont bondés.
Le parti a un programme séduisant : Sortie de l'UE, Non payement de la dette, nationalisation des compagnies électriques et de la banque, hausse des salaires, + d'impôts pour les grandes fortunes, abolition de la monarchie et mise en place d'une république, Retraite à 60ans etc..
Le parti promet aussi que ces députés toucheront le salaire minimum et que le reste de l'argent servira uniquement à financer le parti. Le parti refuse d'être financé par des banques et se finance seulement via les dons et les cotisations.
Le parti promet également de s'opposer à la droite comme au PS et de ne jamais s'allier au PS et à la "caste". Il se veut un renouveau dans la politique qui prétend chassé l'anciens bipartisme et la caste en place.
Le parti gagne les éléctions munucipales dans les principales villes d'Espagne, Madrid, Barcelone, Valence etc.. sont gagnés par Podemos, son ascension est fulgurante. Aux éléctions régionales il obtient 69 députés.
Le maire de Cadiz est un élu podemos est un anarchiste, la maire de Madrid une ancienne communiste, la maire de Barcelone met le portrait de Federica Montseny (première femme devenue ministre d'Europe (pdt la guerre civile) anarchiste et militante de la CNT) dans son bureau.
Beaucoup de gens pensent qu'un changement est possible, sont séduits, cepedant la logique de podemos n'est pas d'être dans l'opposition mais de gagner, gouverner et maintenant.
Il faut souligner que l'anarchosyndicalisme espagnol et particulièrement la CNT ne s'est jamais laissée berner et depuis le début de la création de Podemos elle appelle à l'abstention et dénonce le parti comme des opportunistes et de futurs traîtres.
Bref, après les éléctions de 2015, podemos refuse de faire une coallition avec le PSOE. Il n'y a donc pas de majorité à l'assemblé, aucun parti peut gouverner et de nouvelles éléctions sont convoquées pour 2016.
La séduction de podemos sur les masses fait que la mobilisation sociale qui avait lieu en Espagne disparaît, les sondages indiquent que Podemos pourra remporter les prochaines éléctions, les gens ne sortent plus dans la rue et pensent pouvoir régler leur problèmes par les urnes.
Podemos veut absolument gagner les prochaines éléctions, une alliance est faite avec IU (Izquierda Unida) l'équivalent du front de gauche français (mais qui pesait 3%) une coallition de gauche qui rassemble le parti communiste et d'autres orgas de gauche.
Alberto Garzon, secrétaire général du Parti Communiste Espagnol et candidat de IU décide de faire rentrer sa coallition dans Podemos. Podemos abosorbe tout. Alberto Garzon vise une victoire de la gauche et un futur poste de ministre.
Mais c'est pas suffisant pour gagner, dans les médias Podemos subit une forte compagne d'attaques et de diffamations, sa proximité avec le Venezuela, sa sympathie pour le communisme etc.. lui sont fortement reproché. Podemos essaye de lisser son image.
Pablo Iglesias déclarera alors qu'il n'est plus communiste, Alberto Garzon dira "Marx était social-démocrate, nous aussi". Pablo Iglesias ira aux USA et dira à Wall Street, nous ne cherchons pas à détruire le capitalisme car aucune alternative à celui-ci existe.
Puis Podemos fini par abandonner plusieurs points de son programme comme : La sortie de l'UE, les nationalisations de la banque et des compagnies électriques, la retraite à 60ans, le refus de payer la dette, la sortie de l'OTAN et même l'abolition de la monarchie.
Pablo Iglesias ira jusqu'à déclarer "Quand on était jeunes et d'extreme gauche et qu'on disait que la lutte se déroule dans la rue c'était des conneries". Puis dans ses discours il defendra "le patronat patriote" face "aux patrons abusifs qui mettent leur argent en suisse".
Malgré ces efforts pour lisser son image, malgré l'abandon des points les plus radicaux de son programme, malgré son alliance avec le PCE et IU, Podemos ne gagnera toujours pas les élections en 2016 et restera à la troisième place. Il perdra même 1 million d'électeur.
Au fur et à mesure, podemos se modère de plus en plus, il fini par dire que la monarchie constitutionnelle est un bon modèle, se désolidarise totalement du Venezuela, et compense l'abandon de son discours social par un féminisme et un progressisme exagéré.
Le parti fait dans la politique spectacle, à l'assemblé nationale il embrasse sur la bouche un de ses collègues députés, la femme de Pablo Iglesias également députée donne le sein à son bébé en pleine séance parlementaire.
La base militante quitte le parti et se plaint du fait que les statuts n'étaient pas respectés, la démocratie directe en interne était inexistante et Iglesias fait le contraire de ce qu'il disait. Le parti est dirigé par lui, il place sa femme et ses amis aux postes clefs.
Bref, Podemos fait dans le spectacle, le sociétal postmoderne et progressiste exacerbé et niveau social le parti ne propose plus que des hausses de salaires, la défense des services publics actuels et un peu plus d'impôts sur la fortune. Ils font dans le social-libéral.
En 2018, le Parti Socialiste propose une motion de censure pour virer la droite du pouvoir, en s'alliant avec Podemos, et les partis indépendentistes la motion de censure obtient une majorité, la droite quitte le pouvoir, les socialistes gouvernent.
En 2019 les socialistes convoquent des éléctions, Podemos chute et n'obtient que 35 députés. Mais le parti socialistes n'obtient pas non plus de majorité absolue, il est obligé de gouverner avec podemos pour pouvoir gagner. Un gouvernement de coallition PSOE-Podemos est crée.
Pablo Iglesias devient vice-ministre, sa femme ministre de l'égalité homes-femme, le secrétaire du PCE Alberto Garzon devient ministre de la consommation.
Podemos se couche totalement et accèpte tout, Garzon voulait interdire les jeux de paris sportif, finalement se contentera d'affiches préventives devant les casinos et sous les pubs de paris sportifs.
Iglesias voulait interdire les coupures d'eau et d'éléctricité aux familles les plus pauvres qui n'arrivaient pas à payer les factures, les socialistes refusent sa mesure et Iglesias se couche et accèpte sans broncher.
La ligne du gouvernement de coallition PSOE-Podemos est du social-libéralisme, une réplique du gouvernement de François Hollande mais avec plus de feminisme, language inclusif et parité. Il y a deux semaines le gouvernement venait de voter l'allongement du départ en retraite.
Le social a totalement été abandonné, des usines ont fermés avant le COVID et le gouvernement n'a strictement rien fait, et des usines ferment actuellement et le gouvernement ne fait strictement rien.
Récemment Pablo Iglesias a déclaré la monarchie constitutionnelle était un bon régime et que l'argent donné par l'UE aux états membres contre la crise du Covid était la preuve que l'UE était une bonne chose que qu'elle avait abandonné l'idée de l'austérité.
Bilan de Podemos : -Faire disparaître la contestation sociale des rues du pays via la démobilisation et la confiance au changement par les urnes puis accepter l'économie de marché, le libéralisme, la monarchie et la coallition avec le PS pour mener une politique centriste.
Conclusion: Ne JAMAIS faire confiance à aucun parti politique, même si il paraît être très à gauche, il se fera absorber par la logique du système, si il accèpte les règles de la démocratie bourgeoise il se soumettra au capital et ne fera rien. La CNT s'était pas trompée ;).
Les acquis, les conquêtes et les changement sociaux ne s'obtiennent pas par les éléctions et les ministres. Ils s'obtiennent par la pression sociale de la rue, par le prolétariat mobilisé, par la grève, par le rapport de force de classe. C'est dans la rue et pas au parlement.
Et le pire c'est que cette énième trahison de la gauche peut pousser une partie du peuple dans les bras de l'extrême droite. Comme la gauche de coalition Mitterand-PCF et leurs trahisons ont poussés les ouvriers au FN en France.
ELECTIONS PIEGE A CON.
En 2015 podemos avait 90 sièges à l'assemblée nationale.
En 2020 podemos a 35 sièges à l'assemblée nationale et participe au gouvernement.
La chute risque d'être sale aux prochaines élections.
Iglesias et Tspiras, same energy.
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