Je ne voulais pas voir la vidéo de Zemmour sur les MNA. Et puis je suis tombée dessus et j’ai pleuré de rage. Les mineurs isolés se sont mes élèves. Je suis prof en classe d’accueil, je les accompagne depuis 6 ans. Mardi encore, y a un ancien qui est venu me dire bonjour.
Et vous savez ce qu’ils ont de différents des autres élèves ? Un vécu. Souvent traumatisant. Mais autrement ce sont juste des gamins. L’an dernier, un grand gaillard malien de 16 ans me raconte que ce qu’il adore, c’est regarder les dessins animés sur Gulli.
Et l’autre parle de violeur, de voleur, de criminel ?!
Pour lui, ce sont les monstres de ces fantasmes tordus. Mais ce ne sont que des jeunes qui rêvent d’un autre avenir. Comment peut-on refuser ainsi de voir l’humain dans l’autre ? Dans des enfants ?
Comment peut-on ainsi diaboliser des gamins ? Parce qu’ils sont étrangers, ils n’auraient pas le droit à l’amour, la protection et la considération que nous devons à tous les enfants ?
Vous, vous ne les connaissez pas mais moi, je mets des visages sur ces mots et je pleure.
Ces MNA, c’est K. (Pakistanais, parents petits agriculteurs) qui vient en France à 15 ans avec son petit frère de 13 ans. Ils ont de la chance, ils sont placés dans une super famille d’accueil qui les emmène partout. Ils vont à la mer, à la montagne.
Quand il est en classe, il nous raconte tout ça, nous montre la vidéo de sa première fois en ski. Je n’ai jamais quelqu’un d’aussi heureux. L’un de mes collègues l’appelait le soleil de la classe. Aujourd’hui, il est à Bordeaux avec son frère. Il fait une formation de cuisinier.
Cette même année, il y avait un jeune malien, C. 16 ans, toujours souriant, adorable. Il est venu seul, il écrit un jour un texte sur le thème de sa plus grande peur : sa traversée en barque du côté de Gibraltar. C’était l’écrit d’un enfant qui a vécu son pire cauchemar.
C’était très dur à lire. Il est pris en charge dans un hôtel, se sent très seul. Mais heureusement il devient ami avec M. un compatriote. Il va souvent chez lui et la maman de M. lui cuisine des plats du pays. M et C sont comme des frères auj. Ils font des études de chauffagiste
L’an dernier, M. malien aussi, il est venu en France rejoindre son papa, très malade, sous dyalise. Le papa meurt, M est seul. Et là, c’est le parcours du combattant, je l’accompagne partout. Il finit par être pris en charge. Un temps en famille puis en foyer.
En février, il fait un stage en boulangerie. Révélation. Le patron est tellement content qu’il lui propose un apprentissage. Le confinement, le coronavirus, la crise... on se dit que c’est mort. Il a commencé cette semaine son apprentissage.
Je pourrais encore vous en présenter d’autres. Peut-être après. Mais je voudrais tous vous remercier pour vos messages, je souhaitais vous faire voir les MNA comme moi je les vois, comme de vraies personnes au-delà des discours de haine & cela me fait du bien que cela vous touche
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