Un retour sur ces premières semaines de distanciel quasi-intégral, côté prof… ⬇️
(partage d'expérience côté prof ou étudiant bienvenu !)
Ma situation : mes cours hebdomadaires de L3 sont à distance ; je n’ai que quelques séances de séminaire de master et de préparation MEEF en présentiel.
Après réflexion, je crois que la solution choisie à l’UVSQ a été une bonne solution compte tenu de la situation sanitaire. Problèmes de communication et d’anticipation, certainement, mais quand je vois les amphis bondés de la Sorbonne, je me dis qu’on ne s’en sort pas si mal…
Je suis vraiment impressionnée par les étudiants, qui ont vraiment l’air de vouloir s’accrocher malgré les conditions difficiles. Les travaux hebdomadaires sont rendus par tous et toutes, et sont sérieux. Donc, bravo, merci, vous donnez du sens à ce que nous faisons...
J’ai l’impression qu’on arrive quand même à travailler et à réfléchir, malgré le fait que Zoom/Twitch ne soient pas toujours idéaux pour la discussion. Il faudra faire le bilan à la fin du semestre, mais je suis plutôt optimiste.
J’ai aussi l’impression que le distanciel force de facto à réfléchir à de nouvelles modalités, de nouveaux exercices, de nouvelles manières d’apprendre à analyser des sources. Si on prend le temps de le faire, ça force à sortir des sentiers battus, à ne pas être routinier.
En particulier, j’ai recentré tous mes cours en considérant que si les étudiants doivent acquérir des connaissances, il n’y a aucun sens à les évaluer dessus à distance. Donc ça force à réfléchir aux manières de les faire progresser sur l’analyse…
Tout ça pour dire que je ne crois pas que l’enseignement à distance ne soit pas de l’enseignement. Je crois que ça a des avantages et que ça peut nous permettre de réfléchir à nos pratiques.
Mais…
… mon dieu, le bonheur que c’est de retrouver des étudiants « en vrai » de temps en temps, de discuter avec eux à la fin du cours, d’essayer de deviner leurs expressions sous le masque en échangeant avec eux…
(promis, je n'essaie pas vraiment de leur faire des câlins)
Si quand on sort de ce bordel, on arrive à allier la présence, l’échange, avec ces nouveaux questionnements que chacun et chacune aura développé, alors je crois que ça peut faire des chocapics 🎉
Au-delà du plaisir de les voir, les cours en présentiel ont un avantage notable : les étudiants sont là, même passivement. Je sais pertinemment que certains étudiants dans mes cours se connectent pour faire acte de présence, en faisant autre chose, coupant certainement le son.
Je n’arrive pas non plus à savoir combien d’entre eux lisent et travaillent effectivement les cours écrits que je leur transmets et qui sont la base de l’apprentissage de connaissance, indispensable pour l’analyse que j’évaluerai après.
Et ça, c’est vraiment stressant. Alors qu’en cours, ils sont peut-être en train de penser à autre chose, mais je sais que a minima, ils ont vaguement entendu des choses que j’ai dites. Vaguement. Même en ayant Facebook ouvert sur leur ordinateur en même temps.
C'est d'autant plus stressant que l'investissement en temps pour ces cours est monstrueux. Pour un cours qui est prêt, que je donne depuis quelques années, je peux compter environ 5-6h de travail pour 2h30 de cours officiels sur la maquette.
Est-ce que le distanciel creuse les inégalités ? évidemment. Celles et ceux qui ont des conditions correctes, les moyens d’acheter des livres, une connexion qui permet de suivre un cours sur Zoom et d’ouvrir son micro (je vous assure que ce n’est pas le cas de tout le monde).
On a beau faire, on bouche des trous béants. C’est toujours vrai, mais ça l’est encore davantage en ce moment. Et ce ne sont pas les quelques milliers d’ordinateurs dont notre ministre se vante qui changeront les choses. #indecence
Enfin, dernier point : les étudiants à qui je parle sont en manque total de contact humain et social. Parler avec ses collègues en sortant de cours, sur le contenu ou pour bitcher, peu importe : c'est une vie sociale, et on n'en trouve que des ersatz.
Quand je vois le soulagement des étudiants de master qui ont des cours en présentiel, je me demande dans quel état seront les L3 à la fin de cette année, après un semestre de L2 confiné et une année de L3 à distance...
NB : je serais très heureuse d'avoir des retours et de remarques. Par contre, la prochaine personne qui m'accuse de social-traitrise parce que j'accepte le distanciel plutôt que de laisser les étudiants dans la nature sans leur faire cours, je ne serai sans doute pas très polie.
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