J'ai décidé que les propos d'Adèle Haenel dans @BoomerangInter relevaient de l'intérêt public, donc je vous ai fait un petit thread de ses plus belles citations (de rien
)


"Je pense qu'il y a beaucoup de choses qui se passent dans la société française aujourd'hui. Un vrai dynamisme de la part des populations mobilisées. J’ai envie de faire partie de ce peuple-là."
"Elever la voix, parfois, c'était juste une question de survie."
"Définir ce qui peut être interrogé, c'est déjà une forme de politique. Quand on définit le champ de ce qui est questionnable, on a déjà décidé pour les autres ce qui était politique et ce qui ne l'était pas."
"Un des intérêts de la mise en scène c'est qu'il n'y a pas d'évidence. (...) Le cinéma est politique au sens où il propose une grille de lecture du monde. Il est d'autant plus politique qu'il va remettre en question la spontanéité de cette grille de lecture."
"Qu'est-ce que c'est un héros ? Déjà, je dirais 'une héroïne'. C'est peut-être pas quelqu'un qui fait preuve de courage."
"Le racisme consiste à présupposer des actions de la part de personnes, présupposer une violence de la part de personnes, du fait de leur couleur de peau."
"Quand j'ai pris en charge mon récit, que j'ai accepté de voir les choses comme elles m'étaient arrivées, de me remettre au centre de mon histoire, c'était évident que je pouvais m'intéresser aux autres, me lier à d'autres combats qui ne me concernaient pas directement."
"La catégorie 'femme' ne peut pas se lire selon un prisme universel, elle doit se lire dans une dynamique de pouvoirs — ce qui s'appelle l'intersectionnalité. (1/2)
Ce n'est pas une dynamique où les oppressions sont additives - le problème d'être une femme noire c'est le problème d'être une femme + le problème d'être une personne noire. Mais de manière dynamique : comment ce croisement opère des dynamiques d'oppressions particulières. "(2/2)
"Il faut toujours concevoir comment, dans toutes les dynamiques, on est dominant quelque part. (...) Et donc, comment on doit toujours se remettre en question."
"J'essaie de voir comment mes privilèges peuvent être utilisés au mieux dans le sens d'une société plus fluide. Je voudrais déjà aider ceux qui n'ont pas forcément l'occasion de parler au micro, leur témoigner mon soutien, ma sororité."
"Je ne pense pas qu'on préexiste à une rencontre. Je pense qu'il y a quelque chose de nous qui advient quand on rencontre une personne."
"C'est toujours plus facile d'être d'accord avec un monde, quand bien même ce monde nous opprime. Car on a peur de l'exclusion. Je dis 'on', mais je devrais dire 'je'. J'ai peur des conséquences de la nudité de la parole, évidemment."
[Pour info là, on en est à 17 minutes d'entretien sur 32 minutes. Et déjà tellement de tweets. Oh la la je ne m'en remets pas de cette interview....]
"Je suis pas trop dans la définition du jeu comme quelque chose où on va restituer une unité psychologique de quelqu'un d'autre. Je pense plus le jeu comme une question philosophique qui va traverser notre personne. Le jeu c'est une façon de poser une question à soi-même."
"Il y a quelque chose de très important à faire le récit de nos histoires. Sinon, la logique selon laquelle nos histoires sont lues est toujours une logique extérieure et objectifiante."
"Je ne sais pas comment on s'en sort. Je ne sais pas s'il faut s'en sortir, en fait."
"Les histoires d'amitié, d'amour, c'est des possibilités de vraiment exister. Certaines rencontres m'ont tout simplement permis de survivre. D'autres ont donné beaucoup d'air à ma vie."
"Une des raisons pour laquelle le jeu me fait me sentir si vivante c'est que c'est un endroit avec des règles définies, on fait semblant. Du coup, avec l'alibi de faire semblant, on peut vivre vraiment."
[Bon là elle lit un extrait du "Corps lesbien", de la militante féministe lesbienne Monique Wittig. Je ne peux pas retranscrire mais rien que pour ça, aller l'écouter.]
Voilà, c'est (déjà) fini. Vraiment, vraiment, allez écouter cette très belle interview : https://www.franceinter.fr/emissions/boomerang/boomerang-28-septembre-2020