Connaissez-vous l’équation qui régit toute l' #agriculture ?

Elle est issue d’un constat très simple : La réussite d'une politique agricole dépend TOUJOURS de 3 facteurs (l’ordre n’a pas d’importance) . Les voici :
✅Elle doit être durable pour le producteur : si l’agriculteur de vit pas de son métier, ce n’est pas un modèle d’avenir
✅Elle doit capable de fournir de la nourriture de qualité, en abondance et abordable : si on souffre de pénurie tous les ans, ou si la nourriture est hors de prix, ça n’est pas viable à long terme.
✅Elle doit être durable au point de vue environnemental: Une agriculture qui détruit le milieu dans lequel elle s’exerce n’ira pas loin.
En clair :
❌On peut avoir une agriculture qui a zéro impact, mais elle ne nourrira personne
❌On peut avoir une agriculture hyper productive mais qui qui détruit tout, ça n’ira pas
❌On peut avoir une agriculture haut de gamme, mais qui ne fait vivre que 20 % des producteurs
Les trois points sont totalement liés les uns aux autres: à progrès agronomique égal, quand on touche un curseur de l’un, on fait mécaniquement et obligatoirement bouger les deux autres.

j'insiste,il faut en être conscient, on n’a rien sans rien et l’équilibre est très fragile
Une politique agricole qui oublie un ou plusieurs de ces paramètres n’a aucune chance d’être durable.
Et aujourd’hui,à travers les différentes consultations,on est en pleine réflexion sur le futur de notre agriculture avec #DebatImPACtons @DebatImPACtons et le @CNDPDebatPublic
Alors quel est le constat à ce jour ?
Sachant que les besoins en nourriture ne vont pas aller en se réduisant au niveau mondial, que les attentes de la société sont de plus en plus fortes pour minimiser l’impact de l’agriculture, mais que le pouvoir d’achat n’est pas extensible ?
⚠️Sur le point 1, la rentabilité, ça a été le cas, ça l’est de moins en moins et même plus du tout pour de larges secteurs
👍Sur le point 2, la production , pas de doute, l’objectif est atteint : jamais le prix de la nourriture n’aura aussi peu pesé dans le panier des Français
👏Sur le point 3, l’environnement, il faut être honnête, même s’il y a encore du boulot, les progrès sont incontestables et ça va vraiment dans le bon sens.
Alors qu’est-ce qui cloche ? 2 choses principalement à mon sens :
D'abord la perception pour le consommateur, qui est loin de savoir quelles ont étés les évolutions de l’agriculture ces 20 dernières années.
Il faut l’expliquer, chiffres à l’appui : oui, la pollution des rivières recule. Oui, les algues vertes aussi reculent. Oui, on sait mesurer avec une précision inconnue il y a 10 ans, la moindre trace de tout ce qu’on veut dans notre nourriture. Et c'est suivi de TRÈS près.
Oui, on utilise de moins en moins de produits phytos problématiques. Oui, on utilise de plus en plus de produits de biocontrôles (substances d'origine naturelles, insectes qui luttent contre les ravageurs, etc). Tout cela prend du temps mais on est sur le bon chemin.
Ensuite La rentabilité pour le producteur. Alors oui, le mot «rentabilité» est volontaire : les exploitations agricoles sont des entreprises qui doivent être rentables pour durer dans le temps, comme celle où vous travaillez.
Et ce n’est pas sale de vouloir gagner de l’argent.
Pour ce dernier point, il n’y a pas de formule magique :
Soit le producteur parvient à sortir un produit à pas cher, et pour cela il faut des installations mécanisées et automatisées (en gros des fermes-usines, pour faire simple)
Soit le producteur parvient à tirer un revenu autre que la production pure (méthanisation, paiement pour services environnementaux rendus, diversification), mais à ce compte-là on valide le fait que produire en France n’est pas rentable, pas sûr que ce soit prudent à long terme
Soit la PAC sert à compenser l’écart entre ce qu’est prêt à payer le consommateur, et le coût de production de ce qu’il demande : ce serait la solution de facilité.
Je ne crois pas à l’argent magique. Chaque activité DOIT être rentable par elle-même, et les attentes sociétales doivent être cohérentes avec les dépenses alimentaires.
En clair, la société ne peut pas exiger la fin des pesticides et de l’élevage industriel, et en même temps chercher à acheter toujours le moins cher, à courir les promotions et les fast-food, et à acheter à l'étranger ce qu'il est impossible de produire en France à coût réduit.
Si le pouvoir d’achat ne permet pas de financer la réalisation de ses attentes, alors la société ne peut pas demander à l'agriculture, plus que ce qu’elle peut payer.
C’est cruel, mais c'est ainsi. On rêverait tous de vivre dans un pays rempli de gens très riches qui auraient un gros niveau de vie pour s'acheter des super produits de luxe, mais la réalité est différente.
Il est là le cœur du malaise pour moi : D'un côté des attentes sociétales de haut niveau avec de l'autre côté des dépenses au ras des pâquerettes
Et ça ce n’est pas, et ce ne sera jamais compatible. Ça crée en revanche beaucoup de rancœur côté agricole, ainsi qu'un sentiment d’injustice et d’hypocrisie qui est très violent à vivre au quotidien.
Les agriculteurs produiront toujours ce que vous consommez, ce ne sera jamais l’inverse.
Les agriculteurs écoutent la société et ses attentes, mais la réalité des attentes sociétales, c'est ce que la société achète, pas ce qu'elle dit vouloir acheter.
Alors n'en voulez pas aux agriculteurs de produire ce que vous achetez, et au contraire, n’hésitez pas à venir les voir en vrai où à les interpeller, vous serez surpris des progrès qu’ils ont déjà fait. Il y a forcément un @Fragritwittos près de chez vous !
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