"Flash-back. Samedi 6 novembre 1982, 10 heures. Paul Biya, 49 ans, Premier ministre d’Ahmadou Ahidjo et son successeur constitutionnel direct, accède au pouvoir. Les Camerounais connaissent peu cet apparatchik effacé, fils de catéchiste, ancien séminariste, diplômé en France"
...qui depuis vingt ans grandit à l’ombre de la statue du commandeur. Mais il a la réputation d’un homme simple, intègre, ouvert, et ses premiers pas donnent le tournis à un système corseté, secret et répressif.
Le couvercle s’ouvre, le carcan se desserre, le printemps souffle sur Yaoundé : « renouveau », démocratisation, libération des détenus politiques, pluralisme des candidatures, hausse des salaires, des bourses, des budgets de l’éducation et de la santé, hausse d’à peu près tout,
en quelques mois Paul Biya est adulé. Il n’aura jamais été si populaire qu’en cette année 1983, où il n’est question dans ses discours que de justice, de probité, de la fin du clientélisme et de la réhabilitation des grandes figures du nationalisme camerounais.
Cette période d’euphorie pendant laquelle le chef de l’État donne interviews et conférences de presse, sillonne le pays et multiplie les bains de foule dure seize mois. Ce Biya-là, qui était peut-être le vrai Biya, celui que l’on a longtemps espéré retrouver, avec ses audaces,
sa capacité à trancher et à montrer le chemin d’avenir, se brise un certain 6 avril 1984 lorsqu’une tentative sanglante de coup d’État menée par les orphelins de son prédécesseur est à un cran de l’emporter.
Le traumatisme est tel qu’il vivra désormais dans l’obsession de la stabilité et de la sécurité. L’escargot se rétracte brusquement, rentre dans sa coquille. Vingt-huit ans plus tard, il n’en est toujours pas ressorti."
Cameroun : 1982-2012, de Biya à Biya Par François Soudan
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