Résister au terrorisme? Dans «L’ensauvagement. Le retour de la barbarie au XXIes (2005)», Th Delpech prédisait pour 2025 le développement d’un terrorisme continu comme guerre pour réorganiser le monde - et analysait nos faiblesses.
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Normalienne, philosophe, spécialiste des relations internationales, Delpech a été membre de cabinets de gauche comme de droite. Elle définit l’ensauvagement comme une «sauvage indifférence aux êtres humains»

Sur base des données de 2005, elle anticipe 3 axes majeurs de l’ensauvagement : la prolifération des (bio) armes de destruction, le renversement du rapport de force sino-américain avec Taiwan comme nouvelle Alsace-Lorraine et ce terrorisme

Les attentats, écrit Delpech «posent aux sociétés qui en sont les victimes des questions cruciales : quelles idées méritent encore que nos sociétés post-héroïques prennent des risques pour les défendre?».

Pour Delpech, la «lutte qui révèle nos faiblesses n’est ni militaire, ni policière, ni judiciaire, mais intellectuelle et morale». Il nous faut retrouver le savoir, le courage de la liberté, le sens de notre responsabilité dans l’histoire. Car

Comment résister si les sociétés occidentales, dans leur désir de paix à tout prix se verraient bien en «retraitées de l’Histoire», vivant de leurs rentes, sans adversaires ni adversité, entourées de partenaires commerciaux ?

Comment résister si le relativisme et le simplisme jettent le discrédit sur le savoir, la connaissance, la science? Si la disqualification de la raison empêche de voir et ordonner le réel pour anticiper les évènements futurs?

Comment résister si «l’ancrage dans le passé, la transmission des valeurs» disparaît pour ne laisser que la frénésie de l’actualité? S’il manque le lien du passé au présent et à l’avenir qui forme la durée d’une responsabilité engagée?

Comment résister si le déni est la seule arme qu’on oppose au mal ? Si l’aveuglement désavoue la réalité et empêche d’y agir adéquatement ? Si à «force de vouloir être leurrés, on finit par l’être» ?

Comment résister si le mensonge, «l’une des pires formes de destruction de l’humanité », ajoute au cynisme et à la confusion, qu’on n’arrive plus à distinguer le bien du mal, le vrai du faux ?

Comment résister si « nous ne croyons plus suffisamment en nos valeurs pour les enseigner, encore moins les défendre () ce que les terroristes n’ignorent pas» ? « Quand les valeurs (), paraissent bonnes pour tout sauf pour l’action ?»

Comment résister si nous restons indifférents et passifs devant la tragédie de ceux qui se battent au nom des valeurs démocratiques que nous proclamons ?

Comment résister si « la force de la conviction est dans l’autre camp » ?
Quand «la passivité qui accompagne la montée de la violence est plus inquiétante encore que la violence montante. Car elle rend sa victoire possible"

Comment résister dans des sociétés où la peur évacue la mort, quand le message adressé est : « Vous qui aimez la vie, sachez que nous ne craignons pas la mort ? »

«La résistance à la terreur n’est pas condamnée d’avance, et au siècle du mensonge, il arrive que la vérité relève la tête ». Et que l’on vive tête droite.