THREAD Aujourd'hui j'ai envie de vous raconter une histoire. Je vais vous parler de ce qui est arrivé à C., une amie proche. On s'est rencontrées il y a 4 ans, quand nous étions expats dans un pays où le soleil brille toute l'année...

On avait toutes les 2 suivi notre conjoint et nos aînés avaient le même âge. On se voyait toutes les semaines. Quand on est expat, les amitiés se forment facilement car on est tous loin de nos proches. Les amis deviennent notre famille sur place...

En apprenant à mieux connaître C, une chose m'a frappée. Je vivais dans ce pays depuis 2 ans, elle depuis 4 ans. Mais à part moi, elle n'avait qu'une seule autre amie. Elle souffrait énormément de la solitude et du mal du pays.

J'avais plusieurs amies dans ce cas-là, tout le monde n'est pas fait pour l'expatriation. En général, ces familles repartent dès que possible. Pas elle. Elle m'a avoué espérer que son mari fasse un truc illégal pour qu'ils soient expulsés vers la France.

Monsieur estimait que c'était des enfantillages et qu'il ne gagnerait jamais autant d'argent en France. Comme il travaillait, il estimait qu'elle devait prendre en charge tous les travaux ménagers, la cuisine et s'occuper des filles à 100%. Weekends compris...

Mais il trouvait qu'elle le faisait mal. Elle avait grossi, pas le temps de s'occuper d'elle avec 2 filles en bas-âge, reproches. Elle n'arrivait pas à apprendre la langue locale, autres reproches.
Lui avait l'argent et un meilleur diplôme, donc il prenait toutes les décisions.

Il a choisi une école dans sa langue maternelle à lui, que ni elle ni les enfants ne parlent. Impossible pour elle de communiquer avec les enseignants et les autres parents. Mais elle doit quand même s'occuper des devoirs.

L'aînée a un retard de développement ? C'est parce qu'elle est une mauvaise mère. La cadette hurle quand elle la laisse seule avec son père ? C'est aussi de la faute de C. Un enfant tousse ? C'est parce qu'elle est négligente.

En août 2017, en vacances en France sans Monsieur, elle parle enfin de sa détresse à ses parents. Ceux-ci lui conseillent de retourner dans son pays de résidence et d'essayer de trouver une solution à l'amiable avec Monsieur. Mauvaise idée.

Sa solution à lui, c'est qu'elle se sacrifie pour les filles, pour qu'elles grandissent avec un papa et une maman. Elle va consulter une avocate, qui lui conseille d'essayer de divorcer à l'amiable, les procédures étant longues et chères. Mauvaise idée.

Dès qu'elle parle de divorce, Monsieur confisque les passeports des filles, surveille toutes ses dépenses et contrôle son accès à la voiture familiale. Il envoie des messages à tous les amis de C. pour qu'ils arrêtent de lui donner “de mauvais conseils”.

Ce pays permet aux expats de choisir la loi locale ou la loi de leur pays pour régler leurs affaires familiales. En 2018, avec l'aide de ses parents, elle lance une procédure de divorce en France. Monsieur refuse de se rendre à l'audience et puis d'appliquer le jugement.

Il fixe ses conditions pour lui permettre de rentrer : paiement de 30 000 EUR de “dédommagement” par fille, réduction de la pension alimentaire fixée par le juge, promesse de lui rendre les filles quand elles auront 12 ans. Impossible moralement et financièrement.

En mars 2019, elle lance la longue procédure de reconnaissance du jugement français dans son pays de résidence. Tout en vivant avec Monsieur, en subissant sa violence psychologique et financière. Et la procédure aboutit ! C. obtient la garde des filles devant la justice locale.

En février 2020 Monsieur fait appel, et perd. C. ne peut toujours pas rentrer, il faut un autre jugement pour l'obliger à rendre les passeports. En tout, les parents de C. ont dépensé plus de 16 000 EUR de frais de justice pour l'aider à revenir. Août 2020, coup de théâtre !

Monsieur est expulsé du pays de résidence. C. n'arrive pas à savoir pour quelle raison. Après avoir vendu tout ce qu'ils pouvaient, ils prennent l'avion et se séparent sur un quai de gare. C. va vivre avec les filles chez ses parents et Monsieur... se débrouille.

Pour s'installer en France avec les filles, il lui a donné... tenez-vous bien... 25 EUR. Quelques semaines plus tard, il a envoyé 500 EUR. Comme elle n'a pas accès au compte, qui a toujours été au nom de Monsieur, elle n'a aucune idée de ses moyens actuels.

Un retour d'expatriation, c'est difficile dans le meilleur des cas. Elle fait le maximum pour que ses filles se sentent bien dans leur nouvelle vie. Elles adorent l'école française ! Pour C., tout est à reconstuire après avoir subi des années de sape psychologique...

Elle a perdu toute confiance en elle. Elle a un gros trou dans son CV. Elle n'a pas 1 euro devant elle, dépendant de ses parents et du bon vouloir de Monsieur. Hier, elle a appris que sa demande de RSA a été refusée. Pourquoi je vous raconte tout ça ?

On ne parle pas assez d'emprise psychologique. Ni les parents de C., ni son avocate, ni elle-même pendant longtemps, n'ont pris la mesure du comportement toxique de Monsieur. C. pensait que ce n'était pas si grave, puisqu'elle ne prenait pas de coups. Ensuite...

pour alerter sur la situation des personnes qui suivent leur conjoint et se retrouvent en situation de vulnérabilité. L'ambassade a toujours refusé d'aider C., estimant qu'il s'agissait d'une affaire privée. Un bon article ici : https://www.femmexpat.com/dossiers/la-securite/aspects-juridiques/de-la-vulnerabilite-des-femmes-expatriees/

Enfin, mon amie a trouvé la force de traverser tout ça grâce à l'écriture. Elle a publié un roman et un recueil de poèmes sous pseudonyme. Moi je trouve ça incroyable, et je pense qu'elle mérite un peu de pub ! RT appréciés. Sa page Facebook est ici : https://www.facebook.com/SabrinaAlkabah/ 

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