De retour au tribunal pour le procès des #AttentatsJanvier2015. Aujourd'hui, on entend les parties civiles de l'Hyper Cacher. Le 9 janvier, Amédy Coulibaly a fait feu dans ce supermarché cacher, tuant 4 personnes, blessant le gérant et prenant 26 personnes en otage

On entend d'abord le père de Yohan Cohen, décédé alors qu'il avait 20 ans. Ce jeune employé du magasin a été la première victime d'Amédy Coulibaly dans l'Hyper Cacher #AttentatsJanvier2015

Il se trouvait au travail lorsqu'il apprend qu'une prise d'otages est en cours à l'Hyper Cacher, il arrive sur place vers 14 heures. Il décrit une "situation insoutenable. On ne s’est même plus où on habite" #AttentatsJanvier2015

A 16h, il entend sur BFM qu'il n'y aucun blessé, aucun mort. "Je me dis, c'est bon, c'est bon" Une demi-heure plus tard, c'est une énorme désillusion, il apprend qu'il y a 4 morts. Puis jusqu'à 19h30-20h, plus rien, c'est le silence. #AttentatsJanvier2015

Puis une commissaire vient les chercher pour les emmener dans une banque à côté. Sur le chemin, il la questionne, elle ne répond pas. "Dites-moi, dites-moi, mon fils est parti?" Elle fini par acquiescer. #AttentatsJanvier2015

"Ma réaction a été très violente, j’en revenais pas, j’étais incontrôlable", confie le père de Yohan Cohen. "Le pire a été le lendemain, on avait l'impression d'être des autres gens"

Il raconte à la barre avoir tout fait pour protéger sa femme et sa fille, gardant par exemple pour lui que son fils avait souffert et n'était pas mort sur le coup. Elle l'ont finalement appris au bout d'un an et demi à la faveur d'un témoignage. #AttentatsJanvier2015

"Personne ne veut faire pleurer personne. On a tous notre ressenti à l’intérieur mais ça ne sort pas. Nous on a 50 ans, ms ma fille elle a 22 ans, elle a grandi avec ça", raconte-t-il à la barre. Il n'a pas pu reprendre le travail. "Je ne suis plus moi-même" #AttentatsJanvier2015

"Je l’ai toujours éduqué comme l’éducation j’avais reçu moi-même, il n’y a pas de religion. D’ailleurs son meilleur ami c’était Lassana (Bathily)" #AttentatsJanvier2015

"C’est pas possible d’enlever la vie à un enfant de 20 ans... Cette facilité qu’il a eu à enlever mon fils et les trois autres personnes, je ne pardonnerais jamais. Pourquoi cette haine du juif ? J’arriverais jamais à le cerner" #AttentatsJanvier2015

"On est des survivants, on arrivera plus à vivre normalement, c’est impossible, on nous a volé notre chair, ce ne sont pas que des mots..." #AttentatsJanvier2015

La mère de Yohan Cohen ne sait tjs pas les circonstances de la mort de son fils. « Ce serait une catastrophe ». Sa fille en revanche l'a découverte de façon fortuite. #AttentatsJanvier2015

Toute la famille est partie vivre en Israël mais sa fille vient de rentrer en France pour des raisons professionnelles. Il y a 10 jours il s'est fait agresser dans le 16e à 16h... "Vous imaginez ma peur qui est la mienne pour lui" #AttentatsJanvier2015

On entend maintenant l'oncle de Yohan Cohen, qui était au côté des parents de la victime pendant la prise d'otage. "Malgré ce drame qui se passait on était rassuré parce que la presse disait il n’y a pas de mort" #AttentatsJanvier2015

"Puis au bout d’un moment, certains otages commence à passer des coups de fil à leurs parents. " Il finit pas demander à la mère d'un otage de demander à sa fille si Yohan va bien. Elle ne voit pas de qui il s'agit. "A ce moment-là, j'ai compris." #AttentatsJanvier2015

Il est 16 heures, les proches de Yohan Cohen n'auront la confirmation qu'à 20 heures #AttentatsJanvier2015

L'oncle de Yohan raconte à la barre les conséquences sur leur famille du drame. Sa soeur "est l'ombre d'elle-même", il faut l'accompagner "comme une enfant" pour tout. Son beau-frère également est l'ombre de lui-même. L'appartement de sa mère est "un sanctuaire".

C'est lui qui a reconnu le corps de son neveu pour épargner ces images à sa soeur et son beau-frère. "Je n'ai plus que cette image qui reste. J'ai vu un psy pendant deux ans parce que j'étais très agressif." #AttentatsJanvier2015

On entend maintenant Valérie Braham, la femme de Philippe Braham, abattu par Amédy Coulibaly après avoir décliné son identité. #AttentatsJanvier2015

"Quand j’ai appris pour la policière à Montrouge, j’ai eu très très peur, mes enfants étaient scolarisés à Montrouge." Elle hésite à les remettre. "Mon mari m’a dit, non non, on va pas arrêter de vivre à cause d’un petit con." #AttentatsJanvier2015

"D’habitude j’en fais qu’à ma tête mais j’ai bien fait de l’écouter ce jour-là, sinon mon fils aurait été avec lui ce jour-là". Elle apprend la prise d'otage par un appel de sa soeur. Elle la rassure d'abord, son mari a fait les courses la veille. Mais elle a un doute

La veille, il n'a pas ramené tout ce qu'il y avait sur la liste de courses. « Alors je l’engueule un peu. C’est pas grave, j’y retourne. Pas besoin, je ferais sans. Mais pour pas me contrarier… Peut être si je n’avais rien dit… » #AttentatsJanvier2015

Son témoignage est très fort, c'est terrible, on sent que cette femme porte, encore aujourd'hui, une forme de culpabilité. #AttentatsJanvier2015

Pdt la prise d'otage, elle essaie de l'appeler à plusieurs reprises. Lui qui répond tjs ne décroche pas. "J’ai eu très peur tout de suite, j’ai senti qu’il y avait quelque chose n’allait pas. J’ai fait un malaise à la crèche, j’ai tout de suite compris que mon mari était là bas"

"Quand il y a eu l’assaut, je le cherchais partout. On nous disait y a des victimes, pas de victimes. Elle appelle alors les hôpitaux. J’essaye de joindre les gens mais personne ne peut me répondre." #AttentatsJanvier2015

Elle apprend finalement son décès par le président de sa communauté. "J’ai 2 bébés avec moi et ma fille de 8 ans. Le monde s’est écroulé. Qu’est-ce qu’on va devenir. Mon mari c’était mon pilier, je suis morte avec lui. Aujourd’hui, je suis vivante juste pour mes enfants."

Son témoignage est poignant. "Mes enfants qui grandissent sans leur papa, ma petite dernière qui ne s’en souvient même plus. J’ai peur de l’oublier, j’ai peur que mes enfants l’oublie." #AttentatsJanvier2015

"J’ai peur de l’avenir. Je ne sais pas ce que je vais leur raconter plus tard. Ils savent que leur papa est parti, qu’un méchant monsieur l’a tué mais il ne comprend pas pourquoi un méchant voulait tuer papa, papa c’est le plus gentil du monde." #AttentatsJanvier2015

"Les gens ont repris le cours de leur vie, ils ont leurs enfants, repris le travail. Moi j’ai essayé, une fois, deux fois.
C’est fini les parcs, les disneyland et les anniversaires avec les copains." #AttentatsJanvier2015

La cour projette des photos de Philippe Braham, souriant, ses deux plus jeunes enfants dans les bras. "Ca paraît lointain peut être mais pour moi c’était comme si c’était il y a deux jours. Moi je le vis tous les jours." #AttentatsJanvier2015

On entend maintenant Zarie Sibony, qui était caissière à l'Hyper Cacher. La jeune femme raconte presque seconde par seconde la prise d'otages. #AttentatsJanvier2015

"J’étais à ma caisse, j’étais en train de faire passer un paquet de poulet surgelé qui est tombé par terre." Il est un peu plus de 13h, qd elle entend les 1eres détonations. Elle voit Yohan, son collègue grièvement blessé au visage. « au secours Patrice, ca fait mal », crie-t-il.

Patrice, le gérant, s'approche. Il est à son tour la cible de tirs. Touché au bras, il parvient à s'enfuire. Zarie se cache sous sa caisse, entend Amédy Coulibaly abattre Philippe Braham. #AttentatsJanvier2015

Elle pense d'abord à un braquage. "Tu penses que je suis là pour l’argent? Les frères Kouachi et moi, on fait partie d’une même équipe, on s’est scindé en deux." #AttentatsJanvier2015

Amédy Coulibaly leur assène alors: "Vous les juifs, vous aimez trop la vie. Vous pensez que c’est la vie le plus important, alors que c’est la mort le plus important. Et moi je suis venu pour mourir." #AttentatsJanvier2015

"Je me suis dit que j’allais tout faire pour vivre, faire tout ce qu’il demandait pour qu’il arrête de tuer des gens." A la demande de Coulibaly, elle descend demander aux gens cacher de sortir mais ces derniers ne veulent pas. #AttentatsJanvier2015

"Si je remontais pas, il allait tuer Andréa (l'autre caissière), si je remontais toute seule, il allait me tuer. Je suis quand même remonter, la peur au ventre. " Finalement, Coulibaly envoie une autre otage essayer de les faire remonter. #AttentatsJanvier2015

Coulibaly lui demande d'aller fermer la porte. Elle se trouve face à Michel Saada. Elle lui dit de faire demi-tour, il lui dit qu'il sera rapide. Il fait un pas dans le magasin, comprend puis tente de repartir. Il est finalement abattu par Coulibaly #AttentatsJanvier2015

Zarie ferme la porte. "J’étais en train de nous enfermer, de tous nous enterrer vivant." #AttentatsJanvier2015

A plusieurs reprises, Coulibaly envoie les otages chercher ceux cachés au sous-sol. Certains acceptent finalement de remonter, parmi eux Yoav Hattab, 21 ans.

" Dès qu’il est monté, il a vu le terroriste, il a tout de suite vu l’arme. Il a tout de suite tenter qq chose. On y pensait tous, mais on a pas eu le cran. Il n’a pas eu le temps de la positionner, que déjà le terroriste a tiré une balle dans la tête. " #AttentatsJanvier2015

Son témoignage, d'une précision chirurgicale est extrêmement dur. Elle impressionnante de courage. On sent la folie meurtrière d'Amédy Coulibaly. #AttentatsJanvier2015

Après la mort de Yoav Hattab, Amédy Coulibaly les met en garde et leur montre son arsenal. «Il avait de quoi tous nous tuer une dizaine de fois et même faire sauter le magasin » #AttentatsJanvier2015

Elle raconte qu'Amédy Coulibaly leur fait des blagues "Allez-y, mangez, c'est gratuit". A l'étage, un petit garçon de 3 ans est malade, vomis. Elle demande si elle peut nettoyer.

Amédy Coulibaly répond "Faites ce qu’il faut, qu’on dise surtout pas que je fasse du mal aux enfants". Son discours était irrationnel, comment on peut dire 'qu'on ne dise pas je fasse du mal aux enfants' alors qu’on vient d’abattre d’une balle dans la tête des gens."

"Pendant ces 4 heures et 4 minutes, j’étais sure de mourir, j’espérais juste que ca ne fasse pas mal comme Yohan... ", confie Zarie. #AttentatsJanvier2015

Aujourd'hui Zarie vit en Israël et a fait une formation d'infirmière. « Après l’attentat je me suis dit ‘hors de question que je sois dans cette situation et que je ne sache pas quoi faire ». Pourtant, la vue du sang est encore très dure à supporter. #AttentatsJanvier2015