Vous êtes de plus en plus nombreux à vouloir savoir comment je suis devenue illustratrice, si j’en vis, comment je trouve mes clients, etc.
Le dimanche est un jour parfait pour un thread, alors c’est parti, explications
Le dimanche est un jour parfait pour un thread, alors c’est parti, explications


Salon étudiant, stand de l’ @EcoleBrassart, coup de

Il s’agit d’une école de communication visuelle, et non de BD. La différence est importante, car la 1ère forme des graphistes pour tout ce qui est pub, tandis que la 2e apprend aux gens à dessiner.
À l’époque, la comm visuelle me convenait, ça me semblait + sûr niveau débouchés.
À l’époque, la comm visuelle me convenait, ça me semblait + sûr niveau débouchés.
Bon, grosse blague. Le milieu du graphisme est archi bouché, les postes « sûrs » (en CDI ou même juste salariés) n’existent quasiment plus, ou alors il faut 1-vivre à Paris 2- avoir des zillions d’années d’expérience. Quant à l’ambiance dans ces boîtes... vraiment pas mon truc.
Avec mon diplôme en poche et environ zéro envie de me forcer à intégrer ce milieu, eh bien...
J’ai pris le 1er job alimentaire qui me tombait sous la main le temps de rassembler mes esprits et savoir où mettre le cap.

J’ai pris le 1er job alimentaire qui me tombait sous la main le temps de rassembler mes esprits et savoir où mettre le cap.
J’ai envisagé de me réorienter, mais merde : j’avais aimé mes études, j’aimais toujours autant dessiner, il devait bien y avoir quelque chose à tirer de ça ? Non ?
Si. Et vous n’allez jamais croire comment tout a vraiment commencé. C’était en l’an de grâce 2012...
Si. Et vous n’allez jamais croire comment tout a vraiment commencé. C’était en l’an de grâce 2012...
1 : sous la pression de mes copines, j’ai ouvert une page facebook. Le flip était total, parce que (ça alors) je me trouvais bien trop nulle pour oser avoir un tel culot. Mais bon, c’était juste pour le plaisir, à l’époque devenir illustratrice n’était pas une option.
Mes études m’avaient donné quelques bases de dessin, mais elles n’étaient que ça : des bases. Je n’avais pas le niveau pour prétendre être professionnelle. D’ailleurs, je n’y prétendais pas, cette page m’aidait juste à me motiver. Je dessinais tous les jours. Et je progressais.
2 : à cette époque (en 2012 donc), je partageais mes romans sur Skyblog, qui abritait une belle communauté d’auteurs. Beaucoup de monde me lisait, et une partie de ces gens a fini par échouer sur ma page et suivre cette autre facette de ma créativité.
Parmi ces gens, des autrices qui ont fini par signer des contrats d’édition et ont parlé de moi à leur éditeur.
Éditeur qui m’a contactée.
Qui m’a commandé une 1e couverture de roman.
Puis une 2e, une 3e... une 10e, une 15e.
Éditeur qui m’a contactée.
Qui m’a commandé une 1e couverture de roman.
Puis une 2e, une 3e... une 10e, une 15e.
Skyblog à l’époque, c’était comme wattpad maintenant : les éditeurs aimaient bien venir y démarcher les auteurs. Le bruit engendré par cet éditeur et mes couvertures s’est propagé partout, et d’autres éditeurs m’ont contactée à leur tour pour que je travaille pour eux.
Et voilà que, soudain, je gagnais de l’argent avec mes dessins. Mieux, les gens venaient me chercher, moi, une autodidacte un peu moyenne, pour me faire travailler ? Parce qu’ils aimaient ce que je faisais ? C’était incroyable.
D’ailleurs, je n’y croyais pas. J’ai continué mes jobs saisonniers jusqu’en 2017, persuadée que tout finirait par s’arrêter, c’était pas possible qu’on continue à me contacter moi alors qu’il y a tant de dieux de l’illustration partout sur internet. Oui vous avez bien lu : 2017.
Il m’a fallu 5 ans pour enfin accepter que j’étais légitime dans ce boulot, que ça plaisait vraiment, que c’était pas juste un coup de chance et que, non, ça n’allait pas s’arrêter à moins que je le décide.
J’ai lâché les saisons pour devenir illustratrice à temps plein.
J’ai lâché les saisons pour devenir illustratrice à temps plein.

Est-ce que j’en vis bien ? Tout dépend de ce qu’on appelle « bien ». Ça varie selon les mois, mais je tourne en moyenne juste au-dessus du SMIC.
Vous trouverez peut-être que c’est peu, mais hear me out : j’ai une polyarthrite rhumatoïde qui touche principalement mes mains (sinon c’est pas drôle) et affecte beaucoup mon énergie. Il m’arrive de ne pas pouvoir travailler pdt des jours à cause de la douleur ou de la fatigue.
C’est sûr que je gagnerais bien mieux ma vie si j’étais en bonne santé, mais, bon, hein, voilà. On n’a pas toujours ce qu’on veut. La chance que j’ai, c’est que je vis seule en pleine campagne, mes charges sont donc assez légères pour que je puisse vivre correctement...
... et même, parfois, économiser un peu et partir en voyage
Et ça les gars c’est HYPER IMPORTANT à mes yeux.
Donc, pour conclure le côté financier, je vis décemment de l’illustration depuis 2017 et j’en suis comblée.

Donc, pour conclure le côté financier, je vis décemment de l’illustration depuis 2017 et j’en suis comblée.

Eh ben, eheh.

Je ne peux pas vous donner de conseils là-dessus, car ce sont toujours eux qui me trouvent. Depuis le début de mon parcours en 2012 jusqu’à aujourd’hui, j’ai la chance de ne jamais avoir eu à démarcher personne.
Peut-être qu’un jour je prendrai mon courage à deux mains et enverrai mon book à des ME pour lesquelles je rêve de travailler, mais à l’heure actuelle mon syndrome de l’imposteur s’y oppose encore et le travail ne manque pas, so...

Comment j’explique ça ?
Je pense que c’est un mélange de bouche à oreilles, de présence sur les réseaux sociaux, un site bien référencé, mais aussi la participation aux salons, qui m’ont permis de rencontrer plein de gens, d’échanger avec eux et de décrocher de nouveaux contrats
Je pense que c’est un mélange de bouche à oreilles, de présence sur les réseaux sociaux, un site bien référencé, mais aussi la participation aux salons, qui m’ont permis de rencontrer plein de gens, d’échanger avec eux et de décrocher de nouveaux contrats
Bien sûr, vous n’avez pas forcément besoin de faire tout ça, certains ne sont pas à l’aise en salon, d’autres n’aiment pas les réseaux sociaux... C’est à chacun de trouver ce qui marche pour soi, je ne livre ici que ma propre experience, en aucun cas LA recette magique.

Elles sont chaotiques, je vais pas vous mentir (cf la polyarthrite qui me fait dormir n’importe comment et m’impose des siestes n’importe quand), même si j’essaie de garder une certaine structure.
Par exemple, j’essaie de garder deux jours de congé fixes, dont le dimanche. Pour l’avoir négligé jusqu’à très récemment, je sais que c’est hyper important de se ménager de vraies coupures sans quoi on finit par brûler dehors (ui j’adore traduire littéralement les expressions)
Je fais aussi des listes par semaine et par jour, pour m’aider à voir plus clair dans mon boulot.
Et je commence toujours par ce qui me motive le moins, parce que c’est plus simple de s’y consacrer quand on a de l’énergie qu’en fin de journée.
Et je commence toujours par ce qui me motive le moins, parce que c’est plus simple de s’y consacrer quand on a de l’énergie qu’en fin de journée.
Et pour finir, j’essaie de garder du temps pour m’entraîner.
Pro ou pas, autodidacte ou non, on peut TOUJOURS s’améliorer.
Je sais quelles sont mes lacunes et je travaille à les combler petit à petit, l’une après l’autre, tout en expérimentant d’autres trucs.
Pro ou pas, autodidacte ou non, on peut TOUJOURS s’améliorer.
Je sais quelles sont mes lacunes et je travaille à les combler petit à petit, l’une après l’autre, tout en expérimentant d’autres trucs.
La progression est forcément moins rapide que si j’y consacrais des journées entières comme en 2012, mais quel plaisir de comparer les travaux d’aujourd’hui à ceux de l’année précédente et d’y voir une amélioration !
Ce thread commence à être beaucoup trop long alors je vais l’arrêter là. Peut-être qu’il sera complété en fonction de vos questions, j’espère en tout cas qu’il a déjà pu répondre à la plupart d’entre elles !