Bonjour, cela fait 24 ans que j'ai été embauchée comme jeune chercheuse, juste après ma thèse de doctorat, à 25 ans, pour faire de la recherche fondamentale sur le climat @CEAParisSaclay. Quelques éléments de réflexion au regard des discussions sur la #LPR ...

Le fait d'avoir un poste stable rapidement m'a permis de me poser, de construire des collaborations durables avec des collègues devenus des amis dans de nombreuses régions du monde, d'avoir cette émulation et cette coopération qui sont essentielles pour produire des connaissances

Cela m'a permis aussi d'avoir une activité professionnelle très intense et une vie de famille, une implication dans la vie associative et la vie de ma commune ...

Depuis 24 ans, je vois se dégrader les conditions de travail. La recherche des financements nécessaires, au détriment du temps passé à faire de la recherche.

Le temps passé à former de jeunes techniciens, ingénieurs, scientifiques, contractuels, puis former les suivants quand il n'est pas possible de leur offrir un emploi stable alors que le besoin reste.

Le parcours du combattant qu'est devenue la vie des jeunes scientifiques pour trouver leur prochain post-doc, dans une autre ville, dans un autre pays, les compromis difficiles qu'on leur impose pour pouvoir continuer à construire leur projet de recherche.

Aujourd'hui par exemple, l'âge moyen des recrutements au CNRS flirte avec les 35 ans. Beaucoup de talents sont perdus. C'est un obstacle pour l'épanouissement professionnel et personnel de celles et ceux qui veulent aussi construire une vie de famille.

Je vois aussi se dégrader profondément les conditions de travail des enseignant-chercheurs. Plus d'étudiants, pas de moyens supplémentaires. Des conditions très difficile pour les jeunes maîtres de conférence pour continuer leur activité de recherche.

Des collègues qui sont formidables, investis, dynamiques, dévoués, créatifs, qui savent accompagner les étudiants, mais s'épuisent.

Si on me demandait ce qui devrait être le coeur d'une grande loi pour la recherche, ce serait à mon sens d'agir au bénéfice des jeunes scientifiques, sur leur précarité, sur le temps qu'ils peuvent consacrer à produire des connaissances nouvelles, sur leur financement.

Je suis profondément inquiète d'un projet de loi qui ne répond pas à ces besoins profonds, et qui risque de créer un système à deux vitesses parmi les enseignant-chercheurs.

Merci de votre écoute.