Un bateau avec un port en lourd de 72809 Tonnes, possédant 9 canons de 460MM capable de projeter des obus de 1460KG à 42025 Mètres ?
C’est la classe Yamato et on va en parler dans ce thread, en commençant pas sa genèse et ses caractéristiques techniques :
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Afin d’éviter de se retrouver avec un thread de 1627Tweets il sera divisé en deux parties, la première aujourd’hui se concentrera sur la genèse de la classe Yamato ainsi que ses caractéristiques techniques tandis que le prochain thread reviendra sur l’usage opérationnel de…
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…la classe Yamato et portera des conclusion et réflexions sur l’engagement de ces super-cuirassés.
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Sommaire de ce thread :
Contexte et introduction à la vision dogmatique Japonaise : Tweet 5 à 31
Genèse classe Yamato : Tweet 32 à 40
Introduction aux caractéristiques : 41 à 42
Motorisation : 43 à 46
Armement : 47 à 60
Blindage : 61 à 69
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Contexte et introduction à la vision dogmatique Japonaise :
Soumis à un embargo commercial imposé par les USA et la Grande Bretagne l’empire Japonais s’inquiète pour la pérennité de ses approvisionnements en matières premières.
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Ces ressources étant nécessaires à l’effort de guerre en Chine et la montée en puissance de la Marine. Une situation vécue comme une humiliation par le peuple Japonais dont le sentiment de frustration s’accroit…
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Ce qui convainc les autorités militaires à obtenir par la force si besoin, les ressources dont les Occidentaux les privent.
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Ainsi le 7 Décembre 1941, le Japon attaque la base américaine de Pearl Harbor.
La marine impériale Japonaise se prépare à cette guerre depuis longtemps déjà, les stratèges envisageaient qu’elle durerait un an au maximum.

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L’objectif était de s’emparer des indes néerlandaises, de la Malaisie britannique et des Philippines. L’ennemi principal de cette campagne ? L’US Pacific Fleet !

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La Marine impérial veut acquérir et conserver la supériorité navale dans le pacifique occidental et y constituer un glacis défensif infranchissable face à l’Est.

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Le Japon régnerait ainsi sur une zone du pacifique s’étendant du continent asiatique à l’ouest aux Indes néerlandaises au Sud, aux archipels des Mandates à l’est et enfin jusqu’aux îles Kouriles au Nord.

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Certains responsables de l’époque espèrent vaincre la Pacific Fleet dans une bataille similaire à celle de Tsushima, là ou d’autres estiment en revanche que la Marine Impériale ne dispose pas des moyens pour la vaincre mais seulement l’empêcher…

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Provisoirement de bouger à sa guise et ainsi laisser le temps aux forces japonaises de renforcer et fortifier les territoires qu’elle aurait conquis. Lui assurant un approvisionnement en ressources. Obligeant, espèrent-ils les Etats-Unis à rentrer en négociation.

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Les Japonais limitent leur vision stratégique à une vision régionale et non globale, car le Japon est handicapé par son manque de moyen face à ses adversaires potentiels et souffre donc du sentiment d’infériorité qui en découle.
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Un sentiment qui se retrouve paradoxalement après la victoire du 1905, durant laquelle les Russe alignaient plus de cuirassés.
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Les traités de Washington en 1922 et Londres en 1930 aggraveront aussi ce sentiment, car les conditions qu’ils imposent et l’endettement dont souffre le Japon limitent l’expansion de sa Marine.
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En 1936 ayant conscience de ses propres faiblesses la Marine Impériale trouve le moyen de contourner ce manque de matériel par l’entraînement à outrance d’une élite surqualifiée à même de vaincre par la qualité plus que par la quantité.
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Le principe des « Grands bateaux, gros canons » remonte même lui a peu après la bataille de Tsushima et à la doctrine du Capitaine de corvette Satō Tetsutarō celui-ci rédigea deux ouvrages qui auront une grande influence sur la future doctrine de la Marine Impériale.

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On peut aussi citer la date du 4 avril 1907, durant laquelle le conseil impérial obtient que les USA ainsi que la Russie deviennent des ennemis probables, ces textes permettront à la Marine d’obtenir plus de fonds…
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Et leur révision en 1918,1923 et 1936 valident grandement les idées de Satō Tetsutarō et donc la focalisation doctrinale de la Marine sur les cuirassés.
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Ainsi les stratèges Japonais dégageront des affrontements de Tsushima et des études sur Jutland 4 règles incontournables :
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1 : La doctrine de la bataille décisive, élément central de la stratégie de la Marine qui dit qu’un combat d’anéantissement diurne entre grands bâtiments extrêmement bien armés peut permettre un gain stratégique majeur.

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2 : L’usages de cuirassés ayant une artillerie supérieure en portée, en calibre et en précision supérieure à celle de l’ennemi afin de pouvoir engager plus tôt et rompre le combat plus aisément.
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3 : L’Interception-Attrition, à savoir attirer la flotte ennemie loin des eaux métropolitaines (Inverse de Tsushima), mais avant cela l’affaiblir afin de rattraper le plus possible l’écart quantitatif entre les flottes.
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4 : Les tactiques alternatives, toutes les manœuvres complétant la doctrine de la bataille décisive, à savoir par exemple tout ce qui a rapport avec le combat de nuit et l’usage des torpilles.
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Tous ces éléments permettent aisément de comprendre la vision Japonaise et par conséquent pourquoi la classe Yamato représente la quintessence de cette doctrine.
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Maintenant que nous avons tous les éléments pour comprendre ces choix, parlons un peu des différentes phases de réarmement du Japon. En réponse au traité de Londres en 1930 le Japon lancera quatre plans pour la production d’équipement navals.
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Le 1er plan de 1931 prévoit la construction de 39 Bâtiments en trois ans, les croiseurs de la classe Mogami et le Porte avion Ryūhō par exemple, naîtrons de ce premier plan.

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Le deuxième plan en 1934 sera retardé suite à des incidents à du fait de défauts de conception liés notamment au surpoids créé par certains armements entachant la…

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Stabilité de certains navires, il permettra finalement la mise en œuvre de navires comme les Sōryū et Hiryū ou bien bien les 10 destroyers Asashio.

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Mais c’est surtout le 3ème plan, celui de 1937 qui va nous intéresser, désormais libéré des traités de Londres et Washington dont il aura dénoncé les termes, celui-ci verra la pose de la quille du Yamato en 1937 et celle du Musashi en 1938
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Genèse classe Yamato :
Mais avant ça ?
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Il est de temps de rentrer enfin dans le vif du sujet, en parlant de la genèse du Yamato, maintenant que les bases sont posées et que l’on peut comprendre la logique ayant menée à la construction des super cuirassées…
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De la classe Yamato en considérant la vision dogmatique de la Marine Impériale Japonaise. Ainsi en 1933 commence enfin à s’esquisser l’idée de la construction de super-cuirassés, à cette époque la Marine Japonaise…
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Estime que deux cuirassés d’un type nouveau, capable d’atteindre des cibles bien au-delà de la portée de ses adversaires et de supporter les coups des plus gros canons qui lui feraient face, pourraient à eux seuls faire pencher la balance en la faveur de la Marine Nippone.
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A cette fin le contre-amiral Fujimoto Kikuo proposa de monter des pièces d’un calibre de 50.8CM dans un cuirassé, mais finalement la Marine exigea le développement d’un cuirassé armé de pièces d’un calibre de 45.7CM.
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Et le projet pour la construction de la future classe Yamato démarra en octobre 1934. Le design Finale sera adopté en juillet 1936, mais ce ne sera qu’en Mars 1937 que les plans reflèteront réellement ce que sera la classe Yamato dans l’avenir.
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Une conception qui durera 2 ans et 5 mois et durant laquelle pas moins de 24 design différents seront étudiés. Fukuda Keijii principal responsable des plans de la classe Yamato créa un donc un navire répondant au cahier des charges étiqueté…

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En octobre 1934 à savoir, un navire armé de huit canons de 45.7CM disposant en plus de quatre canons triples de 15.5 CM ou quatre canons doubles de 20CM, pouvant aller à 30kts, capable de parcourir 8000Miles nautiques à 16Kts grâce à ses 6300Tonnes de pétrole.
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Et aussi capable de résister à des tirs d’obus de 45.7CM tirés à des distances de 20 à 35KM. C’est à Kure que fut posée à la Quille du Yamato le 4 novembre 1937 pour un lancement le 8 Aout 1940 et la pose de tous les armements le 16 décembre 1941…

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Une semaine après Pearl Harbor. La quille du Musashi sera elle posée le 29Mars 1938 aux chantiers navals de Nagasaki il prendra la mer le 1er Novembre 1940 et sera armé le 5 Aout 1942.

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Caractéristiques des navires :
Alors, en 1941, elle avait quoi dans le ventre la classe Yamato ? On va parler chiffres !
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Le navire mesurait 263 mètres de longueur, avait une largeur max de 38.90 mètres un tirant d’eau de 10.86 mètres et déplaçait à sa charge maximale de 72 809Tonnes.

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(A titre d’exemple le Bismarck pesait 52600 Tonnes en charge !), ce qui en faisait tout simplement le plus lourd cuirassé jamais construit.
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Motorisation :
Pour déplacer une telle masse 12 chaudières et 4 turbines développant une puissance théorique de 150000CV étaient nécessaire, et elle lui permettait d’atteindre une vitesse de 27.46Kts…
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Durant les essais qui lui permirent d’atteindre cette vitesse le Yamato pesait 69 100 tonnes et développa 151 707CV une puissance transmise à 4 énormes hélices de 6 mètre de diamètre.
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Le Musashi lui atteindra durant les essais une vitesse de 27.61Kts et ses moteurs développèrent 154470CV pour une charge de 69 935 Tonnes.
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(Il est intéressant de noter qu’à un tel rythme avec les 12 chaudières en fonctionnement la consommation de pétrole s’élevait à 62 700kg/hr, soit 1233 kg pour 1000 mètres !)

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Armement :
En terme d’armement la classe Yamato possédait l’armement le plus puissant jamais monté sur un cuirassé, à savoir en 1941 : 9 canons de 46CM (réel 457MM)…
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Et de 45 calibres ce qui donne des canons ne mesurant pas moins de 21,3Mètres, un seul tube et sa culasse pesait 167Tonnes.

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Ils étaient disposés en 3 tourelles de 3 canons, à eux seuls les trois canons et leur culasse pesaient 495Tonnes, et le poids total des tourelles incluant le blindage ainsi que les différents mécanismes et munitions s’élevait à 2774 Tonnes.
Sa puissance de feu ?

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Il pouvait tirer des obus AP de 1460KG à la distance de 42.026 mètres avec une élévation de 45°, et ceux-ci mettaient 98.60Secondes à parcourir cette distance.

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Ses obus perforant étaient en mesure de percer 566MM de blindage vertical à une distance de 20Km en frappant la cible à 522M/s, 416MM à la même distance mais en frappant une plaque de blindage horizontale.

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Et encore 467MM de blindage vertical sur une cible distante de 30KM, une plaque horizontale de 230MM pouvait-elle être perforé à la même distance en la frappant à la vitesse de 475m/s.

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Ces canons disposaient aussi d’obus explosifs d’un poids de 1360Kg et remplis de 61KG de trinitro-anisole.
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L’obus le plus original qu’il était à même de tirer était sans conteste le San Shiki, un obus anti aérien à sous munition de 460MM qui pesait 1360KG et était constitué de 900 rubans enduits de phosphore et brulant à 3000C° durant 5 secondes !

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La durée de vie des tubes de 460MM était de 200 à 250 coups.
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(Une photo avec une eeprésentation précise des obus de 460 MM)
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En plus de ses canons de 460MM la classe Yamato possédait en 1941 de 12 canons de 155MM dans 4 tourelles triples, ainsi que de 12 canons de 127MM dans des affûts doubles, 24 canons de 25MM sur des affûts triples et encore 4 affûts doubles de mitrailleuses de 13MM.

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En 1945 la classe Yamato aura perdu deux tourelles de 155MM ainsi que ses pièces de 13MM afin de renforcer l’armement anti-aérien qui se portera désormais à 24 pièces de 127MM en 12 tourelles doubles et enfin…

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Un maximum de 156 pièces de 25MM en Avril 1945 pour le Yamato et 130 pièces de 25MM pour le Musashi en juin 1944.

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Enfin pour clore le chapitre de l’armement la classe Yamato pouvait aussi emporter 7 Hydravions pour la reconnaissance.

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La Protection :
Les navires de la classe Yamato disposaient d’un blindage conséquent, à même de pouvoir résister sous certaines conditions à la puissance développée par ses propres projectiles, ce qui explique le poids démentiel de celui-ci :
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22895 Tonnes à lui seul soit 30.8% du poids du navire !
La ceinture principale courant sur le flanc du navire mesurait 410MM d’acier trempé VH sans compter les cloisons supplémentaires de 355MM.

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La coque disposait en plus d’une forme particulièrement avancé maximisant la protection ainsi que la rigidité et minimisant le poids maximal.
Cette protection lui permettait de résister à des tirs de 46CM AP tirés à une distance de 20KM.
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Sous la ligne de flottaison la protection anti torpille mesurais de 50 à 200MM.

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La poupe et la proue disposaient d’un blindage de 300 à 340MM de blindage VH.
Le centre du pont du navire était équipé de plaque de blindages de 200 à 230MM pouvant mettre en échec des obus AP de 460MM tirés à une distance de 30KM…

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Et des bombes d’une tonne larguées à une altitude inférieure à 3400Mètres.
L’avant du pont était lui blindé à hauteur de 35 à 50MM.
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Les tourelles quant à elles disposaient d’un blindage allant jusqu’à 650MM d’épaisseur, de quoi mettre en échec n’importe quels obus aux distances usuelles de combat.

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Voilà la fin des considérations techniques de la classe Yamato et par conséquent (Enfin !) la fin de ce très long thread en deux parties.
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Les livres :
Kaigun Strategy,Tactics and technology in the Imperial Japanese Navy 1887-1941
Anatomy of the shop Battleships Yamato and Musashi
Capital Ships of the Imperial Japanese Navy 1868-1945 : The Yamato class and Subsequent planning
Imperial Japanese Navy Heavy Cruisers 1941-1945 New Vanguard
Imperial Japanese Navy Battleships 1941-54 New Vanguard
The Imperial Japanese Navy in world war II A graphic Presentation of the Japanese Naval organisation and list of Combatant and non-combatant vessels Lost and Damaged in the war
The concise Encyclopedia of World War II
World War II in the Pacific Encyclopedia
@threadreaderapp unroll !
Alors je viens de me rendre compte d'une chose, les acronymes pour les types de blindages c'est pas forcément limpide donc petit ajout :
Acier à surface durcie :
VH = Dureté Brinell 515 sur 7% de l'épaisseur puis se réduit progressivement jusqu'à 210 jusqu'à 35% de l'épaisseur.
VC = Dureté Brinell 220
Aciers homogènes :
NVNC = Dureté Brinell 220
MNC = Dureté Brinell 210 à 235 mais plus cassant que le MVNC.
CNC = Dureté Brinnel 225 le cuivre remplace le nickel pour éviter les pénuries.
DS = Dureté Brinnel 180 à 200, très ductile.
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