mais ce texte est honnêtement affligeant. Les signataires, les rédacteurs/trices de ce texte, on les connaît : un collègue prédateur, le directeur de l'Institut de linguistique française, un pamphlétiste non-spécialiste de la question, des "grands noms" de la linguistique, etc.
1e chose : le texte affirme que la question n'est "guère abordée sur le plan scientifique". À ça j'ai envie de répondre : c'est faux, mais vous ne pouvez pas le reconnaître car 1. vous ne lisez pas nos travaux 2. vous ne nous recrutez pas.
Il est ensuite question d'une écriture "imposée" partout par la propagande : déjà, on se calme, elle n'est imposée nulle part, et qd on la pratique dans le monde académique, on est assuré.e d'avoir un.e collègue qui en fait une raison pour insulter, mépriser, ridiculiser.
Je n'ai jamais JAMAIS vu de travaux sur cette question (et je suis à peu près certaine que j'en ai lu plus que vous) postuler l'existence d'une langue première "pure", même implicitement. Ça c'est juste votre fantasme, hein.
C'est intéressant de dire que "la langue n'est pas une création des grammairiens" dans un paragraphe, et d'affirmer dans le § suivant qu'un phénomène n'existe pas parce qu'il n'est pas dans les grammaires. Vraiment ? Vous en êtes là en termes de théorisation et de réflexivité ?
Aussi, le fait qu'une chose soit "mythique" (sur quoi appuyez-vous cette assertion ?) ne signifie pas qu'elle n'a pas d'importance culturelle ou qu'elle n'a pas d'existence sociale... c'est un peu... précisément... la raison d'être des mythes ? Je ? Je dis ça, après...
Par ailleurs, si vous preniez le temps d'aller fouiller sur le terrain (interroger élèves / étudiant.e.s; collecter des données sur les médias sociaux; etc.), vous constateriez que le mythe est bien vivant, et que le glissement du grammatical au social est très loin d'être rare.
Vient ensuite l'inévitable recours à l'arbitraire... j'ai lu vos travaux, je connais vos références, et je sais qu'un grand nombre d'entre vous critique le tout arbitraire lorsqu'il n'est pas question d'écriture inclusive, ne faites pas trop les malins.
Les pratiques d'écriture inclusive concernent un ensemble très restreint de noms d'humain dont les linguistes les plus classiques sont les premiers à reconnaître les spécificités : il faut être d'une mauvaise foi assez crasse pour prétendre
qu'il n'y a pas de motivation (elle n'a pas besoin d'être essentialisante, contrairement à ce que vous prétendez, la motivation peut tout à fait être sociale) dans l'existence des formes "boulanger" et "boulangère". Juste, stop le n'importe quoi, là.
Ensuite... le latin... AH OUI HEIN, le latin, c'est toujours super pratique de l'opposer comme argument dans un papier qui prétend lutter contre l'exclusion, on sait bien que le souci premier des gens c'est le latin et l'étymologie. MAKES SENSE. Sur un plan plus scientifique,
il faut encore une fois ne pas avoir froid aux yeux (et avoir perdu tout sens critique) pour faire les raccourcis que vous faites : je pense que vous savez très bien que le neutre latin n'est pas un "genre commun", ça s'appelle pas ne-uter pour rien.
Donc prétendre que la filiation neutre -> masculin (là encore, très approximative, puisque ++ noms neutres latin avec un pluriel en -a sont passés au féminin en français) est un argument validant le masculin qui désigne "l'un et l'autre", c'est vraiment peau de chagrin.
Ensuite... Simone de Beauvoir... !??? Votre argument c'est de dire : si le français est si sexiste COMMENT SIMONE DE BEAUVOIR ? Est-ce qu'on est vraiment au stade où je dois vous rappeler quand sans patriarcat, sans sexisme, sans misogynie, sans prédation... pas de féminisme ?
Les formes que vous proposez comme des exemples de pratiques sont.... au bas mot suspecte. D'aucuns diraient que c'est peut-être pas super honnête intellectuellement de sortir des "pratiques" non-sourcées qui ne reposent sur aucunes données.
Aussi, dire qu'une pratique est indéfendable parce qu'elle n'est pas pleinement normalisée c'est de nouveau contredire votre argument 1er de "C'EST PAS LES GRAMMAIRIENS QUI FONT LA LANGUE HEIN C'EST LE PEUPLE ALLÔ" - l'Académie dit pas mieux, hein, you're supposed to do better.
Votre dégoût, votre peur de l'exclusion est vraiment super louable... ce serait cool que les prédateurs, les racistes et les islamophobes dans la liste des signataires lèvent le doigt, c'est rien, c'est pour la science. Au-delà de votre hypocrisie, c'est une vraie question :
est-ce que l'écriture inclusive et particulièrement l'utilisation du point médian porte préjudice aux personnes dys ou ayant des difficultés d'apprentissage de la lecture. Ce débat là, il est essentiel et important. Je ne suis pas spécialiste de cette question,
et je ne prétendrai pas y répondre. Mais si vous voulez lire des choses sur les possibilités offertes pour gérer à la fois écriture inclusive (en particulier utilisation de marques typographiques) et accessibilité des textes, un début ici 🔽
Je ne vais même pas m'attarder sur "tous les systèmes d'écriture ont pour vocation d'être oralisés" de la part de gens qui pratiquent une langue dont l'orthographe n'est qu'en partie alphabétique. C'est juste faux et vous le savez.
Le gnan-gnan sur ON REMPLACE LES CONVENTIONS D'ÉCRITURE PAR DES RÈGLES MORALES fait qu'une nouvelle fois... vous vous contredisez, même cette fois sur la question de la pureté de la langue :
donc quoi ? avant le point médian orthographe et morale étaient entièrement dissociées ? Wow. Grosse puissance des féministes là.
J'ai oublié de parler des personne mal- ou non-voyantes tout à l'heure : les programmes de synthèse sont des programmes... donc si vous les modifiez pour lire certaines pratiques d'écriture inclusive, ils le feront, car ce sont des programmes... créés par des être humains.
Bien sûr, sur cette question, pour que ce soit efficace, il faut des pratiques normalisées, au moins en partie, là, je suis d'accord et je pense qu'il faut sérieusement réfléchir à des solutions pour permettre l'accessibilité.
Enfin, "l'argument" (?) du SI MÊME LES UNIVERSITAIRES Y ARRIVENT PAS AHHAAHAH LOL IMAGINEZ LES AUTRES. Alors 1. sérieusement, pour qui vous vous prenez, ça va, le mépris, là ? 2. pendant ma "carrière" (lol) d'universitaire,
j'ai reçu beaucoup de mails d'éminent.e.s linguistes présentant des coquilles, problèmes de syntaxe, problèmes d'orthographe, d'accord, etc. Donc si on suit votre logique, on arrête d'écrire parce que même les universitaires n'y arrivent pas ? Je sais pas, je demande.
Bref. Honte à vous d'avoir écrit / signé ce torchon, scientifiquement inepte, sans sources, sans maîtrise du propos et d'une extrême mauvaise foi. Il y a tellement de choses intéressantes à dire sur ce sujet, et les rares questions pertinentes posées sont vidées par le reste.
Aussi, déso pas déso pour toutes les coquilles, mais je ne suis plus universitaire, donc qui sait, peut-être que j'ai le droit.
Je suis à deux doigts de tagguer des gens mais il faudrait que je change de pseudo 😂😂
Ajout -- vous en avez de la chance, ô éminent.e.s signataires, on fait le boulot pour vous : https://twitter.com/MarCandea/status/1284801521641836547?s=20
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