Mention de transphobie/homophobie et harcelèlement scolaire

Thread sur la construction de mon identité de genre !

Il s'agit là seulement de mon expérience, mon parcours, ma vision des choses et mes ressentis. Il y a autant de parcours que de personnes trans
et avoir découvert sa transidentité tard ou ne pas faire de transition médicale par exemple n'est pas moins légitime !
Personnellement, dès mes trois ans, je disais que j'aurais aimé être un garçon. Dans mon enfance, j'ai projeté sur une représentation mentale de moi si j'avais été un homme cis, comme pour refaire mon enfance avec ce que j'aurais voulu et ce que je suis, en adéquation avec
moi-même. Je n'en avais juste pas encore conscience et je ne savais absolument pas qu'il était possible de transitionner, mais ça m'a aidé à tenir le coup pendant des années d'imaginer comment je m'habillerais "si j'étais un garçon", de passer des heures à regarder les vêtements
et jouets dits masculins que j'aimais, m'imaginer sans poitrine et avec une morphologie totalement différente. Bien évidemment ce sont des stéréotypes, mais l'idée est que je n'étais profondément pas cis et que j'avais besoin de le manifester d'une certaine façon, sans savoir
comment ni ce qu'il se passait à ce moment-là.

Je ressentais beaucoup d'euphorie de genre quand j'étais perçu homme, déjà avant mon CO et dans l'enfance. Ça me faisait toujours sourire et je me sentais vraiment bien. J'aimais aussi beaucoup "semer le doute" dans l'esprit des
gens, avoir une apparence assez neutre par rapport aux standards genrés et qu'on ne puisse pas présumer de mon identité de genre.
Il est difficile d'aborder la construction de cette dernière sans évoquer celle de mon orientation sexuelle. Au collège, les gens disaient que j'étais lesbienne et je leur répondais qu'assurément, non, je ne l'étais pas, que je ne me reconnaissais pas dans ce terme, mais je ne
pouvais pas encore poser les mots sur ce que j'étais. On m'a beaucoup harcelé pour cette raison et je pense que cela a beaucoup ralenti ma prise de conscience de ma transidentité, parce qu'on m'a empêché de faire mon propre cheminement vers la construction de mon identité en
voulant m'imposer ce qu'on pensait que j'étais, à tort. Je n'ai pas eu accès à beaucoup de ressources sur la transidentité avant mon entrée au lycée alors je me questionnais sur mon orientation sexuelle sans jamais me reconnaître vraiment, car ce n'était pas ce qui me provoquait
un tel mal-être. Face à la pression extérieure, j'ai quand même fini par me dire que c'était peut-être ce que j'étais, et j'ai essayé de vivre avec cette étiquette pendant une période, mais ça n'allait pas parce que ce n'était pas moi, déjà parce que je ne suis pas une femme.
J'ai essayé de me forcer à le croire pendant la période où je refoulais ma transidentité mais j'ai fini par comprendre avec le temps qu'en ce qui concernait mon orientation sexuelle, j'étais bi. C'était d'autant plus difficile pour moi car j'ai très peur des hommes à cause de
mes traumas, j'ai beaucoup hésité à transitionner parce que j'avais peur de devenir ce que je hais ou que l'on me prenne pour tel. De plus, avec mes antécédents de violences médicales je ne me sentais pas capable de faire la transition que je voulais, cela me décourageait.
Après mon premier CO trans en 2014, je suis retourné dans le placard par peur. Je m'étais renseigné sur la mammec et la testo mais très peu et il me semblait inenvisageable d'être hospitalisé, alors j'ai essayé de refouler tout ça. C'était aussi pour ne pas perturber mon
entourage proche, parce que je ne voulais pas leur ajouter un "problème" supplémentaire, comme une transition n'est souvent pas de tout repos et que j'ai tendance à trop me délaisser au profit des autres.
Je me suis masculinisé au maximum à mon "vrai" CO trans en 2018, en partie à cause de la pression extérieure, et par peur de ne pas être considéré légitime. J'ai trop pris sur moi pour essayer de me mentir à moi-même en me disant que je pourrai vivre en omettant ma transidentité
et un jour j'ai eu un besoin urgent et vital de transition sociale, administrative et médicale. J'ai immédiatement et fermement rejeté le genre que l'on a voulu m'assigner à la naissance car il ne me correspondait pas du tout.
J'ai explosé à force d'avoir essayé de renier qui j'étais, à essayer de m'adapter aux stéréotypes de genre absurdes, mais je n'ai pas pu. Je me suis alors éloigné le plus possible du spectre féminin au niveau de mon expression de genre, j'avais besoin de marquer une rupture nette
avec le passé; j'ai considéré mon CO comme une seconde naissance.

Bien que je comprenne les dynamiques oppressives derrière la société patriarcale binaire actuelle et malgré mes laborieuses recherches sur le sujet, je n'ai jamais compris la notion de genre.
Elle est vraiment très abstraite et impossible à conceptualiser pour moi, je ne la comprends pas. En tout cas, je rejetais vivement ce que la société attendait de moi et mon corps ne m'appartenait pas, je ne parvenais pas à me l'approprier et lors de contacts intimes, je
dissociais énormément.

Au tout début de ma transition, je me pensais mec trans puis mec trans NB officiellement à partir de septembre 2019. C'est là que je me suis plus ou moins identifié en tant que demiboy mais le terme ne me convenait pas suffisamment, il n'était pas assez
représentatif alors je ne l'employais pas. Je n'avais pas creusé plus que ça parce que ça me suffisait jusque là, mais récemment j'ai eu besoin d'explorer davantage mon genre.
Quand j'ai débuté mes recherches sur les neurogenres, j'ai eu un véritable déclic et j'ai compris que j'étais nesciogenre: mon neurotype m'empêche de comprendre le concept de genre alors je ne peux pas en être totalement sûr.
Ce qui me ressemble le plus est une identité libramasculine, ce qui signifie que je suis très majoritairement agenre mais que j'ai tout de même une certaine connexion à la masculinité, aussi faible soit-elle. Je ne sais pas vraiment comment l'expliquer ou la définir, peut-être
qu'elle est en partie liée à mon besoin de rejet de mon genre assigné et parce que je n'ai pas eu connaissance de l'existence de la non binarité avant très tard (2017 il me semble) alors je pensais pendant longtemps que si je n'étais pas une femme, j'étais forcément un homme et
que ça s'est ancré ?Je ne sais pas. Toujours est-il que, petit à petit, j'ai moins peur du regard des autres sur mon identité de genre et j'ose l'affirmer pleinement. Je continue à me renseigner et il n'est pas impossible qu'elle évolue encore au fil du temps mais je ne souhaite
pas me presser, déjà parce que cela requière beaucoup d'énergie que je ne peux présentement pas fournir.
Je suis content d'enfin me découvrir réellement et m'assumer, ça me fait du bien de savoir que je ne suis pas seul et que mon identité est légitime !

J'espère que ce thread pourra éventuellement aider certain-es d'entre vous.
En complément de celui-ci, j'en prépare un second assez conséquent sur les identités de genre afin de réunir les informations qui ne sont pas forcément aisées à trouver mais pourtant d'utilité publique, notamment sur les neurogenres parce que je pense que beaucoup de personnes
peuvent être concernées sans forcément le savoir car il y a encore peu de ressources sur le sujet pour le moment.
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