Comme on parle beaucoup des Amish, et souvent pour des tas de mauvaises raisons, je ne peux que vous conseiller le livre l'Énigme amish de Jacques Légeret paru chez l'éditeur Labor & Fides et ré-édité depuis : https://www.laboretfides.com/fr_fr/index.php/enigme-amish-l.html

On l'avait reçu à @TChebdo et je n'avais pas pris le temps de le recenser alors que c'est un livre très intéressant. Les époux Légeret, dont leur enfant est malade, sont obligés de se rendre aux Etats-Unis en Pennsylvanie. Lors d'une visite, ils rencontrent la communauté amish...

Alors que les institutions spécialisées sont le seul de lieu de vie socialement possible en Occident pour éduquer un tel enfant, les amish confortent le choix des parents Légeret de rester avec lui sans le placer en institution et ont un regard qui les réconforte beaucoup.

Les époux Légeret commencent alors à découvrir les Amish et chercher à comprendre leur spiritualité. Née dans la mouvance de l’anabaptisme suisse, la communauté amish vit depuis cette époque un idéal de rupture d’avec le monde au nom d’un primat accordé à Dieu et à sa parole.

Dans le livre, pas de souci, on a le folklore : du célèbre costume (chapeau de paille pour les hommes, coiffe en organdi pour les femmes) à la charrette appelée buggy en passant par les célèbres couvertures en patchwork... et les confitures et les conserves réputées nationalement

Mais la valeur fondamentale de l'amishisme réside dans la soumission ("Gelassenheit") à la volonté de Dieu et c'est le primat de la communauté sur l'individu qui l'incarne. A cela s'ajoute un littéralisme, une culture poussée de la non-violence et le refus de tout prosélytisme.

Prenant à la lettre l’idée évangélique que le « royaume n’est pas de ce monde », c'est la mise à l’écart de de tout ce qui est « mondain » (wordly) pousse les amish à vivre en familles nombreuses dans des fermes isolées.

Mais le refus de la technique auxquels on réduit les Amish ne donne d’ailleurs qu’une image fort imparfaite de leurs convictionsPdt Macron : contrairement à ce qu’on pourrait penser, les Amish jouent de compromis permanents avec une modernité qui n’est pas condamnée en bloc....

Cette dernière est plutôt l’objet d’une prise de décision collective, longue et décentralisée dans chaque « district ». Le lait peut par exemple être réfrigéré avant sa collecte. Le téléphone peut être permis dans un cabanon au fond du jardin ... mais pas dans la ferme.

Évidemment, les contentieux avec l'administration américaine sont multiples : la sécurité sociale, l’éducation, les règles d’hygiène et de sécurité… Mais la liberté de conscience états-unienne a toujours protégé les Amish...

Ils ont même fait plier l'état fédéral sur la question du service militaire : ce sont les plus ardents défenseurs religieux de l'objection de conscience, combat un peu oublié aujourd'hui par chez nous où la question ne se pose plus trop..

Pour J. Légeret, il y a une "énigme Amish" : comment expliquer qu’une communauté en marge de tout ce qui fait le rêve américain individualiste, sur-industrialisé et technicisé survive ?

Pratiquant le baptême à l’âge adulte (ils sont issus de l'anabaptisme), les amish donnent en effet le choix à leurs enfants de quitter leur communauté avant qu’ils ne s’engagent définitivement. Seuls 10 % des jeunes font pourtant le choix de rester « dans le monde » !

Le chiffre serait même en baisse, paradoxalement, par rapport aux années 1960... Parmi les idées avancées par Jacques Légeret pour expliquer ce paradoxe, il y a celle de la « sécurité affective » que procure aux individus de tous les âges une communauté forte et soudée...

Bon, il ne faut pas idéaliser non plus les Amish avec une fascination du type "la terre ne ment pas" : le rapport du grand jury de Pennsylvanie a ainsi révélé des gros problèmes d'abus sexuel récemment... et je ne parle pas des questions de genre et de sexualité.

Mais, voilà, par pitié : arrêtez de dire n'importe quoi sur les Amish !