J'évoquais déjà l'architecture brutaliste dans ma critique de #Tenet mais depuis, cet aspect me travaille, notamment dans la façon dont il dépasse la direction artistique et infuse le reste, expliquant l'approche encore plus dépouillée de Nolan ici et Johan a mis le doigt dessus. https://twitter.com/clubvideopizza/status/1300457111445479424
C'est Nathan Crowley, le chef déco de Nolan depuis Insomnia (à l'exception d'Inception) qui souhaitait explorer depuis longtemps cette architecture.
Par définition, les structures brutalistes, "se composent de formes géométriques massives et anguleuses (...) essentiellement composées de béton, notamment brut et sans le moindre ornement ou revêtement." Les repérages ont donc donné lieu à ces décors préexistants...
...mais même hors bâtiments, Nolan opte pour la cohérence, comme lors de la course-poursuite sur l'autoroute ainsi que pour la construction des décors en studios comme le laboratoire ou le port franc.
Par conséquence, ce choix informe tout autant la direction artistique du film, qu'il s'agisse du McGuffin ou bien évidemment des différents "tourniquets". Le maître-mot semble être "fonctionnalité". On est face à un world-building d'un autre genre, ancré dans le réel. Nolanien.
Cette approche utilitariste s'avère révélatrice de ce que le cinéaste cherche à communiquer au travers du film. Une guerre froide loin du glamour de Bons baisers de Russie, un monde crépusculaire. Le notre. Cf. ce qu'il en dit ici :
Le réalisateur pousse encore plus loin en adoptant cette approche directement dans sa mise en scène. Le courant brutaliste "se distingue notamment (...) par l'absence d'ornements et le caractère « brut » du béton. (...) Généralement de dimensions imposantes, ces édifices mettent
en avant leur verticalité et la rudesse du béton". Ça fait 12 ans, depuis qu'il tourne en IMAX, que Nolan favorise la verticalité dans ses compositions de cadre. Nolan a toujours eu une image-oeil, délaissant tout effet de style ostentatoire. Zéro money shot, zéro "ornement".
Depuis qu'il a Hoyte von Hoytema en chef op, il a délaissé la chaleur d'avant et opté pour une image plus froide, plus rude. Avec Tenet, il poursuit sur la lancée de Dunkerque et épure son esthétique, laissant le spectaculaire naître de l'exécution en dur sur un canevas large.
Pour Speed Racer, les soeurs Wachowski avaient dit s'être demandé à quoi ressemblerait un blockbuster cubiste. Avec Tenet, Nolan signe effectivement, dans l'écriture, la direction artistique et la mise en scène, un blockbuster brutaliste.
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