Thread sur mon expérience #GiletJaune :
45 ans, divorcée sans enfant, bac+4, statut agent de maîtrise, je gagne 1500€ net/mois.
Mes charges mensuelles (loyer, EDF, eau, fuel, assurance, tel) s'élèvent à 1000€/mois.
Je dépense 150€/mois de gazoil pour me rendre au travail. ⬇️
Il me reste donc 350€ pour vivre, manger, me vêtir, sortir, entretenir ma maison et ma voiture et payer mes impôts.
Autant vous dire que je ne vais pas souvent au restaurant ou en vacances.
J'habite à 30km de la mer, je n'y vais plus, le gazoil coûte trop cher. ⬇️
Mon budget est donc serré, j'arrive à survivre, mais sans aucun loisir ni sorties. Au moindre coup dur, je me mets dans le rouge pendant des mois.
Hier, j'ai crevé, changement du train de pneus 120€. Je vais devoir me priver d'autre chose pour faire face. ⬇️
Je n'imaginais pas ma vie comme ça. J'ai fait des études pour me donner les moyens mais en 2020, même à un poste à responsabilités, on est sous payés par rapport au coût de la vie.
Lorsque j'ai débuté dans la vie active, j'étais serveuse. En 1997, j'ai gagné 100 mille francs. ⬇️
En 2019 j'ai gagné 15000€.
C'est l'équivalent !
Sauf que le coût de la vie était moindre.
À l'époque, avec mon salaire, je pouvais me faire plaisir.
J'ai fait ce constat, je gagnais mieux simple serveuse il y a 23 ans qu'aujourd'hui avec mon diplôme et mes responsabilités. ⬇️
Lorsque le mouvement des GJ est né sur internet, je m'y suis bien sûr tout de suite intéressé, je me sentais concernée, vu l'impact que la hausse des prix du carburant allait avoir sur ma vie en augmentant mon nombre de repas aux nouilles. ⬇️
Dès le 17/11, à 5h du matin, je me rendais donc sur un rond-point de ma ville, arborant fièrement le gilet de la révolte.
Les gendarmes de la ville avaient eux aussi revêtu leur gilet, en signe de solidarité.
L'ambiance était amicale, chaleureuse. ⬇️
Nous étions nombreux, c'était magnifique à voir.
Les automobilistes étaient détournés sans être totalement empêchés.
Ils arboraient presque tous fièrement leur GJ sur le tableau de bord et nous soutenaient.
Qques rares cons, mais très peu, la plupart partageaient notre combat. ⬇️
Ils ne pouvaient pas nous rejoindre, obligés d'aller gagner leur smic à l'usine agro-alimentaire d'à côté, étranglés par les crédits, dans l'impossibilité de rater le travail sous peine de le perdre.
Mais leur soutien était déjà important. ⬇️
Nous avons tenu notre rond point dans la joie et la bonne humeur, en parfaite entente avec les gendarmes postés pour veiller à notre sécurité, pendant 4 jours, sans incident. Puis le mardi, le préfet a ordonné de déloger.
Nos gendarmes n'ont pas voulu intervenir... ⬇️
Ils nous ont donc envoyés des robocop qui nous ont menacés immédiatement de faire usage de la violence.
Nous avons levé le camp avec regret et frustration, dans le calme.
Mais en échangeant nos numéros et facebook pour pouvoir nous retrouver et nous organiser pour la suite. ⬇️
Il est utile de préciser que notre rond point était un rond-point secondaire.
Le plus gros était toujours occupé, malgré les robocops, ils ont tenus bon, ils étaient bien plus nombreux.
Ils ont eu droit aux lacrymos et à la matraque. Ils sont partis, puis revenus... ⬇️
L'envoi des robocops menaçant a refroidi pas mal de gens, nous n'étions plus que 200 environ de mon rond-point à vouloir continuer.
Certains d'entre nous nous sommes réunis dès le jeudi pour organiser qque chose le we suivant.
Nous avons mené une action dans un supermarché ⬇️
Avec l'accord de l'adhérent, nous nous sommes installés dans la galerie commerciale, le jour du black friday, pour aller au devant de ses clients et discuter avec eux.
Bcp d'anciens qui n'avaient pas tout compris au mouvement ou avaient regardé BFM et avaient peur de nous. ⬇️
Cet échange a été très intéressant, au final, ce sont nos interlocuteurs qui se plaignaient le plus et nous avons converti bcp de gens qui étaient méfiants ou hostiles au départ. Certains sont même venus nous rejoindre. ⬇️
Ça s'est tellement bien passé qu'on a été invités à revenir le lendemain si on voulait.
On est revenus.
Le rond-point principal était toujours occupé et les GJ avaient une grande visibilité.
Nous, nous travaillons plus sur le fond, pour avoir le soutien de la population. ⬇️
Le we suivant, nous sommes allés rejoindre le rond-point principal.
C'était le we du 1er décembre.
Et déjà, à Paris, les premières violences des blacks blocks, jetant le discrédit sur tous les GJ de France. Consternant ! ⬇️
Mais nous avons tenu bon, montant des opérations (squat devant les impôts, marches dans la ville, action avec les TP, bloquage de la RN12), rejoignant les grosses manifs de Rennes ou de Nantes. ⬇️
Nous avons passé Noël, le 1er de l'an.... Puis mi janvier, le préfet a fait envoyer les bulldozers et notre camp a été détruit.
Plus d'abri, plus de bidon ni de bois pour se chauffer.
Mais on est restés, comme des berniques accrochés à leur rocher contre vents et marées. ⬇️
Les retraités étaient présents tous les jours de la semaine et les travailleurs venaient le we.
Les plus hardis covoituraient pour les manifs régionales.
Pour ma part, j'ai participé à toutes les manifs de Rennes et de Nantes jusqu'au mois d'avril. ⬇️
Je suis monté 2 fois à Paris.
L'ultimatum 1 (acte 18) le 16 mars et l'ultimatum 2 (acte 23) le 20 avril 2019.
J'ai vécu un moment de partage unique.
Nous étions une 30aine de ma ville, mais environ une 100aine entre 3 villes qui nous étions rapprochés, à nous connaître. ⬇️
Un moment de solidarité et d'entre aide, mais un moment effrayant pour certains d'entre nous qui ont eu du mal à s'en remettre.
La violence entre les blacks blocks et la police, puis la violence sur les citoyens langda. ⬇️
Car même si je soutiens nos FDO dans l'absolu, dans leur quotidien difficile, je dois avouer que les violences auxquelles j'ai assisté lors des manifs étaient souvent injustifiées, disproportionnées.
Cela n'avait rien à voir avec du maintien de l'ordre. ⬇️
Tout était mis en œuvre pour nous faire rentrer chez nous et nous dissuader de revenir.
J'ai vu nombre d'abus sur des personnes pacifiques, parfois même vulnérables.
Et pas seulement à Paris, Rennes et Nantes aussi.
Des nassages, des violences gratuites, et même un éborgnement ⬇️
Au fur et à mesure des manifestations, nos rangs diminuaient, les gens prenant peur, on ne peut pas les en blâmer.
Lorsque tu veux manifester pour vivre dignement de ton travail et que tu ne sais pas si tu vas revenir éborgné, tu réfléchis à 2 fois. ⬇️
Au mois de mars, déjà 4 mois que nous étions dans la rue à crier notre desespoir.
Le grand bla bla n'ayant rien donné, comme presumé, les violences en plus, les troupes réduisant, quelques uns ont proposé un rapprochement avec la marche pour le climat. ⬇️
Bcp de gens pas très chauds au début de peur d'une récupération politique. Mais les gauchistes ont su manœuvrer au bon moment, car nous étions moins nombreux et ils ont vendu l'idée que cela nous redonnerait de la visibilité, redorerait notre réputation et gonflerait nos rangs ⬇️
Le même phénomène s'est produit un peu partout en France puisque cela s'est généralisé.
Et cela aura été l'une des plus grosses erreurs des GJ, signant le début de la fin.
Ceux qui n'étaient pas dupes et tentaient de prévenir du danger ont été écartés. ⬇️
Se rapprocher des marcheurs pour le climat, c'était s'acoquiner avec des syndicalistes et des antifas, habitués à monter des dossiers contre l'ennemi à abattre.
Et celui qui ne voulait pas une récupération de la gauche et de l'extrême gauche devenait un ennemi. ⬇️
Pendant 5 mois, j'ai été présente sur les ronds points, en manifestation, sans jamais parler de mon orientation et de mes opinions politiques.
Que nous soyons de gauche ou de droite, notre combat était commun.
Et pas même une seule fois, je n'ai évoqué l'immigration. ⬇️
Mais j'avais un Facebook.
Et sur mon Facebook, en 5 mois, j'ai osé critiquer l'islam 2 fois.
Cela leur a suffit.
Lors d'une réunion de GJ, un antifa a montré son véritable visage et ma insultée, traitée de raciste, de xénophobe !
Le couperet était tombé, j'étais le diable. ⬇️
Bcp de GJ ont pris ma défense, dont (la plus virulente) une jeune femme d'origine algérienne avec qui j'avais sympathisé.
Mais c'était inutile, les antifas savaient mieux qu'elle que j'étais une sale facho raciste.
Mon sort était scellé. ⬇️
La dernière manifestation où je me suis rendue, c'était le 1er mai.
Fête du travail, les syndicats ne se cachaient même plus, il y avait plus de drapeaux rouges que de GJ
J'étais là quand même, droite dans mes bottes, soutenue par les GJ de la 1ère heure qui me connaissent. ⬇️
Et ce jour là, j'ai su ce qu'était l'intimidation.
Des inconnus sont venus me voir, me disant qu'ils savaient qui j'étais, qu'ils avaient vu le dossier monté sur moi et que si je continuais, je ne serai jamais en paix... ⬇️
Ils m'ont menacée, me disant qu'ils étaient nombreux, qu'ils savaient où j'habitais et où je travaillais et qu'ils pouvaient me nuir.
J'ai réussi à mettre la main sur le dossier monté sur moi et à porter plainte en gendarmerie... classée sans suite ! ⬇️
Voilà donc ce qu'est devenu aujourd'hui le mouvement des #GiletsJaunes, un repère de gauchistes haineux et menaçants.
J'ai donné 5 mois de ma vie à un combat qui me prenait aux tripes.
L'extrême gauche a tout gâché, tout perverti, tout sali. ⬇️
Je ne regrette rien, je râle dans mon coin depuis des années et lorsqu'il m'a été donné l'occasion de sortir dans la rue pour crier ma colère, je l'ai saisie.
Je suis heureuse d'avoir revêtu ce gilet qui trône encore sur mon tableau de bord, presque 2 ans après, malgré tout ⬇️
Mais, pour conclure, j'ai décidé, hier de le retirer et de le remettre à sa place.
Je ne suis plus #GiletJaune après les images d'hier où j'ai plus vu un défilé #LFI qu'une manifestation citoyenne.
C'est terminé, je raccroche !
Merci à ceux qui m'ont lu jusqu à la FIN !
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