/ À dérouler / Je suis toujours gênée (voire agacée) par ceux qui considèrent que "le podcast c'est le flux RSS fait par des indés bénévoles et rien d'autre". C'est à mon sens une vision bien restrictive de la richesse de ce média. Je profite de ce billet de blog pour en parler : https://twitter.com/dimregnier/status/1303203972476473346
Pour commencer, "le podcast" ça ne veut rien dire. Le mot désigne à la fois un médium, une industrie et des codes narratifs pas toujours simples à définir. Chacun se fait sa propre idée de ce qu'il inclut dans le terme "podcast" ou non.
La plus souvent on désigne par "podcast" un contenu audio non-musical diffusé en ligne. Le "podcast natif" désigne la catégorie de "podcasts" qui n'ont pas été diffusés en radio de flux auparavant (qui ne sont pas du replay quoi). C'est de ceux-là qu'on parle aujourd'hui.
Le podcast c'est surtout un médium : un truc pas difficile à faire techniquement (un micro de smartphone, un ordi, un logiciel de montage gratuit, une connection internet et un compte soundclound peuvent suffire). Tout le monde peut en faire en théorie.
C'est cette facilité qui a poussé pas mal de podcasteurs de la première heure à se lancer pour explorer de nouveaux formats narratifs, ou simplement pour diffuser des émissions sur des sujets de niche qui n'étaient pas représentés dans les médias. Et ça, c'est vraiment cool.
Sauf que voilà, comme le podcast c'est 1) sympa à faire, 2) intéressant à écouter et 3) pas trop cher à produire, les médias et des boites de prod s'y intéressent depuis quelques années (on va dire 5 ans). Et ça, ça ne plaît pas à certains podcasteurs (de la 1ere heure ou non)
Déjà, parce que ça instaure 1) des codes narratifs qui normalisent le médium et brisent la liberté ambiance "radio libre" des débuts; 2) une concurrence pour capter de nouveaux auditeurs/du temps d'écoute disponible (plus il y a d'offre, moins on a de chance d'être écouté)
Certains refusent aussi l'idée que le podcast puisse générer des revenus parce que pour eux c'est un objet noble qui doit être fait par des passionnés, pour la beauté du geste. Si l'argent rentre là-dedans l'intention est forcément UNIQUEMENT mercantile, ça devient presque impur
(Il n'y a qu'à voir les tweets de certain·es qui hurlent haut et fort "Untel a mis de la pub sur son podcast, j'arrête de l'écouter même si j'adore son boulot parce que ça devient commercial" alors que le contenu reste LE MEME, il y a juste une pub avant/après)
BREEEEF, ça m'énerve mais chacun est libre d'écouter ou non un podcast pour les raisons qui lui sont propres. Ce que je trouve très gênant en revanche c'est le fait de "shamer" celles et ceux qui choisissent de gagner de l'argent avec leur podcast (qui leur en coûte par ailleurs)
("Gagner de l'argent", toutes proportions gardées hein, ils ne gagnent pas non plus un SMIC par mois pour la plupart. On parle de quelques dizaines ou centaines d'euros par mois de revenus pub, ça paye le matos et quelques pintes post-enregistrement)
Le vrai problème des « anti-professionnalisation » c’est aussi de devoir payer les droits des œuvres utilisées (musique, films) si ça se professionnalise. Fini la récré, on ne peut plus utiliser le boulot des autres gratuitement. Ça fait grincer des dents la fin du tout gratuit
Et enfin, le sujet qui passionne c’est l’arrivée des plateformes (Spotify, Deezer) et le poids qu’elles ont/vont avoir sur le podcast.
OUI, leurs algorithmes vont en mettre en avant certains (les gros) et pas d’autres (les petits). Les gros deviendront plus gros (et l’écoute des podcasts avec), les petits resteront sûrement petits. En quoi est-ce différent d’Apple podcasts (50% des écoutes en France) ajd ?
La sortie du système de flux RSS, donc du « monde ouvert ». La dessus je rejoins ceux qui trouvent ça dommage, mais si c’est le prix à payer pour sortir du bénévolat, je l’accepte en tant que consommatrice de podcast. Peut être penserais-je différemment si j’étais podcasteuse.
Aussi, l’arrivée de Spotify dans le podcast Game n’empêche personne de continuer à faire son podcast comme et où il le souhaite.
Argument facile mais vrai : pour les séries TV, Netflix a modifié notre mode de conso (on Binge watch), a rehaussé nos attentes esthétiques ou scénaristiques, mais ne nous a jamais empêché d’apprécier une série hors-plateforme. Les offres peuvent être complémentaires.
Prenez mon père par exemple : 58 ans, CSP+, n’avait jamais écouté un podcast de sa vie (hormis le mien, par fierté paternelle). Il a un abonnement Spotify, qui lui en suggère désormais. Bah il a commencé à essayer d’en écouter. Ça fait un poditeur en plus, et ça c’est bien.
Je suis peut être naïve mais je pense que tout ça va créer un cercle vertueux. Les gens qui arriveront au podcast par Spotify ou Deezer finiront par prendre l’habitude d’en écouter; et pour certain en dehors des plateformes au catalogue limité.
J’ai encore 1000 trucs à dire sur le sujet mais je vais aller faire ça en mp avec mes amis parce que ce thread est déjà trop long. J’essaierai d’en faire des plus courts et clairs par sujet à l’avenir. En attendant écoutez des podcast et rémunérez leurs auteurs, merci au revoir
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