On laisse svt entendre à l'école que le contraire d'un État jacobin, ce serait un État girondin. C'est faux, les Girondins sont fondamentalement hostiles aussi aux régions historiques de France, et à leurs identités, qu'ils ont contribué activement à démolir. ⬇️
Jusqu'en 1792, ceux qu'on appelle les Girondins font en réalité partie du club des Jacobins, dont ils partagent la volonté de table rase du passé, le républicanisme, et l'universalisme, mais pas dans les mêmes modalités. Ce sont des Brissotins (de Brissot, député jacobin).
Ils se distinguent des Montagnards (Robespierristes) par leur modération vis-à-vis du roi (ne voulaient pas l'exécuter), leur vision très exaltée de la guerre, qu'ils ont contribué à déclencher et radicaliser (ils voulaient républicaniser l'Europe),
et surtout leur système décentralisé censitaire (élitiste) greffé sur les départements, favorable à la grande bourgeoisie de Province, au détriment du petit peuple rural (qui compose l'écrasante majorité de la nation).
Concrètement, ils sont pour une décentralisation administrative élitiste, dans le cadre des départements (ils ont contribué à façonner les départements). Et ils sont ne veulent pas entendre parler des identités, langues et autonomies régionales, qu'ils méprisent.
Ils sont liés, sociologiquement, à la bourgeoisie négociante de Province, francisée, et aux gros fermiers, ils sont des libéraux économiquement, et jouent contre les masses rurales (majoritaires) et le prolétariat urbain, issus et porteurs des identités locales anciennes.
C'est leur système administratif élitiste, et départemental en partie décentralisé qui prévaut pendant la période de la monarchie constitutionnelle (1791-1792), encore qu'avec des dysfonctionnements, puisque par exemple les communes se réfèrent directement à l’État central.
Politiquement, ce sont eux qui dominent la Convention (la 1ère Assemblée républicaine) jusqu'en mi-1793, date où les Montagnards, l'autre courant issu du club des jacobins, dominé par Robespierre, parviennent avec l'aide de la Commune insurrectionnelle de Paris à les renverser.
Comme l'électorat des Girondins était plutôt dans les grdes villes de Province, quand en avril-mai 1793 le conflit s'est envenimé avec les Montagnards, qui s'appuyaient sur les sans-culottes (classe moyenne égalitaire de Paris et des grandes villes),
de nombreux Girondins ont fuit vers les régions, pour retrouver leur base bourgeoise urbaine (à Caen et Bordeaux surtout). Ils ont été qualifiés à ce moment-là de "fédéralistes" par les Jacobins, ce qui était considéré comme une terrible injure, y compris pour eux.
En effet, à ce moment, la Convention était aux prises partout avec des révoltes royalistes ou régionalistes, celles des Chouans dans l'ouest, de Lyon, de Marseille, etc. Les révoltes dites "fédéralistes".
La propagande montagnarde ayant joué à bloc, les Girondins qui ont été éliminés ont été associés pour l'histoire aux contre-révolutionnaires "fédéralistes" (défenseurs de l'intégrité et des privilèges régionaux, hostiles à l'exécution du roi et aux excès des sans-culottes).
Car en réalité, le contraire d'un État jacobin, ou même Girondin, ce serait bien un État fédéral qui respecterait les régions historiques du pays, leurs histoires, cultures, identités et intégrité. Et qui aurait le souci d'institutions démocratiques vraiment représentatives.
Je complète, en précisant que dans le modèle de décentralisation girondine, hostile aux régions (il est fait pour détruire les régions), les départements ne disposent quasiment pas de revenus propre, ce qui les oblige à passer pour tout par l’État central.
Cet état de dépendance rend, de fait, la décentralisation proclamée dans le modèle girondin très faible, voire inopérante.
Elle permet juste, à l'échelle départementale, à la grande bourgeoisie de gérer seule les fonds que lui concède le gvt central, qu'elle a élu seule.
Pour finir ce thread, je vais illustrer mon propos par un extrait d'un texte ahurissant de violence et d'ignorance de Michel Onfray, Girondin notoire, à propos des langues régionales, intitulé "Les deux bouts de la langue", et publié dans Le Monde Idées en 2010.
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