Ayant récemment vu l'épisode de Stuart Gordon pour Masters of Horror mêlant la vie d'Edgar Alan Poe et sa nouvelle Le Chat Noir, j'ai découvert à quel point notre perception collective de Poe est une fabrication, résultat d'une biographie mensongère. 1/?

Poe, en plus d'être poète et romancier, était un redoutable critique littéraire. Rufus Griswold, pasteur et auteur, nourrissait une haine immense envers Poe suite à une critique incendiaire. Il rédigea cette biographie à charge, responsable du mythe du poète fou et alcoolique.

Un mythe hélas très attractif à l'époque, même pour les admirateurs de Poe dont Baudelaire qui voyait dans ce portrait fabulé un écho de ses propres addictions. Mais Poe n'était ni alcoolique, ni aussi ostracisé ou torturé qu'on ne veut le croire.

Dans notre époque actuelle obsédée par la destruction des mythes, à tort et à raison, il nous faut aussi peut-être nous délester des mythes artistiques qui nous plaisent. Car le Poe fou et alcoolique, c'est un fantasme que nous aimons encore cultiver.

C'est aussi un rappel, en notre ère où la réputation est tout, où un tweet peut détruire l'image de n'importe qui, que nous ne décidons pas de notre postérité. Imaginez si on ne retenait du travail de Godard que ce qu'en a dit Durendal ?

Poe n'était évidemment pas un homme tranquille. Il perdit presque toutes les femmes de sa vie, de sa mère biologique à sa femme, en passant par sa mère adoptive, il connut la pauvreté et sa mort mystérieuse est probablement le fruit d'une violence (vote forcé).

Mais pourquoi ce thread sorti du néant le plus random ? Parce que nous nous approchons d'Halloween. Et que Poe est pour beaucoup d'entre nous, fils et filles de la Nuit, un héros de la Spooky Season. Il me paraitrait louable de lui rendre un hommage sans mythes.