Bon. J’ai lu le livre « choc » du journaliste-infiltré-flic. Il n’y a absolument rien dedans qu’on ne savait déjà. C’est même bien en deçà de ce que les victimes, familles, militants, associations & chercheurs racontent et analysent, preuves à l’appui, depuis des décennies. 1/
Il y aurait beaucoup à dire sur le livre « Flic » & sur son accueil médiatique. C’est ça, finalement, qui est le + intéressant. Pourquoi un bouquin qui raconte même pas 5% de ce qu’on sait déjà & de ce qu’on dit depuis DES DÉCENNIES est présenté comme un « événement » de ouf. 2/
C’est une question rhétorique, on sait très bien pourquoi. Ça tient à qui raconte, à ce qui est dit & au public visé. Il faut toute la soi-disant « neutralité » & « objectivité » d’un journaliste blanc pour porter une parole audible sur les crimes policiers racistes. #flic 3/
Cette parole est d’autant + importante, acceptée & acceptable qu’elle ne va pas dans le sens d’une remise en cause de l’ordre policier. Au contraire. Si le racisme & les violences sont racontés & dénoncés, ils sont aussi mis en lien avec les conditions de travail des policiers 4/
Si vous pensez que des salaires plus élevés, des locaux plus propres, des équipements moins vieux, des conditions de travail différentes & une pression hiérarchique moins importante permettront de débarrasser l’institution policière du racisme qui la structure... 5/
C’est que vous êtes passé à côté de la fonction même de la police, de son rôle social, des origines de ces traitements différenciés & de ces modes d’intervention. Et dans ce cas-là, c’est pas 1 commissariat qu’il faut infiltrer, c’est une orga militante ou un labo de recherche 6/
Mais bref, j’écrivais même pas ce thread pour ça. En vrai, en lisant le livre, j’avais une seule question : comment vont les (jeunes) H non-blancs qui ont été tabassés par des flics durant cette infiltration ? Il y a des scènes d’une violence terrible, qui tordent le ventre. 7/
J’ai vu les débats sur les limites de l’infiltration journalistique. Jusqu’où peut-on aller ? Que tolérer ? Est-ce que la fin justifie les moyens ? Dans l’absolu, je sais pas. Ce que je sais, en revanche, et dans ce cas précis, c’est que les violences policières peuvent tuer. 8/
Les violences policières abîment, bien au-delà des marques physiques qu’elles peuvent laisser. Elles cassent, elles détruisent. A fortiori lorsqu’elles vous visent pour ce que vous êtes. A fortiori lorsque vous êtes mineur. Il faut avoir ça en tête face à ce genre de scène. 9/
Rien ne peut justifier de laisser un gamin de 16 ans se faire passer à tabac de la sorte par un policier. Rien ne peut justifier de mentir pour couvrir les flics. Rien. C’est de sa vie dont il est question. Et s’il avait reçu un coup fatal ? Et s’il avait incarcéré pour ça ? 10/
C’est d’autant moins acceptable que quelques pages + tôt, le journaliste-flic explique qu’il est prudent car il ne va quand même pas se prendre une balle « pour un bouquin ».

Oui, ça n’en vaut pas la peine.

Comme de rester impassible face au tabassage d’un gosse de 16 ans. 11/
(Bon, c’était en vrac & à chaud 🙈J’essaye d’écrire un truc dessus dans les 48h, Inch’Allah.)
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