Or donc, j'ai lu « Flic : un journaliste a infiltré la police », le livre de Valentin Gendrot paru hier aux éditions Goutte d'Or.
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Comme professionnelle du secteur de l'édition, je me permets d'abord un jugement assez sévère sur le style de l'auteur... Style tout aussi bourrin, finalement, que l'ambiance que le journaliste décrit. Quel dommage, cette espèce de paresse dans l'écriture !
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Pour autant, ce livre ne peut pas être considéré comme un brûlot contre « la police ». Il rapporte des choses vues, entendues et vécues, qui vont du désagréable au très problématique voire à l'illégal, mais sans (trop de) généralisation ni d'accusations gratuites englobantes.
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Passage intéressant pour les non-policiers, il raconte la formation express (trois mois !) des ADS, qui à l'issue sont susceptibles d'exercer certaines fonctions similaires aux gardiens de la paix : « Accueillir le public, effectuer une patrouille, participer aux missions…
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… de sécurité routière, interpeller un individu. »

Autre passage intéressant : la manière dont la politique du chiffre est vécue sur le terrain ; ce que cette course aux statistiques signifie vraiment dans le travail quotidien des flics sur la voie publique.
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Le point fort du livre se trouve aux pages 173 à 190.
C'est le récit sans équivoque de violences policières illégitimes contre Konaté, un adolescent de 16 ans ; et de la manière dont l'équipe fait corps pour protéger le collègue : « Quoi qu'il arrive, on se serre les coudes. »
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C'est aussi – à mon sens – le point gênant du livre. Entendu dans l'enquête interne, le journaliste doit trancher, en conscience : doit-il dénoncer ces agissements illégaux, et risquer de mettre à mal l'avenir de son enquête ? Ou ne rien dire – et même plus exactement mentir ?
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« Couvrir cette bavure me permettra peut-être d'en dénoncer mille », décide-t-il : il mentira, pour pouvoir continuer son enquête.
Un choix... un choix qui lui appartient.
Moi, je pense à Konaté, qui a le profil idéal pour que ses accusations se retournent contre lui.
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Et donc ?
Donc, ce livre – qui ne vaut ni le prix Albert-Londres ni les cris d'orfraie de vierges effarouchées corporatistes – a la valeur d'un témoignage : à mon sens, pas plus, mais pas moins non plus. Sans beaucoup de fond, il n'analyse pas grand-chose du fonctionnement…
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… disons « intime » de la police et ne se préoccupe pas tellement des individus. Mais il raconte tout ce qui doit être condamné sans négociation : les paroles racistes, sexistes, homophobes, les brutalités – toute une maltraitance du quotidien, illégitime sans aucun doute.
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