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PULL UP OR SHUT UP (thread)
J’en ai assez de la gôôôche qui adore Baldwin et qui déballe des « j’ai conscience qu’en tant que personne blanche privilégiée...» comme si c’était un totem d’immunité pour ne jamais avoir à répondre de ses actes ou se remettre en question.
J’en ai assez de la gôôôche qui adore Baldwin et qui déballe des « j’ai conscience qu’en tant que personne blanche privilégiée...» comme si c’était un totem d’immunité pour ne jamais avoir à répondre de ses actes ou se remettre en question.
1) Ça a déjà été dit mais on veut des faits, des chiffres. QUE FAITES-VOUS CONCRÈTEMENT POUR LUTTER CONTRE LA NÉGROPHOBIE? LE VALIDISME? LA TRANSPHOBIE? L’ENTRISME? LE PLAGIAT? https://twitter.com/OrpheoNegra/status/1230444133761855488?s=20
2) Nous voulons les reçus de votre engagement ACTIF dans l’anti-racisme et la justice sociale en général, surtout quand vos entreprises emploient plus de 20 personnes.
3) J'en profite pour rappeler ici que pomper les concepts, revues, etc. lancé.e.s par des Noir.e.s et autres minoritaires, ce n’est pas de la visibilisation, c’est de l’exploitation.
4) Pourquoi choisir d’étaler vos politiques de réduction des inégalités femmes cis-hommes cis ; alors que vous restez http://silencieux.ses sur les autres discriminations ?
5) N’est-ce pas la plus belle preuve qu’en 2020, vous ne jugez toujours pas nécessaire ou urgent de mettre vos équipes au diapason de la société FR? https://twitter.com/orpheonegra/status/1086620673194319872?s=21
6) C’est pas faute de vous demander de changer, DEPUIS...
Et pourtant, comment expliquez-vous qu’invariablement, si vous daignez employer des racisé.e.s, iels sont le plus clair.e.s de peau possible? Éventuellement avec les cheveux bouclés, mais raides c’est mieux, hein.
Et pourtant, comment expliquez-vous qu’invariablement, si vous daignez employer des racisé.e.s, iels sont le plus clair.e.s de peau possible? Éventuellement avec les cheveux bouclés, mais raides c’est mieux, hein.
7) Depuis plusieurs mois, je veux écrire un post de blog où je parle d’argent et des conditions matérielles qui m’ont permis de devenir réalisatrice, auteure et féroce négociatrice. Et de comment le maintien des Noir.e.s dans la précarité relève aussi de la suprématie blanche.
8) Comme je n’ai pas le temps immédiatement pour l’article en 3 parties que j’ai prévu, je vais vous expliquer "rapidement" ci-dessous ce que j’entends par #pulluporshutup
Et je vais partager mes rémunérations, parce qu’on doit apprendre à être transparent.e.s dessus.
Et je vais partager mes rémunérations, parce qu’on doit apprendre à être transparent.e.s dessus.
9) Vous m’avez déjà vue m’énerver ici qd des assos, universités, entreprises me font ce que j’appelle du « negging professionnel ». Cf. les coachs en séduction qui expliquent que pr mettre 1 meuf dans ton lit, il faut la rabaisser (negging) comme ça elle veut te prouver sa valeur
10) Le "negging professionnel" c’est quand on te sollicite pour un job en te disant qu’on adore ce que tu fais et que du coup, on compte ne pas te payer. https://twitter.com/OrpheoNegra/status/1037242683822170112?s=20
11) Dans ma jeunesse, j’ai de multiples fois été arnaquée, sur ce principe, en particulier dans les milieux et institutions dites de gauche où l’exploitation des militant.e.s, en particulier racisé.e.s, est un véritable sujet, mais pas le temps ajd. https://twitter.com/orpheonegra/status/1272830491360661508?s=21
12) Depuis mes 27-28 ans, j’ai développé ce que @napilicaio appelle « entrer dans la pièce avec la confiance d’un homme blanc ». Et j’EXIGE l’argent, comme marque de respect.
13) Toute tentative de negging se voit contrée par une augmentation arbitraire de mes tarifs. Tu essayes de m’exploiter? Tu vas au moins payer le double, par principe.
14) Qd j’ai commencé à être approchée par des maisons d’édition, j’ai donc décidé de faire des recherches poussées sur les tarifs pratiqués. J’en profite pour remercier ici toutes les auteur.e.s qui ont accepté de me partager en privé ce qu’iels avaient obtenu dans chaque maison.
15) C’était avant que je trouve mon agent et j’étais donc seule pour protéger mes intérêts. D’où mon hyper vigilance. Ma chance, c’est que j’étais en position de force, puisque 4 maisons d’édition voulaient un livre de moi avant même que j’ai soumis un pitch.
16) Quand j’ai eu le pitch, j’ai été transparente et ai dis à toutes les personnes à qui je l’ai envoyé qu’elle n’étaient pas seules sur le coup. Entre temps, je m’étais fixée ma limite : je n’accepterai rien en dehors de 5000€ d’avance et 10/11/13% pour les droits d’auteure.
17) Si tu veux 5000, demande 8000, c’est la base. Une des maisons n’avait pas les moyens mais m’avait d’emblée proposé 3000 €. 8000€ me semblait gonflé mais plausible, donc j'ai tenté. Quand la première des 3 autres maison a accepté 8000, j’ai demandé 11 000 aux deux autres.
18) Et nous arrivons donc au #pulluporshutup car c’est facile de dire « on veut vraiment travailler avec toi », mais y’a qu’un moyen de le prouver: POSER L’ARGENT SUR LA TABLE.
19) Et je sais que les petites maisons d’édition n’ont pas toujours les moyens pour les avances MAIS ce qui compte, c’est ce que tu es prêt.e à lâcher, par rapport à tes moyens. Ce qui compte c'est la façon dont tu valorises mon travail, dans les faits, concrètement.
20) C’est donc Stéphanie Chevrier de @Ed_LaDecouverte qui m’a dit oui, sans conditions. C’était la maison que je voulais mais je n’y serai pas allée sans la rémunération que je méritais. Et je m'étais conditionnée : mieux vaut dire non à son rêve que de se laisser sous-évaluer.
21) Les américains disent « put your money where your mouth is ». METS TON ARGENT OÙ TA BOUCHE EST.
C'est le seul moyen que je reconnais désormais en ce qui concerne la volonté (uniquement affichée) de certain.e.s de s’engager dans la réduction des inégalités.
C'est le seul moyen que je reconnais désormais en ce qui concerne la volonté (uniquement affichée) de certain.e.s de s’engager dans la réduction des inégalités.
22) Les mots ne m’intéressent pas. Si j’arrive dans votre rédaction, votre boîte de prod, que je regarde votre catalogue et que c’est 50 Shades of White, vous n’êtes pas mes allié.e.s et vous ne me donnez pas envie de collaborer avec vous.
23) OÙ SONT ÉLÉMENTS POUVANT ME CONFORTER DANS L’IDÉE QUE VOUS TRAVAILLEZ ACTIVEMENT À LA RÉDUCTION DES INÉGALITÉS?
Les paroles ne valent rien, on veut des actes.
Les paroles ne valent rien, on veut des actes.
24) Et avant de brandir vos ami.e.s noir.e.s, faites un petit check de leurs rémunérations. Y’aurait aussi beaucoup à dire sur l’exploitation à la #girlpower où celleux qui se gavent sont les http://bourgeois.es cis blanc.he.s. Ça non plus, ce n’est pas de la justice sociale.
25) Une autre chose qui m’intéresse et qui existe dans certaines boîtes, comme La Découverte, Agatfilms, etc. c’est l’existence de politique d’écarts de salaires « raisonnables ». Ex : du haut en bas de la hiérarchie, tu ne peux pas gagner plus de 4 fois le salaire le plus bas.
26) Je commence à gagner de l’argent, c’est donc le moment de DIRE LES TERMES. Ainsi les choses seront plus faciles pour celleux qui suivent. Exiger une rémunération décente, c’est s’assurer de sortir durablement de la précarité ou de la dépendance et donc retrouver 1 agentivité.
27) Quand je vois le talent des journalistes noir.e.s qui restent pigistes/précaires à vie ou doivent s'exiler alors que leurs angles et articles sont repris éhontément dans tous les médias qui se disent progressistes et engagés, tout en ne les embauchant jamais, j’enrage.
28) Quand j’ai découvert avec #PublishingPaidMe que Roxane Gay, une de mes idoles, n’avait touché que 15 000$ pour le cultissime Bad Feminist, j’ai presque eu honte d’avoir réussi la négo d mon premier bouquin: https://twitter.com/rgay/status/1269386786188300289?s=21
29) Puis je me suis dit que si la grande Roxane Gay a partagé son expérience de sous-évaluation de son travail précurseur et reconnu internationalement, c’était aussi une mise en garde pour les générations suivantes. Et que je lui dirai doublement merci si je la rencontre un jour
30) En arrivant dans le monde du cinéma, journalisme, etc. J’avais du mal à comprendre le niveau d’aigreur de certain.e.s de nos aîné.e.s noir.e.s. Puis j’ai commencé à me faire plagier, à voir des personnes médiocres choper des postes pendant qu'on me refusait tout.
31) J’avais beau être visible, je restais précaire. Si je n’avais pas été en couple (d’où le fait que l’article sera encore plus loooooong que ce thread), j’aurai arrêté d’écrire et choisi la gérance de bar. Pas d’ @OuvrirLaVoix , toujours plus d’alcool et encore plus d’aigreur.
32) Bref, j’y suis pas encore mais j’ai longtemps attendu le moment où je serai pleinement sortie de la peur du lendemain pour pouvoir sérieusement ouvrir ma bouche. Visibilité n’est pas pouvoir, la plupart d’entre nous devons bien choisir nos moments pour sortir du silence.
33) Mais n’oubliez pas : « la vérité prend l’escalier » et moi j’ai tout mon temps.
FIN
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