4 septembre... comme le 4 septembre 1870, jour de Proclamation de la IIIe République.

Profitons de cette date pour expliquer brièvement comment la naissance de la IIIe République illustre notre thèse (avec @saintvictor75) d’un républicanisme français pluriel et dialectique.
1. Ce 4 septembre 1870, le camp républicain qui avait perdu tout espoir de voir revenir la République après les résultats du plébiscite du 8 mai 1870 s’empare de l’Hotel-de-ville à la faveur de la défaite de Sedan, de l’abdication de Napoléon III et d’un soulèvement populaire.
2. Mais cette proclamation du mot, plus petit dénominateur commun des hommes sur le balcon de l’Hotel-de-Ville, ne dit rien du contenu du nouveau régime. Alors recommence, comme en 1848, l’affrontement interne au sein de la République.
3. L’erreur classique est de voir (de façon négative ou positive) la Rép. comme un bloc monolithique et homogène.

En réalité, comme nous l’avons mis en lumière avec @saintvictor75 dans notre #HistoiredelaRépublique, la République en France est le fruit d’un processus dialectique
4. La République advenue en 1870 illustre cette tension interne qui couve entre les différentes « sensibilités » républicaines depuis 1792 et qui ne vont pas tarder à se combattre.
5. Le républicanisme libéral de plusieurs grands noms du Gouvernement de La Défense nationale (Ferry, Simon, Favre, Arago) butte rapidement sur les républicanismes plébéiens et jacobins qui animent les esprits parisiens (Blanqui, Delescluze, Pyat) de la future Commune de 1871.
6. Elles jettent dans le trouble de farouches républicains (Clemenceau, Gambetta, Louis Blanc), opposants au Second Empire, qui ne savent que choisir entre la légalité (nouvelle Constituante) et le
lignage de la Révolution française (résistance parisienne aux Prussiens)
7. Cette lutte fratricide profitera au camp conservateur qui jusque là avait toujours été anti-républicain (même si on en distingue des prémices en 1795, 1799 et 1848) et profitera de l’occasion pour opérer une mue et faire advenir la République conservatrice (Thiers).
8. Méditons cet événement pour s’extirper de la vue un peu courte qui veut jeter l’opprobre sur l’ensemble de la République.

En pénétrant dans son sein saute aux yeux la tragédie de sa véritable existence parcourue de clairs-obscurs.
9. Ainsi, si pour la gauche la Semaine sanglante ordonnée par la République conservatrice de Thiers reste une plaie ouverte, elle doit avoir en tête qu’au même moment c’est au nom de la République qu’elle livre un des épisodes les plus flamboyants de son histoire : la Commune.
10. Ce qu’on appelle alors « la majorité » (derrière Delescluze) se veut l’héritière de 1792 et poursuit le combat commencé à la Révolution française.

Cela donnera un programme qui fascinera jusqu’à Marx et qui dessinera pour lui puis pour les révolutionnaire russes de 1917
l’horizon d’une société idéale : La République démocratique et sociale.
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