L'arrivée du nouvel habillage de @M6 (qui renoue assez largement avec les origines de la chaîne) m'a donné envie de m'arrêter quelques secondes sur le logo de la chaîne. Car mine de rien, ce logo est un petit miracle.
#habillage
#habillage
(Si vous ne le saviez pas, le logo de M6 est né du crayon d'Etienne Robial, qui a également travaillé pour une certaine chaîne cryptée au signe algébrique)
Il n'est pas inutile de rappeler qu'à quelques mois près, ce logo est présent depuis le tout début de la chaîne, soit 33 ans… Trois décennies donc – ce qui, en tant que tel, se présente déjà comme une solide preuve de son succès.
Sur le plan identitaire, c'est déjà une réussite. Mais là où je veux en venir c'est qu'en tant que graphiste (dans le sens « dessinateur de signes »), je trouve qu'il y a plein de petits détails qui rendent ce logo extrêmement « satisfaisant ». Et ô combien malin.
Partons du commencement. M6, c'est un M et un 6, l'association de deux glyphes donc.
Par chance, la chasse d'un M (la largeur de la lettre) est importante. Par chance encore, c'est une lettre ouverte, faite en partie de diagonales. La contreforme de la lettre (son « négatif », donc) offre beaucoup d'espace et de respiration.
On peut donc y caser sans crainte un second signe – au hasard, le 6 ! Et en plus, le contraste est parfait : la rigidité et la linéarité du M d'un côté, les courbes du 6 de l'autre.
Tout s'imbrique bien. Les formes s'associent et se complètent sans qu'il n'y ait de déséquilibre, de zone trop chargée ou trop vide. Tout se tient et rien que ça, c'est déjà très chouette.
L'autre richesse de ce logo, c'est vraiment son architecture. Mis à nu, le sigle M6 dévoile une construction assez savante, avec de nombreux tracés qui se croisent, se frôlent…
Et on pourrait parler de son apparence presque symétrique et du fait que quasiment tout le logo se construit à partir d'un point très central, où les tracés convergent, à l'intérieur du 6. Une sorte de construction un peu parfaite, quoi.
Et ce que je trouve génial, c'est qu'il y a « à voir ». L'œil se balade à s'y perdre, et c'est un vrai bonheur.
J'aime bien zoomer sur les détails d'un logo et, pour celui de M6, on peut franchement s'amuser à explorer chaque petit recoin : des pointes, des coins, des ouvertures… Il y a, en quelque sorte, une « géographie » du logo que je trouve extrêmement plaisante.
Repasser encore et encore sur les contours de ce logo, c'est dégager de nombreuses formes géométriques différentes, toute une grammaire graphique avec laquelle on peut jouer énormément. C'est là-dessus que repose le nouvel habillage de M6

L'autre aspect que je trouve intéressant, c'est que le logo de M6 « tient debout ».
(et là je vous vois froncer les sourcils
)
(et là je vous vois froncer les sourcils

Je m'explique : sa base plus large que son sommet permet au logo d'être bien « posé » sur un plan horizontal. Qui plus est, ce jeu de diagonales renforce l'impression d'élévation qui s'en dégage.
Si bien qu'en 3D… et bien ça donne un objet extrêmement crédible, et aussi très esthétique.
Il faut dire qu'il prend sacrement bien la lumière. Prenez le logo « métallique » : avec l'extrusion, les faces intérieures penchées ou courbes se reflètent les unes dans les autres, comme un jeu de miroir infini.
Avec un effet de verre transparent, le rendu est encore plus organique. Et ce 6 pris dans le M créé encore davantage d'effets de réflection…
J'avais imprimé un jour en 3D une reproduction du logo de M6. Eh bien c'est une vrai expérience tactile (pas fréquente, d'ailleurs) que d'explorer chaque partie, chaque recoin du logo du bout des doigts…
C'est là qu'on se rend compte que le logo de M6 est déjà une belle construction graphique en soi, mais qu'il est aussi un vrai objet physique, plastique. Un objet « qui se tient ».
Et on peut remonter encore quelques années en arrière… M6, c'est donc l'association (par la superposition) de deux éléments, un M et un 6.
Une lettre et un chiffre ; une forme anguleuse et découpé d'un côté, une forme tout en courbe et en circularité de l'autre ; un glyphe qui s'étale, un autre qui se dresse…
C'est une mécanique enfantine, un simple jeu de contraste, mais cela a suffit a faire un habillage. Un M et un 6 auxquels on a donné vie, jusqu'à être personnifiés, dans une sorte de duo à la Laurel et Hardy.
Et au final, des dizaines de saynètes produites pour l'antenne et des diffusées pendant des années…
Ce que je veux dire au fond, c'est qu'un logo à partir duquel on a pu inventer autant de choses, trouver autant de concepts visuels différents… Eh bien c'est tout simplement exceptionnel.
Navré si ce thread a pu paraître s'adresser aux plus « nerds » du graphisme et se résumait plus à partager un obsession qu'autre chose…

Pour ajouter de l'eau au moulin, ce détail très très pertinent relevé par Éric : https://twitter.com/er_azara/status/1301792538253316097?s=19