Aujourd’hui, 3 septembre est l’anniversaire de la fondation de la 4e Internationale,. Thread sur l’histoire de l’internationalisme et les apports de Trotsky sur cette question centrale, à l’occasion de la diffusion de l’hommage à Trotsky par @RevPermanente #trotsky2020
Pour résumer brièvement, en 1848 c’est le printemps des peuples, les ouvriers de nombreux pays européens se révoltent simultanément contre leurs gouvernements. Leurs revendications ? La démocratie, un travail assuré et la fin de l’exploitation.
Ces mouvements simultanés font naître une conscience qu’il existe des intérêts communs à l’humanité. L’origine de l’internationalisme peut-être résumée par la célèbre phrase de Karl Marx à la fin du Manifeste du parti communiste : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! »
C’est pourquoi la grande œuvre politique de Marx et Engels fût de lutter pour la création de l’AIT (Association internationale des travailleurs) ; qui vise à regrouper les ouvriers de différents pays dans une lutte commune contre la capitalisme.
Je passe les détails, mais cette internationale finira par se dissoudre à cause de dissension interne entre communistes et anarchistes. Les premiers créeront l’Internationale Ouvrière qu’on appelle « la deuxième » en 1889.
Celle-ci fût extrêmement puissante, en 1912, dans 20 pays elle enregistrait 3 372 000 adhérents ; en outre son influence s’exerçait sur 7 315 000 coopérateurs, 10 830 000 syndiqués, 11 à 12 millions d’électeurs et les lecteurs de 200 grands quotidiens.
Son objectif reste le même ; unir les ouvriers sur des bases communes pour en finir avec le capitalisme. Elle fut cependant marquée par un conflit interne entre son aile gauche marxiste et internationaliste et son aile opportuniste.
C’est cette dernière qui gagnera la bataille politique en 1914. En effet, en cas de guerre l’aile internationaliste prévoyait une grève générale internationale. Concrètement, si la guerre était déclarée les marxistes voulaient une grève générale.
Plus d’imprimerie pour les affiches de propagande
Plus de charbon pour faire tourner les industries
Plus de transport pour amener les troupes
Plus de fabrication d’armes
Plus de télécom pour faire parvenir les ordres
Et ce, en France comme en Allemagne !
De par le grand nombre d’ouvriers adhérents, l’organisation avait la capacité de bloquer France et Allemagne dans un seul mouvement ; l’objectif était d’éviter la guerre à tout prix. Un ouvrier français a plus en commun avec un ouvrier allemand qu’avec son patron français
malheureusement le jour de la déclaration de guerre les élus français et allemands de l’aile opportunistes votent les crédits de guerre, décrètent l’union nationale et enfoncent l’Europe dans une guerre qui durera 4 ans et fera 10 millions de morts.
C’est face à cet échec que Lénine tenta de réunir les révolutionnaires dès 1915 et impulsa la création de l'Internationale Communiste « dite la troisième ». L’objectif est d’organiser des révolutionnaires de différents pays pour préparer la Révolution mondiale.
Vous le savez certainement, malheureusement le Komintern (de son nom russe) subit la dégénérescence stalinienne, devient dépendant de la politique de l’URSS et perd rapidement toute volonté d’organiser la révolution mondiale.
En effet, depuis plusieurs années dans la toute jeune URSS les difficultés s’accumulent. La Première Guerre mondiale a laissé le pays, déjà en retard de développement, exsangue. À cela s’ajoutent les agressions étrangères et la guerre civile.
Deux politiques vont alors s’affronter, personnifiées par Staline et Trotsky, la première prévoit « le socialisme dans un seul pays », la seconde théorise son impossibilité. La suite vous la connaissez ; Staline gagne la bataille, exclut Trotsky et le fait assassiner au Mexique.
On commémore cette année les 80 ans de ce lâche assassinat. Or avant de mourir, Trotsky avait eu le temps de fonder une nouvelle Internationale (la quatrième, donc) à la suite de l'exclusion violente des Oppositions communistes de la IIIe Internationale.
Celle-ci connaîtra également des difficultés, des scissions et des tentatives de réunification. Mais un peu partout dans le monde aujourd’hui encore, des militants cherchent à continuer le combat commencé en 1848 de l’unification des travailleurs, quelle que soit leur patrie.
Je voudrais vous partager un extrait d’un des nombreux textes de Trotsky où il évoque l’importance de l’internationalisme ; celui-ci date de mai 1940 et est donc publié dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale :
« Il y a presque un siècle, quand L’État national constituait encore un facteur relativement progressiste, le Manifeste communiste proclamait que les prolétaires n'avaient pas de patrie. Leur seul but était la création d'une patrie des travailleurs englobant le monde entier.
Vers la fin du XIX° siècle, L’État bourgeois avec ses armées et ses barrières douanières est devenu le plus grand frein au développement des forces productives qui exigent une arène plus vaste.
Un socialiste qui se prononce aujourd'hui pour la défense de la « patrie » joue le même rôle réactionnaire que les paysans de Vendée qui se précipitèrent à la défense du régime féodal, c'est-à-dire de leurs propres chaînes. [...]
Même cependant en ce qui concerne les grands États, ce qui est en jeu pour la bourgeoisie, ce n'est pas du tout la question de la défense de la patrie, mais celle de la défense des marchés, des concessions étrangères, des sources de matières premières et des sphères d'influence.
La bourgeoisie ne défend jamais la patrie pour la patrie. Elle défend la propriété privée, les privilèges, les profits. Chaque fois que ces valeurs sacrées sont menacées, la bourgeoisie prend tout de suite le chemin du défaitisme.
Ce fut la voie de la bourgeoisie russe dont les fils, au lendemain de la Révolution d'octobre, combattirent et sont une fois de plus prêts à combattre dans toute armée du monde contre leur propre ancienne patrie.
Pour sauver son capital, la bourgeoisie espagnole s'est tournée vers Mussolini et Hitler pour en recevoir une aide militaire contre son propre peuple. La bourgeoisie norvégienne a aidé l'invasion de la Norvège par Hitler. Il en a toujours été et en sera toujours ainsi.
Le patriotisme officiel n'est qu'un masque des intérêts des exploiteurs. Les ouvriers conscients rejettent ce masque avec mépris. Ils ne défendent pas la patrie bourgeoise, mais les intérêts des travailleurs et des opprimés de leur propre pays et du monde entier.
Les thèses de la IV° Internationale affirment : « Contre le mot d'ordre réactionnaire de la défense nationale, il faut lancer celui de la destruction révolutionnaire de L’État national.
À la maison de fous de l'Europe capitaliste, il faut opposer le programme des États-Unis socialistes d'Europe comme étape sur la route vers les États-Unis socialistes du monde".»
Le passage se termine ici sur une mention des États-Unis socialistes d'Europe, si le terme peut paraître aujourd’hui désué, il renvoie à un modèle de société que Trotsky décrivait dans une interview de février 1940 :
« Le système capitaliste est engagé dans une voie sans issue. Sans une entière reconstruction du système économique à l’échelle européenne et mondiale, notre civilisation est condamnée.
La lutte entre les forces aveugles et les intérêts débridés doit être remplacée par la loi de la raison, de la planification, de l’organisation consciente.
L’unification économique est pour l’Europe une question de vie ou de mort. L’accomplissement de cette tâche appartient, toutefois, non aux gouvernements actuels, mais aux masses populaires, conduites par le prolétariat.
L’Europe doit devenir les États-Unis socialistes si elle ne veut pas devenir le tombeau de la vieille civilisation. Une Europe socialiste proclamera l’indépendance totale des colonies, établira des relations économiques amicales avec elles et, pas à pas, sans la moindre violence,
par le moyen et l’exemple de la collaboration, les introduira dans une fédération socialiste mondiale. L’Union soviétique, libérée de sa propre caste dirigeante, se joindra à la fédération européenne qui l’aidera à atteindre un plus haut niveau de développement.
L’économie de l’Europe unifiée fonctionnera comme un tout. La question des frontières nationales provoquera aussi peu de difficultés qu’aujourd’hui les divisions administratives à l’intérieur d’un pays.
Les frontières à l’intérieur de la nouvelle Europe seront déterminées en fonction de la langue et de la culture nationale par libres décisions des populations concernées. »
Ceci semblera-t-il utopique aux « politiciens » réalistes ? Pour les cannibales, l’abandon de la consommation de chair humaine était, de leur temps, utopique. »
Ce rêve de la libre circulation et collaboration des hommes ; de la fin du nationalisme, du chauvinisme et d’une production rationnelle et raisonnée au service de l’humanité est aujourd’hui plus que jamais d’actualité.
Je terminerais par ces mots de Trotsky : « La vie est belle. Que les générations futures la nettoient de tout mal, de toute oppression, de toute violence, et en jouissent pleinement. »
Si ce Thread vous a intéressé, je vous invite à regarder ce soir à 19 h sur @RevPermanente le documentaire sur Trotsky, réalisé par des camarades de la Fraction Trotskyste de la 4e internationale, diffusé en simultané dans de nombreux pays.
Le lien est ici : https://www.facebook.com/events/3753893371305768
N’hésitez pas à partager, diffuser, me faire des retours et des critiques
Source : Livres : Histoire de l’Internationale communiste de Pierre Brouet
Sur la Deuxième Guerre mondiale de Trotsky
La révolution prolétarienne et le renégat Kautsky de Lénine
Site internet : https://wikirouge.net/L%27Internationale https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1940/05/lt19400523.htm
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