Est-ce que je suis à l'aise avec l'idée qu'un journaliste a infiltré la police, assisté au tabassage d'un ado noir puis fait de son "expérience" un livre choc ? Non. #Flic #ViolencesPolicieres

Dans les prochains jours, on va bcp parler du livre "Flic", sur Twitter et dans les médias tradi (déjà des contenus sur Médiapart et Konbini). La parole de Valentin Gendrot sera érigée en preuve que les violences policières sont racistes, systémiques... SAUF QU'ON LE SAIT DÉJÀ.

Cette réalité est documentée depuis des décennies par les habitant.e.s des quartiers populaires, des assos de terrain et des médias indépendants. Les violences policières sont désormais filmées, rendues virales grâce aux réseaux sociaux. ON SAIT. Alors pourquoi ce livre ?

J'y vois une nouvelle sacralisat° de la parole des hommes blancs, qui seraient seuls en capacité de prouver les dynamiques d'oppress° (sr le racisme, on entend mieux un Eric Fassin qu'une Rokhaya Diallo). C'est aussi du pur et simple #DominantPorn, concept forgé par @napilicaio.

La promo met ainsi en avant le tabassage d'un jeune homme noir sous les yeux du journaliste... Je passe sur le fait qu'il n'est a priori pas intervenu (!!) pour noter, encore et tjrs, la fascination malsaine pour la torture des corps noirs. Des US à la France, des vidéos -

d'Afro-Americains étouffés sous le poids des flics US jusqu'à ce récit bien de chez nous, le public se repaît et ne remarque même plus à quel point cette monstration de la souffrance des Noir.e.s est déshumanisante, combien elle habitue notre œil et notre esprit.

Nous n'avons pas besoin de voir ces images, de lire ces récits, et c'est en prime très dangereux pour les personnes racialisées. La quest° n'est pas d'hexhiber la preuve ms de définir comment on contribue à instaurer un rapport de force concret avec l'État, garant de ce système

La question, c'est comment, en tant que journaliste, sort-on du petit récit d'expérience cracra pour imposer un changement politique ? J'ai qques réponses en tête, à commencer par le fait de placer les concerné.e.s au centre de la narration, et pas de s'en servir comme "décor"...

Pour conclure, ce livre rappelle une précédente publication des mêmes éd. Goutte d'Or : "Judy, Lola, Sofia et moi", "immersion d'un an dans le porno amateur français". Cette fois, c'était les travailleuses du sexe qui étaient l'objet de la fascination...

Scènes hardcore, coups, viols... Déjà, de quoi satisfaire le public qui aime tant voir des actrices porno se faire violenter. Mais d'analyse par les premières concernées, point de trace, ni dans le livre, ni dans le cadre de la promo. Et on va donc avoir le même topo avec "Flic".