Quand on parle agriculture mondiale on évoque souvent le Brésil, le gigantisme… Mais c’est vite oublier son voisin argentin, qui était là bien avant… En avant goût du prochain Sesame, déroule Gaucho ! c’est le #thread du mercredi !
Aujourd’hui l’Argentine agricole repose sur 150 millions d’hectares de terres agricoles dont 39,7 sont arables. La part de l’agriculture dans le PIB est de 8,3 % (contre 1,7 en France) et grimpe à 20 % si on ajoute la richesse créée par l’agroalimentaire.
L’Argentine est considéré comme la 10e puissance exportatrice agricole mondiale, capable de nourrir 441 millions de personnes, mais est le 3e producteur mondial de soja (1er pour l’huile et les tourteaux), 2e pour le sorgho, 3e producteur de citrons…
Mais on exporte aussi de la viande bovine, du vin, des poires… Si vous voulez en savoir plus, vous pouvez consulter cette longue et complte synthèse du ministère de l’agriculture français.
https://agriculture.gouv.fr/sites/minagri/files/1606-ci-resinter-fi-argentine-v3.pdf
Membre actif du groupe de Cairns, l’Argentine milite pour une plus grande libéralisation des échanges de produits agricoles. Et vante à n’en plus finir la clé de voute de son succès « OGM - semis directs - glyphosate » et sa vocation exportatrice.
L’exportation de denrées agricoles n’y est pas une nouveauté, elle a modelé le développement de l’agriculture depuis longtemps, depuis le 14 août 1878 exactement, jour où un chargement de 4500 T de blé panifiable fût embarqué à bord de 6 voiliers. http://producciontucuman.gob.ar/evento/dia-del-cerealista/
Notez que cette date, 1878, est d’autant plus symbolique, bref elle ne sort pas de nulle part. En effet, deux décennies plus tôt, au sortir des années 1850, l’Argentine importait encore du blé pour nourrir sa population…
Notez aussi que cette bascule a été initiée par le 8e chef d’État argentin, Nicolas Avellaneda. C’est aussi sous son mandat que le 1er bateau frigo au monde a permis l’exportation de viande dans le monde entier.
https://es.wikipedia.org/wiki/Nicolás_Avellaneda
Tiens d’ailleurs, vous saviez que ce premier bateau frigo s’appelait Le Frigorifique et fut mis au point par un ingénieur français, Charles Tellier ? Prélude indispensable au développement du commerce mondial de la viande.
https://en.wikipedia.org/wiki/Charles_Tellier
Dans une série liée à son 75e anniversaire, le quotidien argentin Clarin, raconte l’histoire de cette révolution en dix épisodes. L’occasion pour l’auteur, @hhdospierre de rappeler que la production agricole argentine avait atteint des sommes avant la guerre…
… avec une production de 20 millions de tonnes de céréales au milieu des années 30, production tombée à 12 MT au sortir de la guerre qui donnera naissance, dans la années soixante à la deuxième « révolution de la Pampa », un siècle après la première.
Cette première révolution avait permis au pays d’atteindre le statut de « grenier du monde » puisqu’il fournissait des céréales et de la viande à la planète entière. 60 ans plus tard, ce sont 150 MT qui sont produites…

https://www.clarin.com/rural/segunda-revolucion-pa
Une des clés de cette deuxième révolution fut le soja, dont le journal ne se cache pas d’avoir été un infatigable promoteur, et qui représente aujourd’hui un chiffre d’affaires de 25 milliards de dollars https://www.clarin.com/rural/epopeya-soja_0_O4zcWmB8j.html
Le développement de cette agriculture compétitive et exportatrice n’aurait pu avoir sans la généralisation des semis directs qui, selon l’auteur, permet de réduire de 2/3 la consommation de carburant et améliore la qualité des sols, donc des rendements. https://www.clarin.com/rural/laboreo-convencional-siembra-directa_0_egsg4Gq-y.html
C’est d’ailleurs, vous le savez-bien, d’Amérique du Sud et du Brésil que sont venues ces techniques de semis directs qui allaient donner naissance à l’agriculture de conservation des sols.
Le soja est devenu, au fil des ans, l’épine dorsale de l’agriculture argentine qui en exporte 96 % de sa production. Dans ce papier passionnant et bien moins partisan publié par Géoéconomie (n°77), Stéphane Dubois raconte comment cette aventure industrielle s’est développé
… et aussi comment elle a changé le paysage agricole du pays en quarante ans. Les paysages géographiques, par l’abandon des autres productions au profit de la monoculture mais aussi sociaux avec la main mise des « pools de siembras» sur la culture du soja…
Mais aussi la main mise des grands négociants internationaux, ADM, Bunge, Cargill Dreyfus (connu sous l’acronyme ABCD et de quelques autres grands opérateurs, des producteurs de semences, main mise des grands propriétaires terriens qui louent leur foncier…
… au détriment souvent des autres (petits) agriculteurs qui ne parviennent pas à posséder les terres dont ils ont besoin pour produire la nourriture nécessaire au quotidien du pays comme l’explique Augustin Suarez de l’Union des travailleurs de la terre https://vimeo.com/442647017 
Plus discrète, la révolution fourragère contée par Hector A. Huergo dans @clarinrural permis que le pays développe les cultures sans mettre à mal les troupeaux de bovins destinés à produire de la viande ou du lait. En déconnectant les animaux des pâtures. https://www.clarin.com/rural/revolucion-forrajera_0_xUIKfDCc0.html
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