Pourquoi ne pas se moquer des religions? Un thread.
Je vous préviens, tout ce qui va suivre est trivial.

Histoire d'être original, je me place sous le patronage de Beaumarchais: "Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur". Et je le transforme quelque peu: s'interdire de se moquer des religions, c'est s'interdire de les trouver honorables.

Mais, va-t-on me répondre, ce n'est pas la question. C'est sans doute vrai, mais le fait est que se moquer d'une religion, c'est blesser ses adeptes. Pourquoi les blesser?

Ma réponse est: pourquoi pas? J'admets qu'il y a un devoir de bienveillance, mais il y a une différence entre vouloir le bien de quelqu'un, ce qui est de la bienveillance, et vouloir lui faire plaisir.

J'admets sans réserve que faire plaisir peut être l'expression d'une bienveillance, mais je refuse de les confondre.

Nous avons tous eu une enfance, et nous savons que la bienveillance pour un enfant consiste de temps en temps à le blesser. Il a déjà pris beaucoup de bonbons, et on sait qu'il va être malade. Lui faire plaisir consisterait à le laisser finir le paquet.

La bienveillance consiste à le lui enlever des mains. Et la chose le blesse, vraiment. Car pour lui, ce n'est pas une chose mineure. Voyez comme sa bouche se tord, voyez comme il finit par pleurer. Car c'est son être qui se joue.

Car il est mentalement totalement dans sa jouissance sucrée. Si vous la lui enlevez, il risque de n'être rien.

Vous lui enlevez le paquet de bonbons des mains, vous ne lui évitez pas seulement l’écœurement physique. Vous lui apprenez qu'il peut ne pas jouir mais pourtant continuer à exister. Vous lui apprenez qu'il ne se réduit pas à ses plaisirs.

Vous lui apprenez également qu'il n'est pas maître des gens. Vous éloignez le petit tyran pour lui apprendre à être une personne. Et, vous le savez, la leçon va être apprise dans l'heure. Dans peu de temps, il n'y pensera plus. Cela c'est la bienveillance.

Maintenant, prenons notre croyant "blessé". Vous trouvez sa croyance ridicule, mais vous n'avez pas le droit. En somme, vous allez le laisser être ridicule sans qu'il le sache. Dites-moi où est la bienveillance dans ce cas.

Vous allez le laisser croire qu'il a une idée hors de toute critique parce que sinon il serait "blessé"? Vous lui faites plaisir, mais vous l'exposez à de bien grandes peines, outre que céder à un chantage, c'est se dégrader

Car ce qu'il refuse, c'est le désaveu. Et en y cédant, vous validez ce refus. Mais la réalité nous désavoue sans cesse. Elle existe sans nous, et ne correspond pas à ce que nous attendons.

Nous aimerions être immortels, éternellement jeunes, et ça n'arrive pas. La vérité nous désavoue sans cesse: la somme des angles d'un triangle est égale à deux droits, que nous le voulions ou non.

Vous encouragez votre croyant à être triste simplement par le fait qu'il existe.

Refusez de ne pas le blesser, moquez-vous de ses croyances. Ainsi vous ne confondrez pas respect et flatterie. Vous lui apprendrez ainsi que les autres ne sont pas des prolongements de sa personne, et que ce qu'il tient pour sacré ne l'est pas pour autrui.

Vous lui apprendrez à affronter le réel, qui ne dépend pas de nous. Surtout, vous lui apprendrez à prendre ses distances avec lui-même. A ne pas être dupe de ses préjugés, et à s'autoriser à avoir tort. Vous lui apprendrez à être libre.