[drogue] Le confinement a été pour l’addictologie un essai grandeur nature d’une politique mondiale et synchronisée de prohibition: frontières fermées, douanes et polices toutes puissantes, fermeture des discothèques... est ce que ça a marché? Thread politique des drogues -> https://twitter.com/bfmtv/status/1300821450178338817
Je vais vous partager dans ce thread l’analyse faite par @AddictionSuisse dont le site est vraiment chouette, avec différents focus bien ficelés. Abonnez vous a Dépendances, leur revue! Je vous renvoie aussi sur ce thread sur la pénurie d’héroïne en Australie: https://twitter.com/nuclearyoshi/status/1265279230658539521
Si le but du confinement était de lutter contre la propagation du virus, il a été pour l’addictologie un programme indirect de lutte contre les stupéfiants au niveau mondial: contrôle des frontières, population enfermée, occupation de l’espace public par la police.
On a tous eu peur d’une pénurie massive de produits, avec à la clé overdoses, arrivée de nouveaux produits, baisse de l’offre, de la qualité et augmentation des prix. Addiction Suisse a enquêté, via le dark web, l’analyse des eaux usées et des seringues usagées.
Sur le Darkweb, demande et vente de cocaïne et héroïne restent stables pendant la crise. La demande de cannabis s’envole au début du confinement pour s’amender au deconfinement, celle d’ecstasy fait l’inverse. Le darkweb reste cependant une minorité dans le trafic (1 à 5%).
Les eaux usées sont un bon indicateur, mais ne donnent qu’une estimation de ce qui est consommé, car on ne sait pas à quel % le produit était coupé. Toutefois on note une parfaite stabilité de ce qu’on trouve dans l’eau tout au long de l’année.
On peut donc en déduire que malgré ces fluctuations vues sur internet... la demande d’ecstasy n’a pas diminué. Idem pour la cocaïne. Les gens ne consomment plus au même endroit, mais continuent de consommer.
Les analyses sur les saisies des brigades des stups des différents cantons n’observent que des variations non significatives dans la qualité des produits. Ils sont plus surpris par un amateurisme des passeurs au début de la crise: camouflage bâclé, dealers inexpérimentés.
Ce sont les écoutes qui révèlent quelques pistes: les trafiquants font face à une pénurie importante de cannabis, surtout la résine, la route Maroc Espagne étant fermée. Certains réseaux qui se faisaient la guerre s’allient pendant la crise. Les affaires sont les affaires.
Les analyses des seringues usagées et des produits dans les espaces de consommation semblent même montrer... une augmentation de la qualité des produits pendant la crise: la coke n’est parfois plus coupée, et l’héroïne repasse au dessus des 20% de pureté!
La consommation d’alcool est stable au niveau de la population générale, mais elle semble diminuer chez certains pour augmenter chez les personnes isolées et/ou souffrant de pathologies psychiatriques.
La substance la plus touchée au finale... c’est le cannabis. Selon la police et le réseau addicto, beaucoup d’arnaques, baisse de la qualité, augmentation du prix, et apparition côté alémanique de cannabinoides de synthèse.
Au final pour la suisse, le confinement n’a fait que perturber la filière d’approvisionnement, mais à aucun moment la consommation et la vente n’ont diminué. Et malgré notre impression, il n’y a eu que peu de demandes de nouveaux suivis.
On parle ici de la Suisse. Et ailleurs? Je vous renvoie vers ce court PDF de @UNODC qui résume bien la situation européenne et mondiale: https://www.unodc.org/documents/data-and-analysis/covid/Covid-19-and-drug-supply-chain-Mai2020.pdf
On s’aperçoit que la fermeture des routes aériennes a relancé le trafic maritime et terrestre. Le stress sur le réseau entraîne également une baisse de vigilance pour la réduction des risques, avec une majoration des contaminations HIV/HCV.
Si la fermeture des frontières ne semblent avoir que peu d’impact, les auteurs tablent sur la crise économique qui va suivre pour une perturbation à plus long terme du réseau. Baisse de revenu ne veut pas dire arrêt des consommations, mais shift vers des produits moins chers.
Au final, on s’aperçoit que comme en Australie dans les années 2000, diminuer l’accès aux produits n’entraînent pas une baisse des consommations. La prohibition ne fait que perturber les filières un temps, et diminue la qualité de la réduction des risques. C’est tout.
Merci de m’avoir suivi dans cette analyse. On remercie Addiction Suisse à nouveau pour la qualité de leur travail. C’est tout pour moi. Et n’oubliez pas, don’t shoot alone.
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