[Petite note de service à l'attention de mes ami.e.s journalistes (et pas qu'eux)]
Le procès qui s'ouvre demain n'est PAS "le procès des attentats de Charlie Hebdo", comme je le vois écrit ici et là.

Dans le dossier presse qui été communiqué à toutes les personnes accréditées (j'en suis), le nom des frères Kouachi revient 15 fois, celui d'Amédy Coulibaly... 45 fois (3 fois plus donc).

Autrement dit : il va être beaucoup plus question, durant ce procès, des attentats de Montrouge (8 janvier) et de l'Hyper Cacher (9 janvier), que de celui de Charlie Hebdo (7 janvier).

Soit dit en passant, d'ailleurs : "les attentats de Charlie Hebdo", ça n'existe pas. Il y a "les attentats de janvier 2015" ou "l'attentat de Charlie Hebdo", mais pas "les attentats de CH". (Je mets de côté l'incendie criminel de novembre 2011, sans rapport avec ce procès.)

Donc MERCI, vraiment, de ne pas prendre prétexte de ce procès pour nous ressortir le débat tout moisi sur "que reste-t-il de "Je suis Charlie" 5 ans après ?".

La question est un non-sens sociologique absolu, comme j'ai déjà eu l'occasion de l'expliquer à la fin de mon livre "Sidérations" (spoiler : passé un certain temps, il n'en reste rien, si ce n'est des souvenirs, et c'est NORMAL), ou ici : https://twitter.com/Gerome_Truc/status/949770416511504385

Et merci aussi, plus généralement, de prendre soin à la façon dont vous nommez les choses car, en l'espèce, il y a aussi des vies perdues et des personnes endeuillées derrière.

Parler du "procès des attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher", c'est déjà mieux, mais c'est reléguer dans l'ombre la mort de Clarissa Jean-Philippe, la policière municipale abattue par Amédy Coulibaly à Montrouge le 8 janvier 2015.

Donc vraiment, le mieux que vous puissiez faire, c'est de parler du "procès des attentats de janvier 2015" et de rien d'autre.
De même qu'il est hautement préférable de veiller à parler des "attentats du 13 Novembre" plutôt que des "attentats du Bataclan"...

La date d'un attentat, c'est encore ce qu'il y a de plus neutre et de plus clair pour le désigner.
Aux États-Unis, on ne parle pas d'autre chose que des attentats du 11-Septembre, et pas "des attentats de New York", comme on le lit ou l'entend encore trop souvent en France...

En Espagne aussi, on parle des attentats du "11-Mars" (à Madrid en 2004) et du 17-Août (à Barcelone et Cambrils, en 2017)...
Et en Norvège, des attentats du "22-Juillet", pour désigner les attentats d'Oslo et Utoya...

On doit bien pouvoir en faire autant en France, en respectant ainsi la mémoire des victimes, de TOUTES les victimes. Merci.