D'aucuns s'en souviennent peut-être mais l'été dernier, j'ai convaincu mes gosses qu'ils avaient participé à l'arrestation d'une bande de contrebandiers de pommes de pin et de vesses de loups.
Une carte postale (faussement) signée de la gendarmerie locale qu'ils avaient reçue après le retour à la maison avait achevé de les convaincre.
Et puis régulièrement au cours de l'année mon fils aîné me rappelait que si nous repassions par cette région, les gendarmes avaient promis une médaille.
Je n'avais pas prévu d'y retourner alors ce n'était pas grave.
Le malheur a voulu que n'ayant point trouvé de location - d'une part parce que je m'y suis pris comme un manche, d'autre part parce qu'on ne m'avait pas dit qu'il faudrait revenir en Champagne pour un mariage mi-août, enfin parce que tout était loué sans doute à cause du COVID -
Nous sommes retournés cette année sur le même lieu de villégiature. Rien à redire d'ailleurs, c'était canon, on a observé des chauves-souris, des grenouilles, des libellules, des poissons, des couleuvres,... les vacances étaient un mélange entre la Pagnol et Durell (Gerald).
Mais ces petits gredins se sont opportunément souvenus qu'une médaille leur étaient due. Je me suis donc mis en quête de médailles en toc dans les grandes et moyennes surfaces du coin et en parallèle suis allé trouver la maréchaussée locale.
Cette dernière quoiqu'un peu étonnée m'a réservé un fort bon accueil malgré mes explications bredouillantes, et l'adjudant - qu'elle en soit ici remerciée - a accepté de recevoir mes enfants et de les féliciter.
Tout s'est fort bien passé, les enfants intimidés s'étant plus ou moins réfugié derrière mes jambes au cours de l'entrevue. N'ayant pu trouver de médaille, j'ai échangé des clins d'yeux avec l'adjudant (comment ai-je pu?) pour qu'elle confirme que les médailles ne pourraient être
remises qu'après que le procès-verbal des félicitations ait été dressé et adressé au ministère de tutelle avant parution de l'arrêté au journal officiel.
Voilà pourquoi je me retrouve un vendredi après-midi à rédiger un faux arrêté portant attribution de la médaille de la sécurité intérieure après avoir acquis hier en salle des ventes des médailles de la 1e guerre mondiale.
La cérémonie aura lieu lundi.
A ceux qui objecteraient qu'on ne reçoit pas une telle médaille pour avoir contribué de loin à l'arrestation de simples contrebandiers, j'ajouterai que cet été, ils ont aussi permis l'arrestation d'un braqueur évadé de prison et que soit retrouvé son butin caché depuis cinq ans.
Et oui! Parce que nous jouons de malchance, figurez-vous que revenus en Bourgogne, il s'est avéré qu'une opération de police judiciaire avait lieu dans la maison que nous avions louée. Le secret de l'instruction ne nous permit pas d'apprendre quoi que ce fut de la part de l'OPJ
Mais un voisin bavard nous apprit que nous occupions l'ancienne maison d'un braqueur arrêté cinq ans auparavant à l'issue d'une cavale qui ne permit pas de mettre la main sur son magot et que ledit braqueur, dénommé Orthez, s'était évadé trois semaines plus tôt.
Les enfants avaient justement entendu des pas au grenier dans les jours qui précédaient et un soir, en rentrant de balade, nous eûmes la surprise de découvrir que la porte du grenier était barrée de rubalises "police nationale".
Une promenade dans un sous-bois le lendemain nous fit découvrir une voiture abandonnée sous la végétation dont l'assurance expirait juste après l'arrestation d'Orthez en 2015. La voiture était verrouillée mais une vitre était baissée et un siège arrière incliné pour permettre
d'accéder au coffre. COMME SI QUELQU'UN ÉTAIT VENU CHERCHER QUELQUE CHOSE QUI Y AURAIT ÉTÉ CACHÉ.
Le lendemain soir des claquements sinistres se firent entendre sous la fenêtre des filles et le lendemain on devait constater des éclats dans les volets comme si quelqu'un avait tiré
dessus au gros sel. Comme pour envoyer un avertissement.
Le surlendemain, c'était sous la fenêtre des garçons que les mêmes détonations retentissaient.
Mais le pire advint l'avant dernier jour des vacances. Alors que nous rentrions d'une bonne baignade, les enfants trouvèrent
un coutelas planté dans le volet de la porte d'entrée qui retenait un message sinistre rédigé grâce à des caractères d'imprimerie découpés dans des journaux.
You can follow @StanislasPompon.
Tip: mention @twtextapp on a Twitter thread with the keyword “unroll” to get a link to it.

Latest Threads Unrolled: