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Aujourd'hui :
Comment mesure-t-on le classement d'un chercheur ?
Ou d'une revue scientifique ? Ou d'une publi ?
(parce qu'on m'a aussi cherché avec ça)
(spoil: on va parler du #Raoult! Ah bon vous aviez deviné? Alors est-ce qu'il est vraiment n°1 mondial ?...)
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On s'est longtemps demandé comment mesurer la notoriété dans le domaine de la recherche. C'est en effet utile pour plein de trucs. Chacun voulant connaitre son "classement".
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En recherche, la contribution classique, c'est l'article de recherche : car il est censĂ© ĂȘtre vĂ©rifiĂ© de façon indĂ©pendante (mais y a plein de choses Ă  dire lĂ -dessus...). Cf. mon thread Ă  ce sujet : https://twitter.com/Sonic_urticant/status/1291120134246019074
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Mais comment mesurer l'impact d'un article de recherche? On ne va pas faire un applaudimĂštre (hum...).
Donc on mesure le nombre de fois qu'il est cité par d'autres articles de recherche : c'est censé prouver qu'il ne sert pas à rien. Ceci donne des "index de citation".
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Le premier index de citation, c'est l'impact factor = IF (facteur d'impact) : c'est celui de la revue dans lequel l'article est publié. Plus les articles de la revue sont cités, plus le facteur d'impact de la revue est grand :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Facteur_d%27impact
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Donc les chercheurs veulent publier dans des revues Ă  fort facteur d'impact (visibilitĂ©). Mais Ă©videmment c'est plus dur d'y ĂȘtre acceptĂ© :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Classification_des_revues_scientifiques
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Les revues les plus prestigieuses tapent un facteur d'impact vers les 40. Les plus petites en dessous de 1. Et les moins prestigieuses n'en ont pas. Certaines en ont un, alors qu'elles sont nulles aussi (on y reviendra).
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Attention : selon les domaines
- plein de gens bossent dans ce domaine, donc plein de citations
- et d'autres : beaucoup moins.
En recherche clinique ou en biologie molĂ©culaire, on vise facilement un facteur d'impact de 4 Ă  10. Alors qu'en palĂ©obotanique vous ĂȘtes content Ă  1.
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Il y a aussi un indicateur de notoriĂ©tĂ© pour chaque chercheur : le H-index (indice H). C'est du mĂȘme genre : ça mesure le nombre de fois que les articles de recherche du chercheur sont citĂ©s dans d'autres articles de recherche.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Indice_h 
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Ces index de citation ont pris une telle importance (dans les carriĂšres des chercheurs, les financements de recherche...) qu'Ă©videmment beaucoup essaient de contourner ou tordre le truc. Comme on dit en stat: "quand une mesure devient un objectif, elle cesse d'ĂȘtre objective"
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Alors voyons comment détourner le systÚme d'index de citations pour gonfler artificiellement sa notoriété et sa réputation :

a) Technique du salami : au lieu de faire un joli article de recherche, coupez-le en 2 ou 3 articles différents.
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b) Technique des copains : mettez tous vos potes en co-auteurs (Les revues exigent que chaque co-auteur prĂ©cise sa contribution. Mais avec Raoult and co, les articles des 18 ou mĂȘme 28 co-auteurs ont Ă©tĂ© acceptĂ©s sans le prĂ©ciser : on va voir pourquoi ils ont ce passe-droit).
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c) Technique de l'appel : demandez Ă  vos potes de vous citer, tout le temps, partout, dans leurs articles (bon, lĂ  c'est de bonne guerre).
Je rajouterais pour Raoult : en ce moment il est cité surtout pour dire que ses publis sont pourries. Mais il se vante de ses citations !
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(lĂ  on entre dans les trucs moches)
d) Technique du coucou : mettez votre nom sur tous les articles de votre labo, mĂȘme en n'ayant rien fait (vu que vous ĂȘtes chef, on va pas dire non). Tradition que le chef de labo co-signe. Mais avec un IHU de 200 chercheurs: jackpot!
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En 2006, quand Raoult et co. ont été interdits de publication scientifique pendant 1 an dans les plus grandes revues de microbiologie pour cause de fraude scientifique (oui, ils sont connus), certains ont répondu qu'ils étaient auteurs mais avaient mal lu l'article. MA-GIQUE!
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e) Technique de la revue d'auto-promotion : Grùce à vos relations, placez vos copains comme rédac-chef ou en tableau éditorial de revues (car ils décident quels articles accepter). Puis publiez open-bar !
(dans International Journal of Antimicrobial Agents, par exemple).
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f) Technique du bulletin municipal : CrĂ©ez vous-mĂȘme votre propre revue scientifique
(exemple : New Microbes and New Infections) et mettez-y vos potes en rédac-chef et adjoints. Là, vous pouvez y aller gaiement et dire que les extraterrestres sont parmi nous : ça passe crÚme.
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g) Enfin, le temps : mĂȘme si vous ne foutez plus rien, quelques uns de vos articles seront toujours un peu citĂ©s davantage chaque annĂ©e ! (c'est mon cas : je ne suis plus dans la recherche depuis des annĂ©es, mais mes citations augmentent : ça prouve juste que... je vieillis).
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Certes, Raoult a été trÚs bon : Rickettsies, virus géants...
(sur les traitements, en revanche: rien ou presque, contrairement Ă  ce qu'il affirme).
Mais ça fait un bail qu'il ne fait plus trop illusion dans le monde scientifique.
Alors... "n°1", "Mozart", "Mbappé", vraiment ?
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Voilà. Comme d'habitude, je vais me prendre une nuée de trolls. Mais si vos remarques sont constructives, précises, et argumentées, évidemment elles sont les bienvenues.
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