1. Un point sur la deuxième vague en France.
1b. D'abord, pour se rendre compte de la vitesse du phénomène. J'ai posté ce fil il y a 23 jours (barre noire), regardez l'évolution depuis.

https://twitter.com/Panda31808732/status/1290755509394509826
2. Au printemps, lors de la première vague, le dépistage était extrêmement limité, hospitalo- et sévéro-centré : au niveau du recensement, on a donc loupé plus de 90% des cas.

Cf. ce fil pour une estimation perso des chiffres de la première vague. https://twitter.com/Panda31808732/status/1296191251662897152
3. Cet été, on a ENFIN commencé à dépister sérieusement au-delà des vieux et des formes sévères, ce que l'on voit par la régression de la part des plus de 60 ans dans les tests positifs — jusqu'à ce qu'ils reviennent autour de leur proportion réelle.
4. Récemment, un peu plus de 10% des tests positifs concernent des >60 ans ; c'est moins que les 30% de la population qu'ils forment, donc ils sont encore relativement abrités (idem pour les malades chroniques, j'imagine), mais ça augmente en valeur absolue.
5. Ici, on voit nettement le mouvement à la hausse chez les 60-69 ans à partir de début juillet.
6. En moyenne sur 7 jours, c'est peut-être plus lisible.
6b. En ce moment, comment chaque classe d'âge est touchée par rapport à son poids relatif dans la population :

(Attention, les tests positifs ne représentent qu'une fraction des infections, biaisée vers les cas symptomatiques.)
7. Et quand les chaînes de transmission finissent dans un Ehpad…

(14 décès sur 39 résidents positifs à présent, soit 36% de létalité.) https://twitter.com/Panda31808732/status/1295106503431643138
8. La deuxième vague — techniquement l'ascension vers le deuxième pic de la première vague, car il n'y a jamais eu d'interruption de la transmission communautaire en France métropolitaine — démarre après la phase III du déconfinement (22/06).
9. Avec le début des vacances, la réouverture des lieux de détente (bars, restaurants, etc.) et la reprise des relations sociales ordinaires, les gens se sont mis à avoir plus de contacts, donc il y a eu plus de transmissions.
10. Le comportement humain détermine largement le cours de l'épidémie. Les deuxièmes vagues de Covid-19 sont typiquement déclenchées par le relâchement des mesures de restriction et de la vigilance, et c'est ce qui s'est passé en France.
Phase 1 du déconfinement : c'est passé, les gens étaient restés très prudents et beaucoup de lieux étaient encore fermés ou tournaient au ralenti ;
Phase 2 : c'est passé, même si le R remontait déjà vers 1 ;
Phase 3 : ça a cassé et pouf, c'est reparti en exponentielle.
12. Est-ce que ça va nous péter à la gueule ? Oui. Pas aussi brutalement qu'en mars, car l'exponentielle n'est pas aussi rapide/violente, mais sur la trajectoire actuelle, ça va finir par faire du gros dégât.

(En février/mars c'était la rouge, là c'est la orange pour les cas.)
13. Cet été, le chœur des imbéciles, qui jamais ne désemplit, a chanté à tue-tête le même refrain : Çayparcekontestplus.

Ce fut le tube de l'été viral : Çayparcekontestplus.

Si les trolls avaient raison, on aurait donc dû observer un taux de positivité plat.

Alors ?
14. Les trolls peuvent-ils nous expliquer comment, sans augmentation réelle, on ramasse 1 positif sur 25 avec 90 000 personnes testées/jour alors qu'on avait 1 positif sur 100 quand on en testait 30 000/jour ?

Non ? Personne ? C'est bien ce qu'il me semblait.
15. Chers trolls,

Concernant votre imbécillité chronique, il existe un remède ancestral, testé, éprouvé, validé, simple, indolore et 100% efficace — ça s'appelle le silence. Pourquoi ne pas tenter une longue cure ?
16. Grâce aux adaptations comportementales et aux restrictions restantes, donc, ça grimpe moins vite. Sauf qu'on a déjà gaspillé 7 semaines depuis la reprise début juillet, et qu'on ne partait pas de zéro, car le plateau bas en juin était vers 2000-3000 infections/jour.
17. Et surtout, en septembre, on va rallumer les deux grosses artères de circulation en population générale que sont le travail (plusieurs millions de gens vont revenir bosser) et le système scolaire (qui connecte 13 millions de personnes sur 62 000 établissements).
18. C'est-à-dire que les contacts entre les gens vont augmenter, donc on va avoir une pression à la hausse sur le R. Alors qu'il est déjà trop élevé. Il faudrait baisser les contacts de 30 à 50% pour remettre l'épidémie en décroissance, or on va les augmenter.
19. Donc on est dans l'impasse. Concrètement, on est échec et mat. Ou plutôt, on est en position de zugzwang : quand c'est votre tour de jouer aux échecs (et vous ne pouvez pas passer votre tour), mais que vous n'avez plus que des mauvais choix.
20. Comme on était monté monstrueusement haut et vite au printemps, les trolls qui ne comprennent rien à la dynamique de l'épidémie et jugent la reprise (plus lente) depuis les cimes écrasantes du pic hospitalier nous certifient qu'"il n'y a rien".
21. Mais, "doué d'une vue plus subtile, tu verras toutes les choses mouvantes".
22. Question de perspective. Si le fiasco terrible de la première vague est votre unique étalon de gravité, alors effectivement il faudra attendre encore un peu pour que les choses redeviennent graves à vos yeux. Et alors, il sera trop tard.
23. Si vous voulez voir une belle exponentielle hospitalière, vous n'avez qu'à zoomer sur le bouillon de culture qui fait la course en tête, là où le virus circule tellement qu'il éclabousse tout le monde, y compris les candidats naturels à l'hôpital ou au cimetière…
24. Les hospitalisations, entrées en réanimation et décès sont des évènements tardifs comparés à la dynamique réelle de l'épidémie, il ne faut PAS attendre qu'ils se produisent pour réagir mais ANTICIPER, donc agir AVANT, idéalement quand il n'y a encore PAS GRAND-CHOSE.
25. Les visions hospitalocentrées sont débiles, "tout va bien parce que l'hôpital ne croule pas sous les malades" = le degré zéro de la pensée en matière de santé publique. C'est déjà à cause de cette fulgurance conceptuelle qu'on a dû confiner en catastrophe en mars…
26. La stratégie ne devrait pas être de laisser circuler le virus tant que l'hôpital n'est pas débordé (atténuation) mais d'avoir aussi peu d'infections que possible (suppression) pour que la vie quotidienne puisse suivre son cours au mieux par pandémie de niveau 5.
27. Tout comme il fallait commencer à confiner dès fin février, il fallait agir dès début juillet lorsque la circulation a commencé à s'intensifier. On est le 27 août, le gouvernement a ronflé en regardant l'exponentielle travailler pendant 7 semaines, la note va être très salée.
28. Grosso modo, SI on continuait au rythme actuel (R = 1,3 à 1,4), alors on dépasserait le pic de la mi-mars vers la fin septembre ou début octobre. Croissance plus lente oblige, le système hospitalier aurait sans doute encore de la place, mais ce serait quand même atroce.
29. Le taux de létalité sur cas recensés est descendu à ~1% en août, pour un taux de létalité réel qui est peut-être descendu entre 0,25 et 0,4 avec les gens fragiles abrités. Je dirais donc qu'on voit entre 25 et 40% des infections contre 5 à 10% au printemps.
30. Le dépistage détecte une fraction des infections avec, en moyenne, une dizaine de jours de retard. L'intervalle gris représente les hypothèses sur le taux de détection. La projection est ensuite basée sur la croissance actuelle, avec un R entre 1,3 et 1,4.
31. Prenez ces estimations avec prudence, néanmoins 3 choses sont certaines :

• il y a beaucoup trop de malades qui circulent
• comme le R est supérieur à 1, il va y en avoir de plus en plus
→ donc on est sur une très mauvaise pente
32. Jusqu'où la seconde vague peut-elle monter ? Ça dépend des interventions. Je mets en garde : si ces grands inconscients laissent faire en mode « c'est bon, il y a encore de la place à l'hôpital », rien ne s'oppose à ce qu'elle monte plus haut…
33. Concrètement, si on arrive à la rentrée avec p. ex. 25 000 infections/jour et x2 tous les 15 jours, on aurait 50 000 contaminations/jour à la mi-septembre, puis 100 000 début octobre, puis 200 000 mi-octobre, puis… bon, on serait déjà reconfinés depuis longtemps à ce stade.
34. Même une exponentielle SARS-CoV-2 modeste (R = 1,3 à 1,4 ce n'est pas énorme), au bout d'un certain temps, finit par prendre une ampleur monstrueuse et créer un niveau de pression infernal, littéralement insoutenable.
35. (Pour être gentil, je n'ai pas abordé les scénarios où le R augmente et dépasse 1,5 après la rentrée. Auquel cas on mettra la clé sous la porte France encore plus vite.)
36. Comment ont fait tous les pays compétents pour se tirer d'un tel mauvais pas ? En fait, ils n'ont jamais laissé la situation se dégrader autant que la France. Du coup, ils n'ont pas eu à se poser cette question… car ils ont agi bien avant.
36b. Corée du Sud : 3 jours d'augmentation rapide des cas après un événement de super-propagation à Séoul. 12 décès Covid durant tout le mois, 0 mort du 9 au 16 août. Pays en état d'alerte, de multiples interventions lourdes en même pas 2 semaines.
36c. Hong Kong et la Corée du Sud à l'échelle française.
36d. La deuxième vague australienne (hivernale), partie de rien, à l'échelle française (et ils voient plus de cas que nous). Encore plusieurs semaines de confinement nécessaires à Melbourne (stade 3 début juillet, stade 4 depuis le 2 août) pour descendre jusqu'à quasi-zéro.
[Réparation de fil]

Ça continue ci-dessous. https://twitter.com/Panda31808732/status/1299069682994024448
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