🇨🇼 CURAÇAO 🇳🇱

Après avoir entraîné les équipes de la Corée du Sud ou bien de la Russie Guus Hiddink prend la tête d’une nouvelle sélection : Curaçao.

L’occasion de se plonger dans l’histoire de cette île néerlandaise des Caraïbes, où le football joue un rôle à part.

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Curaçao c'est une île de 444 km2 (à peu près d'une superficie comparable à l'Andorre), peuplé de 160 000 habitants.

Situé dans le sud de la mer des Caraïbes, au large des côtes vénézuéliennes, sa capitale est Willemstad.
Curaçao, comme Aruba, Bonaire, Sint Maarten (Saint-Martin), Sint Eustatius (Saint-Eustache) et Saba, est un territoire qui appartient au royaume des Pays-Bas 🇳🇱

Cet ensemble d’îles des Caraïbes était autrefois réuni sous l'appellation des Antilles néerlandaises.
Aujourd'hui Curaçao, tout comme Aruba et Sint Maarten, est un "pays constitutif" du royaume des Pays-Bas.

C'est à dire que l'île bénéficie d'une large autonomie avec sa propre constitution et son propre gouvernement.

Mais cela n'a pas toujours été le cas ...
Curaçao a d’abord été sous domination espagnole à partir du XVIème siècle.

Il semble toutefois que c'est le Portugal qui a donné son nom à l'île, curaçao était un nom dérivé du mot portugais coração (coeur).

Le territoire étant alors une plaque tournante du commerce mondial.
Tout bascule en 1634, après l'indépendance des Pays-Bas vis à vis l'Espagne à la suite de la Guerre de 80 ans.

La Compagnie néerlandaise des Indes occidentales envahit l’île et crée le port de Willemstad pour faire du territoire insulaire sa capitale commerciale des Caraïbes.
Curaçao va alors devenir une colonie d'importance pour les Pays-Bas et un haut-lieu du commerce mondial, notamment grâce à l'exportation de tabac et de cacao... mais aussi avec le commerce triangulaire et la traite d'esclaves.
Pour faire front aux attaques de l'empire britannique, les Pays-Bas vont réunir en 1828 Curaçao avec les autres possessions néerlandaises dans les Caraïbes pour former les Indes occidentales néerlandaises.

Et en 1848 ces Indes seront renommées sous le nom de Curaçao.
L'abolition de l'esclavage en 1863 (enfin !) par les Pays-Bas va faire rentrer l'île en récession.

Toutefois, Amsterdam va trouver un nouveau rôle à Curaçao au XXe siècle avec la construction de raffineries pour exploiter les champs pétrolifères vénézuéliens récemment découverts
Cette vitalité économique retrouvée va pousser la colonie à s'émanciper des Pays-Bas.

Après la Seconde Guerre mondiale, le royaume va ouvrir la voie à une plus large autonomie pour ses territoires d'outre-mer qui aboutira en 1954 à la création des Antilles Néerlandaises.
Les Antilles néerlandaises (Curaçao, Aruba, Bonaire, Sint Maarten, Sint Eustatius, Saba) passent donc d'un statut de colonie à celui de territoire autonome.

Elles ont donc le même rang que les 2 autres "pays constitutifs" du royaume à l'époque, à savoir les Pays-Bas et Suriname.
Ce nouveau territoire ne va pas tarder à utiliser le sport comme moyen de reconnaissance internationale puisque les Antilles néerlandaises vont participer, avant même son changement statutaire en 1954, aux Jeux Olympiques 🏅d'Helsinki de 1952.
Et c'est par le ballon rond que ces îles vont se révéler, puisqu'elles seront la 1ère sélection des Caraïbes à disputer un tournoi olympique de football.

Toutefois l'expérience tournera court aux JO de 1952, la sélection des Antilles étant sorti dès le 1er tour par la Turquie.
Il faut dire les Antilles néerlandaises par le passé, alors sous le nom de la colonie Curaçao, ont une longue tradition footballistique.

La fédération de football a été créé en 1921 et l'équipe nationale a disputé son 1er match international contre le Panama en 1934.
L'équipe nationale fera d'ailleurs parler d'elle aux Pays-Bas, puisqu'elle mettra en difficulté à Rotterdam le club du Feyenoord avec un match nul 3–3 devant près de 37 000 supporters, soit presque autant que les habitants de l'île de Curaçao à l'époque.
Le football va continuer de faire briller Curaçao/Antilles néerlandaises puisque la sélection sera finaliste de la Coupe de la Confédération centre-américaine et caribéenne en 1960 et sera médaillée de bronze lors Jeux d'Amérique centrale et des Caraïbes en 1950 et 1962.
Devenu la sélection des Antilles néerlandaises à partir de 1958, l'équipe va obtenir 2 troisièmes places (1963 et 1969) dans ce qui était l'ancêtre de la Gold Cup…avant de retomber dans l'anonymat.

Curaçao et les autres îles étant alors secouées par de sérieux troubles internes
Les discriminations raciales et une augmentation du chômage dans l'industrie pétrolière en sont les principales causes.

Les Pays-Bas vont alors peu à peu permettre aux Afro-curaçaoans une + grande influence dans la vie politique et reconnaître la langue locale, le papiamento.
Toutefois la baisse d'exploitation pétrolière et la fin des activités de la Royal Dutch Shell dans la région vont encore plus fragiliser l'équilibre économique des Antilles néerlandaises.

Cela aboutira notamment à la sécession d'Aruba des Antilles néerlandaises en 1986.
Les Antilles néerlandaises seront finalement dissoutes en 2010 :

Aruba, Curaçao et Sint Maarten deviendront alors des pays constitutifs du royaume des Pays-Bas tandis que Bonaire, Sint Eustatius et Saba auront le statut de municipalités spéciales.
L'équipe nationale de football de Curaçao est créée dans la foulée en 2011 et la FIFA accorde alors à la sélection le statut de successeur direct des Antilles néerlandaises.
Pour le journaliste Nathan Carr, ce choix est logique puisque "l'équipe était déjà composée en très grande majorité de joueurs originaires du Curaçao, donc cela semblait normal de les voir reprendre le flambeau."

La suite @sofoot @AdrienCandau
➡ https://www.sofoot.com/un-curacao-cocktail-kluivert-445268.html
Mais c'est véritablement à partir de 2015, et avec la nomination de Patrick Kluivert en tant qu’entraîneur, que la sélection va changer de stature.

Un choix qui vient avant tout du cœur pour l’ancien grand attaquant néerlandais, dont la mère est originaire de Curaçao.
Ne pouvant piocher sur un vivier de footballeurs conséquents avec les 160 000 habitants de l’île, Kluivert va s'appuyer sur la diaspora de Curaçao et monter une équipe avec des joueurs évoluant essentiellement aux Pays-Bas et en Europe.
Grâce à l'aura de l'ancienne star, Curaçao va convaincre plusieurs néerlandais d'origine curacienne de revêtir le maillot de la sélection nationale.

On pense notamment à Cuco Martina, Eloy Room, Gino Van Kessel ou encore Leandro Bacuna.
Kluivert va permettre à Curaçao de remporter 6 matchs en 12 rencontres et de passer de la 150ème à la 75e place dans le classement FIFA.

Toutefois l'expérience de l'ancien attaquant Oranje s'arrêtera en juin 2016, puisqu'il retournera entraîner les équipes de jeunes de l'Ajax.
L'héritage Kluivert va perdurer puisque son successeur, Remko Bicentini, va permettre à la sélection des Caraïbes :

🥇de remporter la Coupe caribéenne des nations 2017

🏆 de participer pour la 1ère fois de son histoire à la Gold Cup en 2017
Malgré l'excellent travail de Bicentini, et un 1/4 perdu seulement 1-0 contre les Etats-Unis lors de la Gold Cup 2019, c'est le 22 août dernier, et par voie de presse, que le sélectionneur de Curaçao apprend son licenciement 🤯

Guus Hiddink est nommé à sa place.
Un licenciement qui émane directement du Président de la fédé de football de l'île, Shaheen Elhage, nommé l'année dernière

Il faut dire que Guus Hiddink a déjà entraîné 5 sélections nationales et avait permis à la Corée du Sud d'être la surprise du Mondial 2002 avec une 4e place
Pourquoi une telle précipitation de la part de Curaçao ?

La réponse trouve sans doute son origine dans la situation économique du pays, qui repose en grande partie sur le tourisme, les services financiers mais aussi... l'industrie pétrolière.
Un partenariat de sponsoring sportif qui rappelle celui du Rwanda avec Arsenal ou plus récemment avec le PSG.

J'y avais d'ailleurs consacré un sujet ⤵ https://twitter.com/FCGeopolitics/status/1226927221769670657
Curaçao mise donc sur le sport pour faire connaître la "marque" de son territoire au niveau international (nationbranding) et attirer les investisseurs étrangers pour diversifier son économie, qui repose en grande partie sur le tourisme.
A voir donc si la greffe va prendre entre Guus Hiddink et la sélection de Curaçao, dans sa quête de participation à la Coupe du Monde 2022.
Toutefois les récents échecs de Guus Hiddink à la tête des dernières équipes qu'il a entraîné et la précipitation dans la décision de révoquer un coach qui avait permis à l'île de sortir du lot laissent planer le doute sur les ambitions footballistiques de Curaçao.
🇨🇼 FIN 🇳🇱
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