Les débats concernant l'Union soviétique ont été dominés par la propagande, en particulier en France depuis la publication en 1997 du « Livre noir du communisme ». https://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2020-04-16-preface-Hobsbawm
L’objectif avoué de l’ouvrage dirigé par Stéphane Courtois — aussi médiatisé que celui de Hobsbawm serait étouffé — était de prétendre sur la base de chiffres fantaisistes que le communisme avait été plus meurtrier encore que son cousin totalitaire (supposé), le nazisme.
L’idée de parler en bloc du « communisme » est d’emblée problématique tant celui-ci a connu de transformations fondamentales depuis la création de la IIIe Internationale.
Si on s’en tient à la seule Union soviétique, le parti bolchevique de Lénine est largement liquidé par Staline en même temps que la plupart de ses dirigeants.
Ensuite, non seulement les purges délirantes de 1937-1938 (680 000 fusillés !) ne se reproduiront jamais à une telle échelle, mais elles seront dénoncées en 1956 par le SG du PCUS qui expulsera cinq ans plus tard de son mausolée de la place Rouge le corps embaumé de Staline.
Au moment où Soljenitsyne publie « L’Archipel du goulag », les camps qu’il a connus comme détenu n’existent plus.
Hobsbawm relève même que la population carcérale de l’URSS était dans les années 1980 très inférieure à celle des États-Unis, et…
… que le citoyen soviétique ordinaire « courait moins de risques d’être tué — victime d’un crime, d’une guerre civile ou de l’État — que dans bon nombre de pays d’Asie, d’Afrique et des Amériques ».
(…) Jusqu’au bout, les démocraties libérales ont espéré que rouges et bruns s’affronteraient sans qu’elles aient besoin de s’en mêler. Hitler ne leur laissa pas ce choix.
Et Hobsbawm ajoute aussi ceci qui, lorsqu’on le relit en 2020, plus de vingt-cinq ans après la publication de « The Age of Extremes », ressemble à une prophétie:
« Sans l’URSS, le monde occidental consisterait probablement [...] en une série de variations sur des thèmes autoritaires et fascistes plutôt que sur des thèmes libéraux et parlementaires.
C’est l’un des paradoxes de cet étrange siècle : le résultat le plus durable de la révolution d’Octobre, dont l’objet était le renversement mondial du capitalisme, a été de sauver son adversaire, dans la guerre comme dans la paix ».
https://twitter.com/EditionsAgone/status/1298891253556359168
Contexte du passage controversé (et fin de ce thread).

L'intégralité de la préface à la nouvelle édition de « L’ère des extrêmes » d’Eric Hobsbawm chez @EditionsAgone est ici : https://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2020-04-16-preface-Hobsbawm (65 000 signes, soit plus de 230 tweets.)
Fin de la *tirade, pardon.
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