Je suis phobophobe.

Tiens, l'autre jour je me suis fait taxer de “transphobe” (vu que ma bio dit #IStandWithJKRowling je m'attendais bien à ce que ça tombe...), “phobie” que je conteste absolument, alors expliquons-nous en un peu.
Il y a une énorme dérive du sens et de l'usage du suffixe -phobe chez les crétins de mauvaise foi, qui hélas sont nombreux.

Que signifie “-phobe” ? Du grec phobos : Incarnation de la peur (panique), aussi un des satellites de Mars avec son frère Déimos (Terreur).
Donc la phobie, au départ, c'est la peur panique de quelque chose, par exemple arachnophobie, peur des araignées, puis par glissement/extension, le fait de détester quelque chose. Par exemple, je déteste les araignées parce que j'en ai très peur.
Du coup on a obtenu dans le langage courant les homophobes, c'est-à-dire ceux qui ont peur des homosexuels ou les détestent, les islamophobes, ceux qui détestent l'islam et les musulmans, et là, on est toujours dans un usage à peu près honnête de ce brave suffixe -phobe.
On aurait pu en rester là, mais le concept était trop beau pour silencer les gens (les “canceller” comme on dit maintenant) au prétexte de leur choquante phobie, réelle ou fabriquée, le concept était trop beau donc pour que des idéologues de mauvaise foi ne s'en emparent pas.
Et désormais on se fait taxer d'“Azertyphobe” non pas parce qu'on a peur des Azertys ou qu'on les déteste, mais simplement parce qu'on est en désaccord avec un point de vue exprimé par un certain nombre d'Azertys, même et d'autant plus s'ils s'agit d'une frange minoritaire.
Eh oui les activistes sont toujours une faible minorité, même si, quand il s'agit d'une minorité dans une minorité, celle-ci est parfois moins minoritaire.
En tout cas ce sont ceux qui gueulent le plus fort et dans certains cas font régner une certaine crainte par leur attitude agressive.

Mais la blague est faite : on n'est plus -phobe parce qu'on déteste des GENS, on est phobe parce qu'on est critique envers une opinion.
Et d'ailleurs dans ce petit monde tout est parfaitement manichéen : soit on est 100% d'accord avec l'ensemble de la doxa professée par une minorité, soit on est critique envers quoi que ce soit, et là pas de demi-mesure, on est -phobe en gros et sans détail...
...et en tant que tel on est bon à être cancellé, excommunié, quand ce n'est pas carrément du « burn the witch ! » de sinistre mémoire.
Suis-je pour ma part transphobe ? Absolument pas. Je n'ai pas peur des transsexuels, je ne les déteste pas du tout, je les respecte complètement en tant que personnes et je trouve absolument normal qu'ils expriment des demandes et défendent leurs droits.
Par contre je suis en radical désaccord avec certaines exigences et prétentions du mouvement transactiviste, en particulier sur le fait que doivent être complètement séparés “genre” et “sexe” (biologique ou physiquement apparent)...
...et que toute personne qui se réclame d'un genre donné doive se le voir automatiquement reconnaître par la collectivité sans aucune condition quelle qu'elle soit.
En particulier que tout homme qui s'exclame “I identify as a woman !” doive être automatiquement accepté comme femme, même s'il n'a entrepris aucune démarche de transition physique des caractéristiques d'un sexe vers l'autre et n'en a aucune intention.
Là il me semble qu'on est dans une déformation parfaitement abusive de la notion de transidentité, et que des hommes qui sont des hommes à la seule revendication d'être une femme près, se voient dès lors autorisés à fréquenter les toilettes et vestiaires des femmes,
participer à des compétitions sportives féminines (au grand dam de ces dernières), revendiquer l'admission dans des lieux lesbiens, revendiquer des rapports sexuels avec des femmes biologiques lesbiennes (et les taxer de transphobes si elles refusent)...
...voire être incarcérés dans des prisons de femmes pour avoir commis des agressions sexuelles sur des femmes avant d'avoir revendiqué en être une ! (tous exemples qui se sont avérés et ne sont pas imaginaires).
Je connais des exemples de personnes transsexuelles qui sont en total désaccord avec ces revendications, qui vont bien au-delà de ce qu'elles estiment légitime - mais ne le clament pas trop fort pour ne pas être taxées de... transphobie.
Je remarque aussi curieusement que TOUTES les revendications que j'ai vues sont celles d'hommes biologiques revendiquant le droit (avec ou sans transition physique) de coloniser l'espace et la parole des femmes biologiques, et aucune revendication dans l'autre sens.
Et je trouve ça éminemment suspect. Quoi, aucune revendication haute et forte de transhommes pour utiliser les urinoirs ? Pour parler au nom des hommes ? Pour s'emparer de leurs combats et en modifier l'orientation ?
Bizarre, bizarre, vous avez dit bizarre ?
Je trouve extrêmement dangereux cette revendication - qui ne va donc, en pratique, que dans un sens - détacher le statut de “femme” de toute origine biologique ou histoire personnelle, et l'offrir à quiconque le réclame sans même qu'il ait besoin de la plus petite transition.
J'ai la sensation très nette que c'est faire entrer le loup dans la bergerie...
Au-delà, autre chose m'interroge : l'histoire entière du féminisme est la lutte pour que les femmes soient reconnues en tous points dans les mêmes droits et capacités que les hommes.
Cela revient à définir la “femme” comme un être de sexe biologique différent de l'homme, mais doté des mêmes capacités cérébrales et ayant les mêmes qualités, intelligence, aptitudes, dignité, et possiblement les mêmes goûts que les hommes, et donc les mêmes droits.
Ainsi la “femme” se définit selon son sexe biologique, et rien d'autre. En particulier pas par une inclination pour la broderie, le maquillage, les robes ou les chaussures à talon. Une femme peut être en robe escarpins ou en jeans baskets ou à poil, elle reste une femme.
Et une femme biologique vit des réalités spécifiques en rapport avec cet état : les menstruations, la capacité à porter et mettre au monde un enfant ! Ce n'est pas rien, et cela définit la femme dans l'Humanité entière, toutes cultures confondues depuis la nuit des temps.
Que reste-t-il du concept de “femme” si toute personne qui se réclame telle en est une ? Eh bien : plus rien. Tout le monde peut être une femme s'il le dit, et youpi. Du coup tout le monde peut (LOL suivez mon regard) donner son avis sur ce que peuvent et doivent être les droits
...des femmes et les combats ”féministes” - qui deviennent par exemple celui d'être une femme-à-bite ou de ne plus parler de “femme” mais de personne-à-vagin (ou qui menstrue) histoire de attends je ne sais plus... n'exclure personne ? Double tranche de LOL.
Mais surtout sur quoi repose la revendication ? Sur le seul fait de “se sentir” femme. C'est maigre un peu, tout de même. De “se sentir” femme sans peut-être la plus petite intention de faire une transition physiologique correspondante.
Ah bon, du coup être une “femme” ce n'est plus qu'un simple ressenti (donc ça ne possède plus aucune réalité objective) hormis la possession d'un ”esprit féminin” dont toute la science médicale moderne et tout le féminisme nous affirment... que ça n'existe pas !
Là si on y réfléchit bien on trouve la revendication légèrement capillotractée non ?
Donc, ba voilà. Non, je ne suis pas “transphobe”. Je respecte les personnes transsexuelles. J'en ai connu trois, j'en ai eu deux pour potes (on n'en croise pas tellement dans une vie, en dehors d'un certain microcosme dont je ne fais pas partie).
Je respecte tout-à-fait le droit de chacun à faire une transition physique si il ou elle le souhaite et est prêt(e) à en payer le lourd tribut de souffrances (hélas ce n'est pas une mince affaire), et à être à partir de là considéré, pour sa vie sociale en général, comme faisant
...désormais partie du sexe vers lequel il ou elle a transitionné. Et je respecte totalement le droit de toute personne à avoir la sexualité de son choix avec les personnes de son choix, dans le consentement mutuel mais sans jamais avoir le droit de revendiquer un “dû”.
Mais je désapprouve la prétention que “genre” et “sexe” soit deux réalités complètement déconnectées et que seul compte le premier au détriment du second.
Je pense qu'“homme” et “femme” sont des sexes biologiques clairement séparés (sauf rares exceptions) et non des “genres”.
Et je pense qu'utiliser ce concept de “genre” pour commettre un hold-up sur l'attribution du sexe qui n'est pas son sexe de naissance est une malhonnêteté idéologique.
Je ne partage pas du tout le point de vue “Trans women are women” (et encore une fois on n'entend jamais la contrepartie “Trans men are men”, pourquoi ?) et je pense que, si une personne transsexuelle est tout-à-fait respectable en tant qu'être, elle demeure extrêmement...
marginale dans le groupe auquel elle souhaite appartenir, et par son histoire personnelle, ne sera jamais représentative de ce groupe : elle demeurera toujours un cas très minoritaire et particulier.
Je m'interroge aussi sur le fait que “femme” soit la seule catégorie au monde dont on exige l'appartenance par la seule revendication.
Je veux bien “m'identifier comme” Docteur en physique nucléaire, banquier d'affaires, milliardaire, Noir ou de nationalité japonaise, bizarrement
personne, jamais, ne me soutiendra dans cette revendication. “I identitify as rich !”.

Mais femme, par contre, servez-vous, c'est open bar.
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