[THREAD] ⚠️ TW // viol, inceste, pédocriminalité

Cher Twitter, si je décide de m’exprimer ici c’est pour vous parler. Pour que vous parliez. Pour que l’on en parle.
J’ai été violée pendant 10 ans par mon grand-père et ça y est, après des années à dealer avec ma culpabilité, ma honte, ma peur, ça y est, j’en suis convaincue : ce n’est pas à moi d’avoir honte.
Ce n’est pas à moi de me taire. Si je fais le choix d’en parler c’est parce que j’ai enfin réussi à sortir de ma coquille. Et il fait beau dehors ! Alors j’aimerais que toutes les personnes encoquillées puissent se décoquiller ⤵️
1. L’EMPRISE 🔗
 
Du haut de mes 3 ans, j’arrive dans ce jardin, les fleurs sentent bon, les haies sont bien taillées. Il est seulement 10h30, le poulet et les patates mijotent déjà.
L’enfant que je suis et qui rêve d’une stabilité, de la famille Fisher-Price que la TV s’évertue à lui vendre, est sous le charme de cette apparente quiétude.
Ça y est, je suis dans la pub ! Enfin, ils sont là mes grands-parents ! Devant moi, dans leur bonheur parfait et aligné.
Je vis seule avec ma mère, je ne connais pas plus mon père que les tortues connaissent le leur. Mais depuis quelques mois, ma mère fréquente un homme plein de gentillesse, d’amour et qui veut bien que je l’appelle Papa !
Cette vie commence à sentir bon pour l’enfant que je suis et qui ne comprend pas pourquoi on ne vient jamais la chercher à 2 devant l’école.
Je les rencontre enfin, les parents de ce papa d’adoption qui me donnent sur un plateau tout ce dont je rêve : l’amour d’un père, sa famille, une maison du dimanche et son poulet croustillant. Cette fois, je saurai quoi dessiner à l’école !
À languir sur ceux de mes camarades de classe, je finis par entendre le cri des enfants qui jouent et celui de la grand-mère, qui, pleine d’amour, envoie à tout le monde un « À Table ! » fédérateur. Alors là, ce dimanche, je vais pouvoir le crayonner fièrement !
Sans le savoir, cette journée divine qui me remplit de joie n’est que le début d’un calvaire bien dissimulé.
J’aurais dû me douter que ce grand-père qui taille frénétiquement ses haies avec une telle maniaquerie, pendant que tout le monde partage un doux moment de bonheur, ce n’était pas clair…
Mais l’enfant que je suis à cette époque ne voit que la haie bien taillée. Et puis, heureusement, tous les gens obsédés par leurs haies ne sont pas des pédocriminels !
À partir de cet instant, je vais perdre petit à petit mon être, perdre mon innocence, ma joie. Les choses vont devenir de plus en plus sordides. D’un câlin forcé, on va très vite arriver aux viols à répétition.
La manipulation de cet homme, la sidération qu’implique le viol, la peur d’affabuler. Très vite, tout va se mettre en place pour me faire taire et que je m’exécute. Mon consentement n’y est pas, mais l’emprise en fait son affaire.
L’anéantissement me laissera sans voix pendant des années.
Puis traîner tout ce paquet qui ne m’appartient pas devient insoutenable. Après une énième crise d’angoisse, d’hystérie, de pleurs, je craque ! Je ne peux plus justifier cette colère et cette tristesse qui explosent pour tout et pour rien.
Alors, un soir, après avoir encore pété les plombs car ma maison n’est pas assez propre, que je me sens encore sale (alors que, depuis le matin, je fais la chasse aux bactéries aussi puissamment que Mac Lesggy dans E=M6), je craque !
Mon copain n’a pas aligné la table avec les rainures du parquet et j’explose.
J’explose car le contrôle que j’essaie d’avoir avec mes milliers de tocs est une course sans fin et épuisante. Mon mec me dit qu’il n’en peut plus de vivre dans une bulle de verre avec une meuf qui se lave dès qu’on la touche.
Et je ne peux justifier le pourquoi du comment par une simple passion du ménage.
Je craque, et je lance un : « J’ai été violée par mon grand-père, je n’en peux plus ! »
2. SORTIR DU DÉNI 🤯

La phrase est lancée, mon cœur bat à toute allure, j’ai peur. Peur d’avoir fait une énorme bêtise, que mon grand-père me tue comme il me l’a si souvent promis. Peur que mon copain se moque, qu’il ne me croie pas.
Comme toute peur, elle s’estompe seulement au moment où on la dépasse.
Mon mec me dit alors : « Quel salaud, c’est horrible de t’avoir fait ça, tu n’y es pour rien ».
En une seconde, je viens de perdre toute la lourdeur que je portais depuis des années. Je suis encore sonnée et apeurée par ce que je viens de lâcher, mais un soulagement intense, jamais ressenti, me laisse comprendre qu’il est temps de se délester de tout ça.
J’entame alors une psychothérapie, en parle à mes proches, porte plainte. Et arrive le temps de la reconstruction. Après des années d’amnésie, de phobies, de dépression, le soleil revient petit à petit. Et le sordide s’éloigne.
Il est passé et je ne veux plus lui laisser de place. En tout cas, le moins possible.
3. LA RÉSILIENCE✊

Il est là le nerf de la guerre : réussir à ne plus être suivi.e par le sordide. Faire en sorte de chasser cette peine et cette douleur dont chaque cellule se souvient au plus profond d’elle-même.
Ne vous inquiétez pas, c’est une femme qui revient de loin qui vous dit que c’est possible ! Une femme qui se levait la nuit pour nettoyer ses interrupteurs, aligner ses télécommandes et se re-re-re laver car elle trouvait qu’elle sentait le phacochère.
Donc croyez en votre pouvoir de transformation, il est en vous. Et ça, personne n’a pu l’anéantir, il était juste abasourdi.
Je peux vous assurer que ce travail qui vous semble herculéen ne l’est pas tant que ça !
Ce qui est difficile, c’est de décupler une énergie folle pour garder l’horreur enfouie. Ce qui est invivable, c’est d’étouffer l’horreur, de la garder en soi, de la dissimuler. C’est ça qui vous prend le plus d’énergie et de temps.
Alors que dès que vous allez parler, accepter, tout cela prendra beaucoup moins de place.
Réussir à en parler m’a permis d’accéder à mon vrai moi, de retrouver la joie de la petite fille que j’étais avant tout ça. Quand on entame une reconstruction, tout votre impossible vous redevient possible.
Vos rêves redeviennent accessibles, votre estime reprend un peu du poil de la bête.
Avant d’entamer une psychothérapie, d’en parler à mes amis, d’oser le dire à ma mère, de porter plainte, tout me semblait insurmontable : faire 50 km en voiture, aller à une fête, reprendre ma passion du théâtre, accéder à l’orgasme. Tout me semblait MORT.
Et il me paraissait inconcevable de croire en une possible éclaircie tant mon quotidien était sombre.
Je me rappelle encore écouter mon psy me dire qu’avec un peu de temps, je réussirai à aller à l’autre bout de la France en voiture, que je pourrai me mélanger à une foule, que je réussirai à remonter sur scène. Je me disais clairement que ce psy était fou.
Et puis, au fil des séances, au fil de ma réassurance, je prends conscience qu’il n’est pas si timbré. Chaque journée est faite d’une petite victoire.
Je commence par faire 50 km sans transpirer à grosses gouttes, je réussis à aller à une fête sans partir à 21h30, et toutes ces petites victoires me galvanisent. La balance se renverse et j’ai enfin ENVIE !
Je pars alors dans une course effrénée à voir tout ce que je vais pouvoir être capable d’entreprendre.
De fil en aiguille, J’OSE. J’ose reprendre le cours de ma vie, là où mon grand-père a cru m’avoir laissée pour morte.
C’est alors que je me mets à entreprendre. Je m’inscris dans cette école de théâtre que je lorgne depuis des années. Je quitte mon petit patelin pour PARIS ! Je prends le métro. Même pas peur ! Je rencontre des gens. Même pas peur !
Je remonte sur scène, même pas peur ! (euh, enfin si, un peu… mais cette fois c’est normal).
Et c’est exactement ça : vos peurs redeviennent NORMALES. Elles ne régissent plus votre vie. J’ai alors créé un spectacle pour en parler, et ça y est, la boucle est bouclée. Le rêve que j’avais à 3 ans redevient mien.
Ça n’a pas été simple mais ça n’a pas été plus compliqué que de se taire et de pleurer seule, pétrifiée à l’idée de ne jamais réussir à se reconnecter à soi-même.
Rappelez-vous bien que tenir le silence est beaucoup plus difficile que d’ouvrir la parole. Donc vous avez fait le plus dur mes petits escargots !
Certes, votre corps et votre âme se souviennent de chaque cellule qu’on lui a amochée mais chaque cellule se souvient aussi de l’être qu’elle constituait avant.
Et quand vous découvrez que le combat va être long, mais qu’il est possible de récupérer l’être que vous avez été, vous avez déjà réussi à faire un bon pied de nez à votre sidération. One point baby !
Et rajoutez à cela que l’horreur que vous avez vécue peut vous apporter de la force. Vous verrez alors votre douleur comme une alliée. Elle deviendra votre kérosène. Two points baby.
C’est comme un bon mojito : il y a des ingrédients à respecter et d’autres à ne pas mettre (toi-même tu sais, le tabasco c’est dégueulasse).
Donc on dégage sa honte, sa culpabilité et sa peur de son verre ! Il va vous falloir du courage, de la parole, de la combativité, et ça tombe bien, vous en êtes rempli.e.s !
Allez, je te laisse transformer ta soupe Liébig infâme et tu me changes tout ça pour un délicieux mojito fort en résilience.
PS : Avant de sortir de votre coquille, munissez-vous d’une bonne paire de lunettes. La vie va vous éblouir !
Kiss, love et vinaigre blanc, c’est mieux pour les océans 😉
You can follow @NormaResiliente.
Tip: mention @twtextapp on a Twitter thread with the keyword “unroll” to get a link to it.

Latest Threads Unrolled: