Thread sur la littérature néerlandaise. « Tous les oiseaux ont commencé à faire leur nid, sauf toi et moi ; alors, qu’attendons-nous ? », une première manifestation incroyablement poétique du langage littéraire en ancien néerlandais.

Et pourtant cette phrase a été retrouvée griffonnée à l’arrache sur la page de garde d’un ouvrage de sermon - on appelle ça une probatio pennae (on essaie sa plume en gros).

(Perso mes probatio pennae ça ressemble plutôt à un coup de Bic sur la semelle de mes baskets )

Cela dit c’est aux Pays-Bas comme ailleurs : la littérature, ce n’est pas le livre, c’est d’abord les chants, les déclamations…

Et quand on commence à trouver des écrits ce sont comme des fossiles dont on essaie d’inférer tout ce qui existait autour. C’est un renversement total : alors que le moine écrivait ça pour tester sa plume pour ne pas gâcher les sermons (ce qui comptait vraiment en fait)

Les historiens de la littérature seraient bien contents d’avoir moins de sermons et plus de moines qui voulaient tester leurs plumes parce qu’à part ça les traces c’est plutôt

Heureusement on a Hadewych, une écrivaine nettement plus véner qui faisait partie des béguines. Les béguines sont un peu les féministes non mixtes du 13e au Pays-Bas : elles trouvent l’Eglise trop masculines donc elles partent vivre entre elles et gérer leur spiritualité seules

Et donc Hadewych laisse des Brieven (lettres) didactiques à ses copines béguines où elle exprime ses difficultés à vivre en tant qu’amante mystique et c’est

« J’étais dans un tel état de transport extatique que je croyais devoir mourir d’enragement et que même mourante je continuerais à enrager »

(On voudrait lui offrir un womanizer pour la soulager)

Alors que paradoxalement du côté chevaleresque c’est plutôt coincé du cul : le public néerlandais snobe Tristan et Lancelot (trop adultères à leur goût) et préfère Gauvain, pilier du maintien de l’ordre à la cour.

(Oui ce thread est surtout ma prise de notes sur la super Histoire de la littérature néerlandaise de Stouten, Goedebuure et van Oostrom )