Le #bio est-il meilleur pour la #santé que l'alimentation issue de l'agriculture conventionnelle ? A lire certains experts journalistes, zététiciens et sceptiques (images), au mieux on ne sait pas, au pire on sait que non.

En fait si, en 18 tweets ⏬

#UnJourUneInfoScientifique
Ces experts devraient maintenir leurs connaissances à jour : la science produit chaque année de nouvelles connaissances. Le temps est même le principal ingrédient des études épidémiologiques et nutritionnelles, qui ont besoin d'un recul suffisant pour livrer des tendances.
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Et donc on a quoi en 2020 ? On a a moins deux études de cohortes assez larges, au Royaume-Uni et en France, qui ont en commun de mettre en évidence une baisse significative des lymphomes non hodgkiniens (LNH) chez les plus gros consommateurs de bio : -21% et -86%, respectivement.
L'étude anglaise porte sur 623 080 femmes suivies pendant 9,3 ans et dont on a qualifié la consommation de bio par la simple question "Mangez-vous bio, jamais / parfois / habituellement / toujours ?", pour la corréler aux cancers enregistrés par le NHS.
https://www.nature.com/articles/bjc2014148
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Evidemment, les épidémiologistes connaissent déjà bon nombre de facteurs qui sont corrélés avec les risques de cancers : âge, catégorie socio-professionnelle (CSP), consommation d'alcool, de tabac, de fibres, de viandes...
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Autant de paramètres connus dont les auteurs tiennent compte afin de ne pas confondre l'effet du bio avec des facteurs concomitants tels que la CSP ou la moindre consommation de viande.

Ces corrections faites, les risques relatifs font apparaître 2 associations significatives.
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Les lymphomes non hodgkinien apparaissent moins fréquemment (-21% de risque) chez les consommateurs habituels de bio. Ce résultat est consistant avec l'étude française dont on parle dans 3 tweets.
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En revanche une légère association positive bio / cancers du sein (+9%) émerge qui n'est pas retrouvée en France. Les auteurs suggèrent que facteurs confondants résiduels ou assiduité aux tests de dépistages pourraient expliquer ce surcroît de cancers détectés.
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Il est souvent reproché à l'étude anglaise de minimiser l'aspect nutritionnel. Par exemple : est-ce que les gros consommateurs de bio ne seraient pas aussi de gros consommateurs de fruits et légumes, ce qui ferait attribuer au bio les bénéfices d'une bonne alimentation ?
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Portant sur 68 946 participants de la cohorte NutriNet-Santé, elle ajoute à l'ensemble des facteurs pris en compte le score nutritionnel PNNS-GS élaboré et validé par des scientifiques et qui reflète les recommandations nutritionnelles française.
https://etude-nutrinet-sante.fr/article/view/319
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Facteurs confondants pris en compte : âge, sexe, statut professionnel, niveau d'éducation, état civil, revenu mensuel, activité physique, tabac, alcool, historique familial de cancer, IMC, taille, apport énergétique, apport en fibres, en viande rouge, en viande transformée,
score PNNS-GS, et, pour les femmes, nombre d'enfants, statut ménopausique, traitement hormonaux et contraception orale.

L'apport en aliments bio est aussi beaucoup plus finement renseigné que pour l'étude anglaise, avec découpage en 16 groupes d'aliments.

Conclusions ?
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Les auteurs constatent des associations statistiquement significatives pour les gros consommateurs de bio (colonne Q4) et quelques cancers spécifiques : diminution des risques de LNH -86%, de cancers du sein postménopause -34%, et de tous types de lymphomes -76%.
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Les LNH étant relativement fréquents (puisque leur incidence en France est proche, chez les femmes, de l'incidence du cancer du poumon) il est heureux d'avoir identifié une possible voix pour les réduire.
https://twitter.com/ethalises/status/1191678816407752707?s=20
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Mieux encore, et à l'inverse de l'étude anglaise, cette étude met en évidence une réduction significative du nombre de cancers en général, toujours pour les plus gros consommateurs d'aliments bio, de l'ordre de 25%.
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Voilà pour ces deux études qui portent sur le lien entre le bio et les cancers.

Il faudrait pour être complet vous parler des facteurs explicatifs envisagés (pesticides, composition) et des autres problèmes de santé atténués par le bio (diabètes, syndrome métabolique) mais...
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... ça sera pour une prochaine fois (peut-être) !

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L'épisode 2 se penche sur les problèmes de fertilité, il est accessible ici : https://twitter.com/ethalises/status/1304797453422657536
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