Où l'on redécouvre, à travers un article supposément "gentil" en le survolant, à quel point la presse, en particulier en #PQR, vit de l'exploitation d'ouvriers indépendants sous-payés et à temps très partiel. Rôooo, me répondrez-vous, arrête de râler, il est sympa ce papier... https://twitter.com/presseocean/status/1296492142618173440
Surtout, il ne bénéficie pas d'une voiture de service (adaptée) fournie par son employeur, qui ne lui a pas non plus souscrit d'assurance auto extensive afin de couvrir ce genre de mésaventures alors que son véhicule personnel est son principal outil de travail.
Là où ça devient lunaire, c'est que l'article relayant son appel à témoignages ne mentionne même pas qu'en fait, la majeure partie des journaux qu'il distribue, ce sont bien des @OuestFrance et des @presseocean. Pourquoi ce voile pudique sur les titres pour lesquels il bosse ?
Serait-ce pour éviter que les lecteurs invitent le groupe Ouest-France à financer un nouvel outil de travail si le miracle espéré ne se produit pas ? Groupe qui a privilégié depuis 20 ans le portage et la précarité afférente aux postiers auxquels était avant dévolu ce travail ?
Pour le reste, la presse quotidienne a lancé le portage. Soit avec des travailleurs indépendants non salariés (les VCP), comme ça, zéro responsabilité pour l'employeur, éditeur ou "dépositaire" (en fait le plus souvent des TPE/PME de quelques salariés).
"Pour les VCP, les 2 principales modalités de gestion sont les dépositaires (60,8 %) et les éditeurs (31,6 %) [...] pour les porteurs, il n’y a réellement que 2 modes de gestion répartis équitablement entre la gestion par filiale (46,6 %) et la gestion par dépositaires (49,7 %)."
"Cette disparité peut s’expliquer en partie par la différence de statut, les éditeurs étant plus enclins à gérer directement les VCP qui sont des travailleurs indépendants pour lesquels la relation est commerciale et ne relève par du code du travail." Les GAFAM n'ont rien inventé
"En revanche, pour les porteurs, qui sont des salariés en droit du travail, la gestion directe peut apparaître plus contraignante pour l’éditeur, ce qui peut expliquer le choix de la gestion par filiale ou dépositaires." Le rapport met noir sur blanc l'hypocrisie du système !
Ces retraités en CDI se félicitent d'avoir pu passer d'un strict paiement à la tâche (par 100 journaux distribués) à une forme de paiement du temps d'attente pré-distribution. Car oui, parfois le journal sort en retard de l'imprimerie et eux poireautaient gratos en pleine nuit.
Chez ce prestataire-là, les indemnités kilométriques sont remboursées sur base d'un deux roues. Et pas d'assurance auto payée par l'employeur, évidemment. Heureusement, les dimanches, ils ont une prime de 3.05 euros brut... la voilà, la réalité de ces porteurs.
Enfin bref, on comprend mieux que l'article de Presse Océan reste pudique sur cette réalité sociale et son statut d'employeur de fait : on ne sait jamais, les abonnés pourraient demander des comptes à leur journal plutôt que de se contenter de relayer cet appel de détresse...
PS : je n'ai rien contre l'autrice de l'article, qui a sûrement pensé bien faire (et a bien fait d'un certain point de vue) en relatant le désespoir de ce porteur. J'ai juste voulu ici en changer la focale, en gros, car il y a aussi tout un système d'exploitation sociale.
Vous avez aimé ce thread ? N'hésitez pas à payer un bout de mon salaire pour découvrir plein d'autres articles sur les coulisses parfois peu reluisantes du monde médiatique ! Et pour me procurer l'indépendance, la liberté de ton dont j'use ici :-) https://twitter.com/arretsurimages/status/1288815773788647424?s=19
J'ajoute la (non) réaction à ce thread du directeur départemental de Ouest-France couvrant la zone concernée. C'est mal parti pour que le journal prenne en charge le remplacement du véhicule de son porteur...
https://twitter.com/awajdzik/status/1296762504618680325?s=19
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