[ TW VIOLENCES CONJUGALES ]

Avec une amie de garde pour le SAMU, nous aimerions vous partager quelque chose.
Son statut l’obligeant à conserver son anonymat, elle m’a demandé de partager une intervention qui l’a marquée.
Ainsi, les mots que vous lirez ne seront pas les miens. Ils auraient eu bien moins de force et d’authenticité que les siens.
« Nous avons été appelés par une femme, qui nous indique être tombée dans les escaliers, être immobilisée par la douleur, et avoir des céphalées violentes (maux de tête).
Cette intervention pouvant avoir des conséquences graves et revêtant un caractère urgent, nous décidons de partir. Nous étions 4 (3 équipiers et 1 ambulancier). À peine arrivés sur les lieux, nous sonnons à la porte. C’est le mari qui vient nous ouvrir.
On explique que sa femme nous a appelés pour que nous venions la secourir suite à une chute violente qui s’est déroulée à son domicile. Le mari nous dit qu’il n’est pas au courant et que sa femme n’est pas là. Il avait un regard noir.
Comme ce n’est pas lui qui nous a appelés, je comprends vite que quelque chose se trame. J’appelle le médecin régulateur du SAMU et lui explique la situation, et mon intuition, et lui demande si je peux appeler la police.
Il contacte la police qui arrive sur les lieux environ 10 minutes plus tard. L’équipe de policiers nous aide à pénétrer dans le domicile du couple.
C’est à ce moment que nous découvrons une femme tuméfiée par les coups (marques sur le visage plus ou moins récentes, plaie ouverte à l’arrière du crâne, hématomes au niveau des côtes...). Elle était recroquevillée sur son lit, presque nue.
Je m’approche d’elle, en essayant de la rassurer. Elle avait des yeux apeurés, et semblait en état de choc. Nous faisons comme si de rien n’était, nous prenons les constantes, et après bilan transmis au médecin, nous la transportons à l’hôpital.
La police ayant constaté l’état de la victime, s’en réfère à ses supérieurs hiérarchiques et embarquent le mari au commissariat.
Cette intervention restera parmi les plus psychologiquement difficiles à encaisser. Cette femme a eu de la chance que nous ne partions pas sans essayer de forcer l’entrée. »
Ce thread rappelle la réalité silencieuse des violences conjugales.
La période de confinement n’a en rien arrangé une situation déjà terrible : parmi les milliers de cas de violences en France, ce sont 58 cas de féminicides répertoriés depuis le 1er Janvier.
Nous tenions conclure en rappelant l’existence de codes pour dénoncer ces violences et appeler à l’aide : demander un « masque 19 » en pharmacie, à un médecin ou au téléphone, dessiner un point noir sur sa main... Ils sont multiples.
Mais surtout, n’oubliez pas :
Femmes victimes de violences, vous n’êtes pas seules.

Merci d’avoir lu ce thread jusqu’au bout.
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