THREAD : POURQUOI DISTINGUE-T-ON RACISME ET ANTISÉMITISME ?
c’est parti

Souvent, que ce soit dans les discours officiels ou le langage commun, la différence entre racisme et antisémitisme est marquée. pourquoi ?
tout d’abord, le fait qu’il s’inscrive
dans la longue durée est l’une de ses particularités.

en effet l’antisémitisme relève d’une haine ancestrale dont es premières traces apparaissent dans l’Antiquité (en Égypte, puis sous la Rome impériale), avant que le judaïsme n’entre dans une relation conflictuelle avec les autres monothéismes, le christianisme, puis l’islam.

Ensuite, le christianisme, qui s’est séparé du judaïsme au cours du 1er siècle a enseigné pendant des siècles le mépris du peuple juif. Cette hostilité, véhiculée par l’antijudaïsme dans les églises, le catéchisme, la culture et l’art religieux, constitue un ressort puissant

car elle a été localisée au cœur de la foi, des pratiques et des croyances de la société chrétienne.

deuxièmement, cette haine fut d’abord religieuse. Renouvelée à l’époque contemporaine par la protestation contre la sécularisation, l’anticapitalisme et surtout la montée du nationalisme elle a contribué au développement d’une vision de l’humanité divisée en « races ».

Alimentés par des siècles de méfiance et d’animosité, ponctués de violences symboliques et meurtrières, les préjugés antijuifs de la fin du 19e siècle entraînent une perception du juif comme une « menace pour la société ».

la réaction antijuive s’est manifestée dans tous les endroits où les juifs se sont établis, traduite par des mesures d’exclusion sociale, de distinction physique (telles que le port de la rouelle en 1215), des pogroms, interdiction d’exercer certains métiers etc

Par ailleurs, la figure de l’usurier juif au Moyen-Age a nourri des fantasmes autour de leur moralité, de leur richesse et de leur influence.

3emement, l’une des particularités de l’antisémitisme est précisément la vigueur des fantasmes, déconnectés des réalités, situant les Juifs comme des êtres malfaisants: ils se voient accusés de haïr les non-Juifs, de pratiquer des crimes rituels, de se livrer à des complots etc

de +, ces représentations ont traversé les époques et se sont diffusées à grd échelle en se réactualisant, comme, Les Protocoles des Sages de Sion qui continue à être publié jusqu’à ajd. jamais justifiées par des éléments somatiques ou culturels, mais des visions délirantes

mais aussi irrationnelles : peuple déicide, obsessions complotistes... Elles ont été à la source d’une production littéraire diverse et d’un génocide provoquant la mort, administrée de façon industrielle, de près de 6 millions d’individus dont 1,5 million d’enfants. (LA SHOAH)

par ailleurs, l’irrationalité se loge dans des accusations contradictoires : les Juifs incarnent tout à la fois le capitalisme et la puissance financière d’un côté, la révolution sociale et l’anticapitalisme de l’autre ; ils sont à la fois le conservatisme et la modernité,

Toutes ces représentations contraires ne trouvent leur unité que dans l’idée d’un complot des Juifs pour s’assurer la domination universelle, portées avec tant de virulence, nourries par persécutions et pogroms tout au long de l’histoire jusqu’à permettre aux nazis d’envisager -

- l’élimination complète de la « race juive » et même à haïr les Juifs au-delà de leur mort (le négationnisme).

Enfin,la naissance de l’État d’Israël (1948) et du conflit israélo-palestinien ouvrent un champ conflictuel qui offre au mythe antisémite une possibilité de rebond.

Pour ses adversaires, le Juif est considéré comme un ennemi intérieur parce qu’il ne fait pas partie d’une « minorité visible », en dépit des caricatures traditionnelles qui lui sont attachées, il fait l’objet de traques destinées à établir sa présence dans les sphères influentes

Pour conclure, marquer une différence entre les 2 termes ne signifient en aucun cas que l’un est plus important que l’autre, qu’une hiérarchie existe. Seulement, sa singularité réside ds le fantasme, présent depuis le 19e siècle, d’une puissance aspirant à la domination mondiale