Thread médecine légale :

Il se pourrait que je démotive les jeunes à faire médecine légale ( @seems_legist 🧐) je vais donc essayer de proposer un #thread objectif pour nos amis D4 qui hésiteraient avec cette spécialité.

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Un peu de contexte déjà.

En des temps immémoriaux, la médecine légale était un DESC (🙏 rip pititanj), autrement dit une "surspécialisation" : après avoir passé votre DES (MG, pédiatrie, PSYCHIATRIE, santé pub, anapath...) vous vous spécialisiez en médecine légale.
Ce qui avait pour avantage majeur d'avoir des médecins aux profils très variés : protection de l'enfance, prise en charge des auteurs de violences, macroscopie en autopsie, bref quand on a une question il est aisé d'avoir une réponse de spécialiste adaptée à la médecine légale.
A ce jour, le DESC a été remplacé par un DES dont la maquette est la suivante :

6 stages de ML
2 stages libres
Les 2 stages libres comportent selon les villes un stage plus ou moins contraint, souvent aux urgences. L'idée étant de faire du somatique afin d'avoir quelques connaissances lorsque l'on parlera d'expertises (j'y viens).
Les 6 stages de ML, et cela dépend des villes, se font sur un ou plusieurs centres (souvent 2 avec une périph). Ce qui veut dire que vous passerez globalement 3 ou 4 semestres dans le même service. Cela pose la question à la fois de la formation et de l'ambiance...
...qui si elle est délétère le sera pour 3 ou 4 semestres !

A l'inverse cela peut être un bonheur d'être dans un super service pendant 3 ou 4 semestres. Je reste partagé car je pense que voir différents modes d'exercice est important.
Voilà pour la maquette. Pourquoi elle est devenue un DES reste pour moi un mystère, en partie par volonté d'être une discipline universitaire à part entière j'imagine.
Quant à l'activité de médecine légale : très variée ! On pense d'abord aux autopsies mais c'est loin d'être l'activité principale du légiste : victimo, compatibilités de garde à vue, expertises, levées de corps...
Médecine pénitentiaire également, bien qu'avec la réforme puisqu'on n'est plus cliniciens se pose la question de la possibilité d'exercer en prison, en CRA, en centre de rétention... Je n'ai pas la réponse.
Le problème du DES se pose donc : tu es légiste et tu retourneras légiste.

En effet, impossible de se dire : "je suis MG, j'aime la médecine légale, je vais essayer d'avoir un poste à moitié prison à moitié médecine légale" ou bien "je suis psy, j'ai une activité partagée"
La question qui revient le plus est celle de la formation : pour le moment les cours sont calqués sur les anciens DESC en région (par exemple dans le grand ouest il y a des rassemblements entre Nantes, Rennes, Angers, Tours, Poitiers, Amiens, Lille), pendant deux ans.
On y apprend de nombreuses choses sur la thanato, la procédure pénale, le droit, l'expertise, la victimo, l'éthique... C'est plutôt bien organisé.

Heureusement car il ne faut pas compter sur les cinq pauvres cours sur Sides...
Dans les autres possibilités de formation, certains DU existent, en anthropologie, ballistique, toxicologie, criminalistique... Il faut accepter de se déplacer parfois loin pour avoir le DU qu'on souhaite.

Quant aux masters 2, là où nombre de spécialités peuvent prendre une...
...année de césure et faire des remplas, c'est impossible en médecine légale.

Il faut soit accéder à la sacro-sainte année recherche (sur dossier), soit...se démerder.
Bref, la formation reste de qualité bien qu'on ne soit formé QU EN MEDECINE LEGALE et j'insiste sur ce point : dans 30 ans, plus de pédiatre légiste, plus de psychiatre légiste, que des légistes "de base" ce qui à mon sens est une perte incommensurable pour la ML.
Vient la question des postes, ensuite. Dire qu'il n'y a pas de poste serait mentir, il y en a, que ce soit en tant d'assistant ou même de PH.

Le soucis vient du fait qu'il faut être disposé à changer de ville/région ++++ pour l'assistanat puis éventuellement pour
un poste de PH. Difficile d'accepter ces contraintes si on a une vie de famille ou une vie établie dans une ville en particulier.
Du reste, il n'y a pas un poste pour chaque interne formé, et je reste persuadé que durant cette phase de transition (DES/DESC)
Le profil d'un étudiant avec un DESC est 100 fois plus intéressant que celui d'un DES.

L'alternative proposée est alors de faire de l'expertise, possiblement en libéral.

L'expertise, c'est quoi ?
Sans rentrer dans les détails, il s'agit de statuer sur des dommages corporels et aux éventuelles séquelles suite à des violences ou des accidents. On reçoit le patient avec son dossier à distance des faits, et on estime les préjudices : Cf https://www.village-justice.com/articles/expertise-medicale-clef-une-bonne,17875.html
Cette activité est d'une part assez éloignée de l'activité de médecine légale, d'autre part il n'est pas évident que s'installer en ville pour faire de l'expertise soit facile : certains TJ ont déjà des experts connus, ce mode d'exercice n'est pas encore à l'Ordre... @Autopsique
Bref, l'avenir est incertain. Que conclure ?

Si vous êtes passionnés, que vous êtes prêts à changer de ville pour accéder à un poste, je ne vois pas d'obstacle au choix de ce DES. C'est une superbe spécialité.

Sinon, faites psy. 😎

Je reste disposé à répondre aux questions !
@seems_legist me fait penser que j ai oublié de parler des FST : je connais peu d internes qui ont pu en faire, c est vraiment dépendant des villes et il faut s informer autant que faire se peut.
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