Je commence à parler. Après avoir alerté en sourdine, mais le plus souvent publiquement, depuis novembre 2015. Écrire publiquement est une démarche de libération, même si elle terrorise psychologiquement, quand on a été désignée comme folle hystérique alcoolique 1/n
pseudo-journaliste (carte de presse en 2002), etc., durant près de 5 ans, à la fois par des islamistes et par des "laïques". Sortir de ce silence dans lequel on s& #39;enferme pour des tas de raisons est libérateur. Et ça commence aujourd& #39;hui.
Peu m& #39;importe le jugement que l& #39;on portera sur moi dorénavant. J& #39;ai toujours fait de mon mieux eu égard à la déontologie de mon métier et au respect des humanités.
Mais quand mes enfants pleurent parce qu& #39;ils m& #39;ont googlisée, me disant "Mais maman, on te connaît et on te voit travailler depuis 20 ans" et que je suis dans l& #39;obligation de les rassurer, j& #39;ouvre enfin la bouche sans plus de précautions.
Alors : oui, j& #39;ai travaillé en tant que femme seule et mère sans pension alimentaire pour nourrir ma famille, pour les éditions Hachette (cellulite, dangers de l& #39;exposition au soleil, déco, etc.).
Alors oui, j& #39;ai appris le métier de journaliste sur le tas, étant fille d& #39;ouvrier dans la campagne profonde de France, étudiante salariée à temps plein pour réaliser mes rêves.
Et avec ce travail et ces engagements, et des luttes sociales relatives à des statuts journalistiques illégaux, j& #39;ai avancé, j& #39;ai obtenu ma carte de presse en 2002.
J& #39;ai travaillé en PQR, puis aussi en presse culturelle. Et puis, alertée à partir de 2004 par ce qu& #39;il se passait sur internet, j& #39;ai décidé de comprendre. J& #39;ai beaucoup, beaucoup lu, des historiens, surtout. Ce qui me changeait de la littérature et de la peinture et du cinéma.
J& #39;ai assisté, sur internet, à l& #39;éclosion d& #39;un antisémitisme violent, menaçant, de plus en plus décomplexé. Alors j& #39;ai écrit pour L& #39;Arche Magazine, ancienne version.
Puis j& #39;ai été confrontée à des islamistes sur internet. J& #39;ai envoyé des sujets à des journaux qui ne voulaient pas en entendre parler. C& #39;est là que Causeur est intervenu. À l& #39;époque, ce n& #39;était pas ce que c& #39;est devenu.
À l& #39;époque, c& #39;était un pureplayer pluraliste où je découvrais des auteurs inconnus. Je continuais d& #39;apprendre. L& #39;histoire aura peu duré. Nous n& #39;étions pas faits pour nous entendre, Causeur et moi. Ils m& #39;ont virée fin 2013. Un soulagement dans un malheur, car j& #39;étais tombée malade
Entretemps, toujours harassée par des islamistes sur internet, j& #39;avais commencé à m& #39;intéresser à leurs arguments. D& #39;où mon travail sur la notion d& #39;islamophobie extensive, publié à partir de 2014.
Seulement, le problème, c& #39;est que, après les attentats de janvier, mais surtout de novembre 2015, beaucoup ont commencé à me trouver "intéressante", que j& #39;appelle aujourd& #39;hui "néo" ou "pseudo"-laïques.
Leur intérêt n& #39;aura pas duré plus longtemps que l& #39;intérêt de Causeur pour moi, pour les mêmes raisons : je ne suis pas une idéologue, je n& #39;ai pas de plan de carrière politique, je veux juste travailler sur les sujets qui m& #39;intéressent, du mieux possible.
Mais ça ne leur a pas plus du tout. Je me souviens d& #39;avoir écrit à M. C. qu& #39;il était hors de question que je mente en accusant un musulman innocent, qu& #39;aucun combat ne valait que l& #39;on accuse des innocents.
Cela, et le fait de défendre aussi le patron du bar de Sevran après y être allé, m& #39;ont rendue diabolique, une "traîtresse" à une cause qui n& #39;a jamais été la mienne : fumisterie, mots valises, exploitation de l& #39;idéal républicain.
Être une femme, et qui plus est, de milieu ouvrier, et campagnard, c& #39;est la triple peine quand on est républicaine et laïque face à ces guignols usant de leur pouvoir pour te silencer.