#LIBAN - Que se passe-t-il dans les rues depuis la démission du gouvernement Diab ? Preuves contre le gouvernement qui s’alourdissent, inquiétudes des manifestants, attaques du parlement à #Beyrouth ... THREAD quotidien, 300 jours après le début de la révolution

Nous continuions de filmer notre série documentaire sur la Révolution avec Charbel, arrivés à notre 300ème jour de tournage. Je continue de mon côté cette série de Threads sur Twitter, d’abord pour vous informer des nouvelles révélations concernant l’enquête au port.

L’agence @Reuters a révélé que la Sécurité de l'Etat avait confirmé être au fait "des manquements sécuritaires" concernant le hangar 12 à l’origine des explosions du 4 août dernier. Mais ce n’est pas tout.

Le président et le premier ministre était au courant. Encore une fois, les révélations de Reuters via des documents officiels montrent qu’ils avait été avertis de la dangerosité des installations ET du risque d’explosion. Sur les réseaux sociaux, cette image circule en masse.

Une semaine après la catastrophe, les manifestants se sont donc réunis sur le port, avec un sentiment d’amertume. Devant les décombres, ils ont récité les noms des victimes, un par un. La foule a applaudi, puis à commencé une marche vers le parlement.

Pour l’anecdote factuelle, le nom de l’officier du Hezbollah mort sous les décombres n’a pas été cité par les manifestants. Le nom de la petite Alexandra, morte à 3 ans de ses blessures, a été applaudi. ( image et post de samedi dernier )

Arrivés aux alentours de la Place des Martyrs, presque naturellement, les manifestants ont jeté des pierres au dessus des barrières fermant l’entrée au Parlement. Les forces de sécurité intérieures ont immédiatement répliqué.

Un homme s’est dressé sur les barrières de sécurité et à brandit une potence sur laquelle était accrochée la photo de Michel Aoun. Il fait parti des prochains dans la listes des démissions souhaitées. Les manifestants ne se contentent absolument pas de la chute du gouvernement...

Comme me confit une manifestante «Nous nous souvenons de la chute du gouvernement Hariri en novembre. C’était une fausse victoire. Ils mettront comme ils l’ont déjà fait, de nouveaux pantins. On aura passé une étape supplémentaire quand le président ou le gouvernement tomberont»

De notre côté avec Charbel nous sommes équipés. Mais nous nous souvenons que trop bien que les scènes auxquelles nous assistons aujourd’hui ressemblent trait pour trait à celles du mois de janvier lors de la constitution du gouvernement Diab

«C’est un cercle qui se répète». Comme en janvier, tout le monde est dans la rue du parlement chaque soir, est réprimé avec violence, et n’a aucune influence sur la formation du nouveau gouvernement (Photos de janvier, pour vous montrer à quel point les scènes sont semblables)

Je sais que la mémoire n’est pas toujours une donnée fiable, mais je pense pouvoir dire que ces temps-ci la répression est montée d’un cran. Je n’avais jusqu’à présent jamais vu autant de blessés par balle, et la foule se disperse bien plus rapidement au son d’une détonation.

J’aimerai toutefois faire une petite digression sur l’armée, quitte à en parler plus longtemps dans un prochain Thread. Mais je veux préciser pour les regards extérieurs, que sa popularité oscille au grès des événements.

Les « Daraks » ( en bleu-gris ), les forces de sécurité intérieures, sont en général peu appréciés car ce sont les hommes de terrain de la répression. D’autant plus ces derniers temps où des photos d’eux restant à regarder les rues se nettoyer toute seules circulent

Pour les watans ( vert - kaki ), les soldats, c’est différent. Les gens savent que de sont des pauvres gens mal payés et vivant dans des conditions difficiles. Depuis le début de la révolution, on a vu des images de soldats pleurer quand ils devaient dégager les manifestants...

On a vu des manifestants leur donner à manger car ils n’avaient pas de déjeuner... leur réputation est souvent ambiguë. Pour vous illustrer ça : à gauche un soldat qui frappe une journaliste, a droite un soldat qui prend son neveu dans ses bras dans un rassemblement.

Vous comprenez ainsi pourquoi un jour les uns les haïssent, et les mêmes le lendemain les applaudissent. Des fois aussi pour les Daraks... Il faut en général se garder de traiter les sujets de manière binaire, celui de l’armée au Liban sans doute plus que les autres.

Pour finir, cette journée ne fut pas placée sous le signe du soulèvent, mais plutôt sous celui de la mémoire. La mémoire des 171 personnes décédées. Certains de mes amis gravement blessés commencent doucement à sortir dans les rues et à monter au monde leurs cicatrices

Avec Charbel nous préparons la suite des événements. Beaucoup de travail nous attend, d’autant plus que tous les dégâts autour de nous sont loin d’être réparés. À commencer par la voiture de Charbel qui va bien devoir finir quelque part...

A suivre pour la suite de ces infos