Essai de stratégie féministe : pour une praxis révolutionnaire.

Cet essai ne prétend pas établir une ligne claire et prescriptive quant aux nécessités stratégiques des luttes féministes.
Celles-ci émergent de la pratique militante et révolutionnaire et non des idées, puisque c’est la matérialité qui fonde les secondes, et non l’inverse. Il se propose simplement de prendre pour objet différentes pratiques déjà établies et d’esquisser des voies stratégico-tactiques
selon un modèle matérialiste dialectique. Différents axes révolutionnaires se profilent pour résoudre les contradictions du patriarcat et porter la lutte des classes de sexe.
Le lesbianisme politique appliqué dialectiquement aux masses ne se contente pas d’être du care individualiste et libéral, mais présente une réelle capacité émancipatrice. Il porte en lui une horizon stratégique et par son affirmation, tient un discours radical et révolutionnaire.
Il créé des sujets politiques politisés ─ au sens premier et participe du terme : les lesbiennes voient leur être être fait politique ─ et donc, de facto, des alliées de lutte, des camarades, des sœurs de lutte.
Il procède simultanément d’une protection des femmes par l’émancipation de la structure hétérosexuelle et de la production d’une classe qui se saisit comme telle, c’est à dire conscientisée. Pour extrapoler, de l’émergence potentielle d’une armée.
Il démystifie la fatalité de l’aliénation patriarcale du mariage hétérosexuel il prépare les grèves du travail reproductif permanentes. Il produit des espaces d’expérimentation politique et d’élaboration théorique et pratique (stratégique) nouvelles.
Il est, avec la transsexualisation, la destruction de la socialisation et de l’identité, un outil central de la lutte des classes de sexe en vue de leur abolition.
La grève générale féministe du travail reproductif susmentionnée, impliquant donc le refus du care et de l’échange sexuel avec les hommes, est un outil majeur pour la destruction progressive mais rapide de la socialisation genrée par la division du travail sexuel,
séparant pratiquement, et donc, a posteriori, conceptuellement, travail productif et reproductif.
La transsexualisation est une démystification du genre et de la division sexuelle du travail, une preuve empirique de leur séparation arbitraire et factice, une trahison de la classe masculine pour transitionner de classe de sexe, rejoindre la lutte du côté des dominées,
des exploitées, des opprimées. Elle agrandit nos rangs et créé, comme l’existence lesbienne, pendant le temps du changement de classe et/ou celui de l’affirmation matérielle de sa transitude, un sujet politique qui sera porté à lutter par son expérience matérielle
et son existence placée dans le même temps comme une question politique et une infériorité pratique.
La destruction de la socialisation par la transformation des répartitions de capitaux, de matérialités et de travail ─ et l’appropriation d’une classe par l’autre qui s’opère de la sorte ─ traduit les structures sociales par des habitus genrés différenciés qui, dialectiquement,
produisent à leur tour une influence, « praxis », sur les conditions matérielles et leur répartition sexuée.
La destruction de l’identité survient dans la dialectique historico-matérielle après que les socialisations et matérialités soient suffisamment effacées par des conditions matérielles résistantes et transfuges
(tant dans le sens wittigien du terme que dans celui, delphyniste, développé par Clochec) pour qu’elles rendent l’identité identitaire, soutenant et soutenue par l’idéologie libérale dominante, suffisamment insignifiante pour qu’elle s’écroule et révèle son absurdité.
L’existence résistante qui se saisit d’elle-même et, faite politique, se politise, influe dialectiquement la socialisation comme l’identité et les structures patriarcales : prenons l’exemple des collages féministes, devenus omniprésents et inévitables :
ils forcent à une modification des rapports sociaux de genre ─ et notamment d’appropriation, donc d’exploitation ─ par la réappropriation de l’espace publique et l’expression d’un contre-pouvoir questionnant les structures en place.
La lutte des classes de sexe par l’émergence d’un conflit déclaré inévitablement violent doit être pensée et préparée (par la fédération de mouvements de masse féministes, les mouvements sociaux, la constitution de milices, peut-être armées, par des femmes, pour les femmes,
et plus généralement par l’auto-organisation, l’autogestion et le développement d’institutions/d’organisations non-étatiques communautaires). Elle ne peut pas se mener uniquement selon l’axe du genre, ou plutôt, l’axe du genre est indissociable de celui de la classe
(au sens marxiste orthodoxe du terme) ─ autrement dit la lutte contre le capitalisme ─ et de celui de la race, puisqu’il est contenu par eux autant qu’il les contient, matériellement et structurellement.
Elle peut même entraîner des bouleversements dans notre conception des autres espèces, voire de l’espèce en tant que concept. C’est en effet la nécessité de reproduction de la force de travail qui fonde le travail reproductif.
La destruction du capitalisme (donc du salariat) entraînera un chamboulement dans la division technique du travail, donc dans sa division sexuelle. Le travail reproductif salarié étant effectué en grande partie par des femmes racisées, la lutte de toutes les femmes doit se faire
en convergence avec leurs luttes propres et pour leurs intérêts. Les rapports d’appropriation qui fondent et entretiennent les rapports d’exploitation dans les rapports sociaux de sexe et de race doivent être bousculés par la modification des matérialités et des institutions.
La police et la justice, protectrices des ordres bourgeois, masculins et blancs, doivent être affrontées et combattues ensemble, puis renversées, par des mouvements sociaux de masse convergents qui produiront, par le démantèlement de ces deux institutions,
l’abolition d’une troisième : la prison. La lesbianisation détruisant la famille et le mariage, restent l’État, l’armée, le marché et la religion (en tant qu’organisation instituée). Ils doivent être déstabilisés par les crises des systèmes sur lesquels ils s’appuient,
émergeant des contradictions accumulées, et le démantèlement des institutions tierces auxquelles ils sont associés. Leur abolition nécessite un combat actif contre eux.
La reproduction des corps consommés dans les rapports sociaux d’espèce, puisque reposant sur le sexage binaire, changera une fois celui-ci rendu caduc par la destruction du sexe. Les rapports de reproduction humain·es/animaux
(en réalité animalisé·es, l’animalité n’étant pas une notion anhistorique, comme le montrent Derrida, Rouget et Playoust-Braure) en seront donc inévitablement transformés. Par ailleurs, l’abolition du capitalisme, du salariat, voire du travail,
entraîneront l’abolition de l’élevage industriel et empêcheront la synchronisation des chaleurs des femelles, rendant l’exploitation spéciste beaucoup plus rare. Pour être abolie, elle devra cependant, à un moment ou à un autre, être combattue directement et en tant que telle
─ et aussi pour la conservation de conditions matérielles terrestres correctes, c’est à dire la préservation de l’écosystème et la production puis la répartition des ressources pour toutes et tous.
Avec l’abolition des États, de l’impérialisme et du capitalisme, les nations et les frontières seront progressivement portées à disparaître, pour une internationale véritable et anarchique.
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